Corée du Sud : Samsung impose à ses cadres de passer en mode "crise" en venant travailler six jours par semaine

Malgré le succès de ses smartphones, l'ensemble des activités du groupe Samsung montre des résultats en baisse. Pour motiver les équipes, en Corée du Sud, la solution ne passe pas par des séminaires de team building à la campagne, mais plutôt par un contexte de crise au bureau.
Article rédigé par Yann Rousseau
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Bâtiment Seocho de l'entreprise Samsung à Séoul, le 5 avril 2024. (JUNG YEON-JE / AFP)

Le géant Samsung vient ainsi de décider, mi-avril, de faire venir travailler ses cadres le samedi ou le dimanche, en plus de leur semaine habituelle de cinq jours. Et normalement, ils ne seront pas rémunérés pour ces heures supplémentaires. Samsung réinvente tout simplement la semaine de six jours.

Samsung est le plus grand conglomérat de Corée du Sud. Sur place, on appelle ces entreprises géantes des "chaebols". Le groupe est connu pour sa filiale la plus prestigieuse, Samsung Electronics, qui est le plus grand producteur de smartphones du monde, au coude à coude avec Apple. Samsung Electronics fait aussi de l’électroménager, des écrans plats ou toutes les puces mémoires que l’on utilise dans notre électronique à la maison.

Instaurer un sentiment de crise face aux résultats insatisfaisants

Mais le conglomérat Samsung ce sont aussi des filiales spécialisées dans la construction, dans les batteries de voitures électriques et même dans la pharmacie. Et donc, la direction du conglomérat estime que la santé économique de cet ensemble d’activités n’est pas satisfaisante. Il est temps de se ressaisir, d’instaurer un sentiment de crise, et cela passe par des sacrifices des managers. Ils doivent venir maintenant travailler en réunion le samedi ou le dimanche, cela dépendra des équipes, pour réfléchir à leurs stratégies de ces derniers mois et à d’éventuelles améliorations.

Les cadres doivent accepter de sacrifier leurs week-ends, ils n’ont pas trop le choix. En Corée du Sud, comme au Japon, le rapport au travail est très différent de celui que l’on connaît en France ou en Europe. Ici, l’entreprise est vraiment au cœur de votre vie. Et ces cadres chez Samsung vont obéir, sans rechigner. Ils sont, pour la plupart, sur des contrats de court terme renouvelables avec des très bons salaires. Et ils ne voudraient pas risquer de perdre cette place en or, pour laquelle ils se sont préparés depuis l’école primaire ou le collège. Pour intégrer un groupe comme Samsung, il faut être le meilleur à l’école, enchaîner les cours privés et réussir le concours dans l’une des trois prestigieuses universités du pays.

Des cadres considérés comme des "employeurs"

Par ailleurs, ces cadres sont considérés, dans le droit du travail, comme des employeurs et pas comme des employés. Et donc, ils ne sont pas payés plus quand ils travaillent plus. La semaine de six jours ne va donc pas coûter grand-chose à l’entreprise.

Samsung étant une référence dans l’économie sud-coréenne, d’autres groupes vont donc probablement suivre cet exemple et réintroduire cette semaine de six jours. Cela a déjà commencé dans le deuxième grand "chaebol", le deuxième conglomérat du pays qui s’appelle SK. La direction de SK vient de décider que les directeurs de toutes ses filiales allaient devoir venir au moins un samedi sur deux en réunion, au siège, pour faire le point sur la situation du groupe avec le grand patron.

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