États-Unis : une proposition de loi sur l'accessibilité des avions aux personnes handicapées met d’accord Républicains et Démocrates
Aux États-Unis, le Congrès envisage de sévir contre les compagnies aériennes, accusées de ne pas en faire assez pour assister leurs clients en général, et les passagers handicapés en particulier. Une loi, le Mobile Act, est en discussion à la Chambre des représentants et au Sénat, alors que les fauteuils roulants ne sortent pas toujours indemnes des vols.
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En 2022, aux États-Unis, les autorités ont calculé que 11 389 fauteuils roulants ont été soit perdus, soit endommagés, soit volés, soit livrés avec du retard. C’est le plus haut total depuis 2018 et le début de la prise en compte de ces données. En moyenne, plus d’un passager sur 100 a un problème. Spirit et Jetblue, deux compagnies low-costs, ont les plus mauvais chiffres dans ce domaine ; plus de 5 % d’incidents. Le mois dernier, par exemple, Colleen Flanagan, une habitante handicapée de Boston, qui se rendait à Washington sur un vol JetBlue pour discuter avec des élus justement, est restée coincée plusieurs heures à l’aéroport parce que la manette de son fauteuil électrique était cassée. Impossible de bouger. Elle a dû attendre trois heures, en larmes, qu’un fauteuil de prêt arrive d’une autre ville. La compagnie "a volé mon indépendance", a-t-elle expliqué à la presse locale.
Que propose le projet de loi ?
De la transparence, déjà. Les compagnies devront mentionner clairement les dimensions de l’avion pour que les passagers, dont les fauteuils sont souvent faits sur mesure, donc sans taille standard, puissent se faire une idée de l’appareil dans lequel ils embarquent. Il faudra aussi qu’ils puissent consulter les incidents recensés par chaque compagnie ainsi que leur gravité pour les aider à choisir au moment d’acheter leur billet. Autre point du texte de loi, mener une étude sur la faisabilité et le coût des modifications des avions pour qu’un passager puisse embarquer dans l’avion directement sur son fauteuil, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Il doit être porté jusqu’à son siège dans l’avion, au risque de tomber ou se blesser, sans parler de l’inconfort.
Après tout, les bus, les trains disposent parfois de rampes et de sièges rabattables pour faire de la place à un fauteuil. Ces aménagements coûteraient sans doute cher, mais on fait remarquer au Congrès, qu’avec le vieillissement de la population, de plus en plus de personnes en auront besoin. Et un rapport gouvernemental de 2021 suggère que retirer deux rangées de sièges dans un avion garantirait l’espace nécessaire à un fauteuil.
Le texte fait l'unanimité à Washington
Notons que c’est une proposition de loi qui met d’accord Républicains et Démocrates, ce qui n’arrive pas si souvent à Washington de nos jours. Et l’organisation qui représente les compagnies aériennes se dit elle aussi favorable au texte. Le texte est notamment porté par la sénatrice démocrate de l’Illinois Tammy Duckworth, qui se déplace en fauteuil roulant. C’est une ancienne militaire, fille de militaire, gravement blessée sur le front quand l’hélicoptère qu’elle pilotait a été abattu en Irak, en 2004. L’accident lui a coûté ses deux jambes.
Son histoire personnelle et son sacrifice lui valent le respect à Washington. "En tant que passagère dont le fauteuil est régulièrement endommagé, je comprends parfaitement à quel point il est frustrant que nos compagnies aériennes ne parviennent pas à s’assurer que chaque passager avec un handicap soit traité avec dignité et respect, explique-t-elle dans un communiqué. Il est temps que nous rendions le transport aérien plus simple et accessible pour des millions d’Américains".
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