Salon de l'agriculture : bousculades, huées, échange d'insultes... Quand les visites politiques ne se passent pas comme prévu

Emmanuel Macron est arrivé au Parc des expositions de Paris sous les sifflets et dans un climat très tendu samedi, nécessitant l'intervention de CRS. Une situation exceptionnelle, même si les politiques y sont régulièrement chahutés.
Article rédigé par Valentine Joubin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Nicolas Sarkozy au Salon de l'agriculture, Porte de Versailles à Paris, le 23 mars 2008. (ERIC FEFERBERG / AFP)

Des CRS casqués dans les allées du Salon de l'agriculture. C'est une scène rare qui s'est déroulée samedi 24 février au Palais des expositions de la Porte de Versailles à Paris. Les forces de l'ordre sont intervenues pour déloger des dizaines de manifestants qui avaient forcé l'entrée du pavillon central en criant "Macron démission". L'ouverture de cette 60e édition et l'arrivée d'Emmanuel Macron ont été retardées.

Cette matinée mouvementée illustre le climat de vive tension entre l'exécutif et les agriculteurs, qui manifestent depuis plusieurs semaines pour une meilleure rémunération. Même s'ils ne sont pas toujours aussi spectaculaires, les heurts et incidents ne sont pas inhabituels au Salon de l'agriculture. 

2016 : Emmanuel Macron et le jet d'œuf

Le 1er mars 2016, Emmanuel Macron, alors candidat d'En marche ! à la présidentielle, se promène dans les allées du Salon de l'agriculture. Approchant d'un stand d'ovins, l'ancien ministre de l'Economie de François Hollande reçoit un jet d'œuf au visage. La vidéo circule largement sur les réseaux sociaux. "Cela fait partie du folklore", minimise Emmanuel Macron en s'adressant à la presse qui l'attendait à l'écart et évoque même un "accueil chaleureux reçu par ailleurs".

2008 : Le "Casse-toi, alors, pauvre con!" de Nicolas Sarkozy

Le 24 février 2008, Nicolas Sarkozy visite pour la première fois le Salon de l'agriculture en tant que président. Alors qu'il s'adonne à un bain de foule, multipliant les accolades, un visiteur refuse de lui serrer la main. "Ah non, touche-moi pas", lance l'homme. Le président lui répond : "Casse-toi, alors !" "Tu me salis", poursuit son interlocuteur. "Casse-toi alors, casse-toi alors pauvre con, va", lâche Nicolas Sarkozy. La réplique du chef de l'Etat devient virale et fait l'objet de nombreux commentaires, y compris à l'étranger. La phrase sera aussi régulièrement détournée lors de manifestations.

2016 : François Hollande insulté

L'expérience vécue par Emmanuel Macron samedi 24 février n'est pas sans rappeler celle vécue par son prédécesseur François Hollande en 2016. Le monde agricole traverse alors, comme aujourd'hui, une crise économique et sociale profonde. "Fossoyeur ! ""Pourri ! ""Bon à rien !" : le président est accueilli avec des insultes, huées et appels à sa démission. Le chef de l'Etat passera tout de même cinq heures sur place.

Après son départ, la situation dégénère. Des manifestants démontent et endommagent le stand du ministère de l'Agriculture avant d'être évacués de force. Lors de l'intervention des CRS, certains sont blessés, l'un a le nez en sang.

1983 : Pierre Mauroy hué, Chirac adulé

"Au salon de l'agriculture, Monsieur Pierre Mauroy a passé des moments fort désagréables. Le Premier ministre a même dû écourter sa visite", explique le présentateur d'un journal de France 3, le 8 mars 1983. Plusieurs centaines d'agriculteurs adressent des sifflets au chef du gouvernement socialiste. La foule scande des "Mauroy démission" et des "Chirac, Chirac". Jacques Chirac, maire réélu de Paris, n'est pas encore président mais il est déjà très populaire dans les allées de la première ferme de France.

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