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Japon : les chauffeurs de taxis pourront bientôt travailler jusqu'à 80 ans dans les régions reculées

Un Japonais sur dix a plus de 80 ans et dans les zones reculées du pays, le manque de transports devient un véritable enjeu face au vieillissement fulgurant de la population. Le gouvernement va autoriser les conducteurs de taxi de travailler jusqu'à 80 ans pour permettre les déplacements des habitants.
Article rédigé par Yann Rousseau
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
La plupart des populations très âgées vivent dans des zones rurales, où les services publics ferment les uns après les autres. (JC MILHET / HANS LUCAS / HANS LUCAS VIA AFP)

Au Japon, le gouvernement s'apprête à modifier la loi qui encadre les sociétés de taxis. À partir du mois d'octobre, le pays va autoriser les conducteurs à travailler jusqu'à 80 ans. Ils espèrent ainsi  pousser certains taxis à continuer d'offrir leurs services dans les zones les plus reculées, où il n'y a plus de jeunes, plus de travailleurs et plus beaucoup de services de transports en commun.

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Le Japon est obligé de recourir à des mesures de plus en plus extrêmes pour faire face au vieillissement fulgurant de sa population. Les autorités ont diffusé de nouvelles statistiques sur la pyramide des âges du pays. Désormais, plus de 10 % de la population a plus de 80 ans. Ça fait tout de même près de 13 millions de personnes qui ont plus de 80 ans, dont une grande partie est très âgée : le Japon recense actuellement 92 000 centenaires.

Des régions désertées par les jeunes et les service publics

Elles vivent dans des zones rurales, où les services publics ferment les uns après les autres. Le problème est le même que dans tous les pays développés, mais c'est particulièrement grave au Japon. Au moment où la population vieillit en masse, il n'y a plus de jeunes pour remplacer ces millions d'actifs qui sont partis en retraite. Le pays ne fait plus assez de bébés et chaque année, le Japon perd plus de 800 000 habitants. Ainsi, dans les petites villes et villages, loin des mégapoles, il n'y a plus personne pour s'occuper du courrier, pour gérer une maison de retraite ou alors pour assurer un service de bus pour la population.

Le gouvernement a pensé que des sociétés privées de taxis compenser ce service de transport défaillant. Il compte assouplir les réglementations pour que les taxis puissent travailler plus librement et plus tard. Ces nouvelles règles concerneront les zones où il y a moins de 300 000 habitants et ne s'appliqueront pas encore aux grandes villes du pays.

Une retraite faible et une culture du travail

Dans ces régions plus paisibles, le gouvernement va abaisser le nombre de voitures minimum pour pouvoir se présenter officiellement comme société de taxis. Jusqu'ici, il fallait au moins cinq voitures. Maintenant, avec seulement trois véhicules, toutes les autorisations seront données et le gouvernement va donc laisser la société employer des conducteurs jusqu'à l'âge de 80 ans. Avant de pouvoir conduire, ils devront subir un petit test psychotechnique pour vérifier qu'ils sont en mesure de prendre en charge des passagers et de travailler en toute sécurité.

Le changement de réglementation va s'appliquer à partir du mois d'octobre. Au Japon, de plus en plus de gens travaillent jusqu'à un âge très avancé. Les retraites sont très faibles et beaucoup de gens ont besoin de travailler pour continuer à vivre décemment. Par ailleurs, la culture et le rapport au travail sont très différents de ce qu'on connaît en Occident ou en France. Les personnes âgées disent souvent qu'elles veulent se sentir utiles pour la société. Les dernières statistiques du gouvernement montrent qu'un tiers des Japonais âgés entre 70 et 74 ans a encore une activité professionnelle.

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