Corée du Sud : qu'est-ce que le "Suneung", cet examen national pendant lequel le pays se met à l'arrêt le temps des épreuves

En Corée du Sud, des élèves viennent de porter plainte contre le ministère de l’Éducation. Ils estiment que les autorités les ont pénalisés lors du grand examen appelé "Suneung", qui détermine leur entrée à l’université, voire toute leur vie.
Article rédigé par Yann Rousseau
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3 min
Les familles passent traditionnellement la journée à prier le jour des épreuves de leurs enfants. (ANTHONY WALLACE / AFP)

Des étudiants coréens ont porté plainte mardi 19 décembre, en expliquant que les surveillants leur ont arraché leur copie 90 secondes avant la fin officielle d'une épreuve, le jour de l'examen clôturant leur scolarité, le 16 novembre dernier.

Ça paraît peu, ça paraît anecdotique, mais c’est un drame national. En Corée du Sud, on ne plaisante pas avec cet examen appelé le "Suneung". C’est beaucoup plus que notre baccalauréat. Le nombre de points obtenus à ces épreuves détermine le rang de l’université qu'il est possible d'intégrer. Et conséquemment, l’entreprise dans laquelle l'élève va ensuite pouvoir faire carrière. Les géants comme Samsung, Hyundai ou LG recrutent traditionnellement les meilleurs des trois meilleures universités du pays.

Un examen préparé depuis l'enfance

Ainsi, les enfants et les familles se préparent des années à l’avance pour le "Suneung". Tout le monde, dans le pays, prend des cours de soutien, qui coûtent très cher, pour les cinq épreuves qui sont concentrées sur une seule journée de la mi-novembre. Ce sont des épreuves de coréen, d'anglais, de sciences et d'une autre langue étrangère.

Le jour J, le stress est à son maximum. Tout le pays s’arrête pour que les enfants puissent réfléchir sur leur copie dans les meilleures conditions. Les vols d’avions sont retardés, les entreprises modifient leurs horaires pour qu’il n’y ait pas d'embouteillages ou de cohue dans le métro. Les chantiers bruyants près des centres d’examen sont suspendus. L’idée est que chaque enfant du pays ait les mêmes conditions parfaites pour travailler. Parallèlement, les parents passent traditionnellement la journée à prier au temple bouddhiste.

Surveiller les épreuves, une tâche sensible

Mais cette année, des élèves se sont sentis floués. Un groupe de 39 élèves, dans un centre d’examen de Séoul, assure que son épreuve a été gâchée car la sonnerie marquant la fin de la première épreuve du matin a sonné avec 90 secondes d’avance. Ils disent qu’ils n’ont pas pu peaufiner leur copie à cause de cette minute et demi perdue et que ce stress a pesé sur leur motivation pendant les autres épreuves de la journée. Ils étaient "démobilisés".

Ils ont donc pris un avocat et ont porté plainte mardi 19 décembre contre le gouvernement. Ils réclament 20 millions de wons chacun, c’est-à-dire 14 000 euros. C’est le montant, disent-ils, que va leur coûter une année de redoublement pour repasser le "Suneung" dans des conditions optimales.

Antécédents juridiques

Ils ont une chance de gagner leur procès, car des élèves avaient déjà porté plainte en 2021 pour un problème similaire. Cette fois-là, on leur avait pris leur copie deux minutes trop tôt. Et un tribunal de Séoul leur a accordé 5 000 euros chacun de dommages et intérêt.

Une affaire semblable avait eu lieu en Chine en 2012, dans le Hunan. Là, un fonctionnaire avait sonné la fin du grand examen d’entrée à l’université cinq minutes trop tôt. Cela avait provoqué un scandale dans les familles. Le fonctionnaire avait été arrêté pour négligence et avait écopé d’un an de prison avec sursis.

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