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Dans la peau de l'info. Ce que vous ne savez peut-être pas de la dissuasion nucléaire

Tous les matins, Marie Dupin se glisse dans la peau d'une personnalité, d'un événement, d'un lieu au cœur de l'actualité.

Article rédigé par Marie Dupin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Missiles de guerre. (ANTON PETRUS / MOMENT RF)

L’équilibre de la terreur, basé sur une théorie stratégique : un agresseur, quel qu’il soit, ne peut porter le premier coup, même dévastateur, sans être sûr d’en recevoir aussitôt un plus dévastateur encore. Mon objectif n’est pas de gagner la guerre mais de la prévenir en la privant de toute rationalité. Personne ne pourrait la gagner. C'est une folie logique mais qui n’a rien de scientifique. Pour être scientifique, une théorie doit avoir été testée et corroborée à plusieurs reprises... et vous admettrez qu’il sera difficile de revivre les soixante-dix dernières années.

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C'est un fait, mis en avant par mes partisans : depuis mon "invention", il n’y a pas eu de conflits directs entre grandes puissances. Pour autant, je n’ai pas réussi à les empêcher de s’affronter indirectement via leurs alliés interposés : guerre de Corée, guerre du Vietnam et, désormais, guerre en Ukraine et les menaces du président russe d’avoir recours à tous les moyens à sa disposition.

Éviter un point de non-retour

Au niveau international, ma règle est claire : un État qui n’a pas la bombe atomique ne peut être attaqué avec une telle bombe. Sachant que seulement neuf pays possèdent des armes atomiques, détenues à 90% par les États-Unis et la Russie. Mais chaque pays a sa propre doctrine. La France, par exemple, seule puissance nucléaire en Europe, ne devrait se servir de la bombe que pour protéger les "intérêts vitaux du pays", dans des "circonstances extrêmes de légitime défense". Quant à la doctrine russe, elle prévoit le recours à la bombe A uniquement si le pays est "attaqué", mettant en danger son existence. Une notion de "mise en danger" aussi large que floue, laissée à la libre interprétation de Vladimir Poutine. Le président russe a à sa disposition deux types d’armes nucléaires : des armes stratégiques et tactiques.

En d'autres termes, la statégie, la dissuasion, c'est moi. Les armes nucléaires, dites tactiques, ne sont pas destinées à prévenir la guerre mais à gagner des batailles. Elles ne sont que "de faible puissance", quelques kilotonnes... Si elles étaient utilisées, elles ne signeraient pas la fin de l'humanité mais constitueraient un point de non-retour. Une ligne rouge jamais franchie depuis Hiroshima et Nagasaki et qui, selon tous les experts, n’a jamais été aussi proche l’être depuis 1962 et la crise des missiles de Cuba. Au point que le président américain parle cette semaine de risque "d’apocalypse".

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