Ukraine, retraites, partage des richesses, Mélenchon, Quatennens... Ce qu'il faut retenir de l'interview de Manuel Bompard

Manuel Bompard, coordinateur de La France insoumise et député des Bouches-du-Rhône, était l'invité du "8h30 franceinfo", jeudi 26 janvier 2023. Il répondait aux questions de Marc Fauvelle et Salhia Brakhlia.

Livraison de chars Leclerc par la France à l’Ukraine : "Pas sans un débat à l'Assemblée"

Si la France devait livrer des chars Leclerc à l'Ukraine, "on ne peut pas le faire sans un débat à l'Assemblée nationale", a estimé Manuel Bompard alors que l'Allemagne et les États-Unis ont annoncé la livraison de chars lourds à Kiev. La France, de son côté, semble hésiter : "C'est une montée en puissance du niveau d'armement qu'on fournirait aux Ukrainiens, qui nécessite a minima un débat démocratique", a-t-il affirmé. Livrer davantage d’armes à l'Ukraine fait craindre une escalade militaire : "Est-ce que la Russie, puissance militaire et puissance nucléaire, est capable d'accepter une défaite militaire ? Je n'en suis pas certain", a-t-il mis en garde. Selon lui, "les deux conditions pour la paix, c'est le maintien, la garantie ou le retour à l'intégrité territoriale ukrainienne" et "des conditions collectives de la sécurité pour chacun".

Mobilisation sur les retraites : "Il faut étendre le conflit"

"Pour gagner, il faut étendre le conflit. Ça veut dire être plus nombreux encore dans la rue mardi", a déclaré Manuel Bompard alors qu'une nouvelle journée de mobilisation est prévue le 31 janvier contre le projet de réforme des retraites du gouvernement. "C'est une réforme qui va impacter tout le monde, mais qui va impacter encore davantage les femmes que les hommes", a-t-il dénoncé.

Débat sur les retraites : "On va déposer autant d'amendements que nécessaire"

Alors que le débat parlementaire approche, Manuel Bompard critique la "méthode" qu'utilise le gouvernement qui est, selon lui, "un détournement de la Constitution et une volonté de nous empêcher d'en débattre". L'exécutif utilise l'article 47,1 pour faire adopter la réforme des retraites dans le cadre du projet de loi de finances de la Sécurité sociale rectificative (PLFSSR). Au-delà de 50 jours de débat à l'Assemblée nationale, si les députés ne sont pas arrivés à un vote, le gouvernement peut légiférer par ordonnances. Par ailleurs, La France insoumise a déposé une motion de rejet préalable. Si elle était adoptée, cette motion entraînerait la fin immédiate de l'examen du texte. 

Le Rassemblement national s'est dit prêt à la voter. "C'est son choix. Je ne tiens pas le doigt des députés du Rassemblement national quand ils vont prendre leur décision. Quand on utilise un moyen qui s'appelle une motion de rejet, on s'adresse à l'ensemble des députés, quels qu'ils soient, et on essaie d'avoir une majorité", a-t-il expliqué. Mais "il n'y a aucune coalition possible entre le Rassemblement national et la Nouvelle union populaire, écologique et sociale", a-t-il rappelé. "Mon objectif, c'est le retrait de la réforme des retraites et j'utiliserai tous les moyens législatifs pour l'obtenir. On va déposer autant d'amendements que nécessaire pour présenter des propositions alternatives", a-t-il prévenu.

Répartition des richesses : "Être milliardaire, c'est immoral"

"Être milliardaire en France aujourd'hui, c'est immoral", a-t-il lâché alors que la secrétaire nationale d'Europe Écologie-Les Verts Marine Tondelier a déclaré vouloir "une France sans milliardaires". "Personnellement, je ne me sentirais pas à l'aise de vivre avec une telle accumulation de richesses alors que je sais que dans ce pays, il y a des gens qui n'arrivent pas à finir les fins de mois", a-t-il poursuivi.

Jean-Luc Mélenchon : Manuel Bompard n'est pas son "pantin"

Manuel Bompard dément être "une sorte de pantin" avec quelqu'un "derrière qui tire les ficelles". Pourtant Jean-Luc Mélenchon reste omniprésent sur la scène médiatique et au sein de son mouvement politique. "ll n'y a pas de patron dans La France insoumise. Il y a bien sûr Jean-Luc Mélenchon, qui est bien évidemment une figure incontournable. Il est membre de la coordination des espaces du mouvement qui participe de ces décisions. Mais bien évidemment, il ne décide pas tout seul", a-t-il tenu à rappeler.

Affaire Adrien Quatennens : "On a été assez exemplaires"

Le député, condamné pour violences conjugales sur son ex-femme, a été exclu du Parti de gauche fondé par Jean-Luc Mélenchon après avoir été écarté du groupe parlementaire de la Nupes durant quatre mois. Manuel Bompard "ne pense pas" qu'il y aura d'autres décisions à l'égard du député qui a fait son retour à l'Assemblée nationale. "On a pris une décision. Je pense que ce sont des décisions fortes qu'aucune autre organisation politique n'a jamais prises", a-t-il estimé. Il comprend que le cas Adrien Quatennens fasse débat, mais il estime que son groupe parlementaire a été "assez exemplaire" et qu'il "faut être capable d'accepter cette décision et d'avancer".

Retrouvez l'intégralité du "8h30 franceinfo" du jeudi 26 janvier 2023 :