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Réforme de la SNCF : "Trop d’ordonnances, cela peut tuer le malade", avertit Jean-Claude Mailly

Alors que le Premier ministre doit dévoiler lundi 26 février sa stratégie pour conduire la réforme à haut risque du rail et de la SNCF, secrétaire général de Force ouvrière, a déclaré qu'il se joindrait à la journée de manifestation de la fonction publique du  22 mars pour protester notamment contre cette réforme.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Jean-Claude Mailly, secrétaire général de FO, invité de franceinfo lundi 26 février 2018. (JEAN-CHRISTOPHE BOURDILLAT / RADIO FRANCE)

Édouard Philippe va présenter lundi 26 février dans la matinée la manière dont va être réformée la SNCF. Avant même cette annonce, Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, a déclaré qu'il se joindrait à la journée de manifestation de la fonction publique du  22 mars pour protester notamment contre cette réforme. "FO sera dans l'action aussi", confirme sur franceinfo Jean-Claude Mailly, secrétaire général de FO. "Il y a un problème de méthode et un problème de fond" avec la SNCF. "Le problème de méthode, c'est est-ce-que le gouvernement va vouloir passer [par ordonnances] ? Trop d'ordonnances, ça peut tuer le malade au bout d'un moment. Il y a une tentation de vouloir passer en force", explique Jean-Claude Mailly.

Christophe Castaner estime qu'il ne faut pas en avoir peur et que c'est une manière pour le gouvernement d'aller vite. Pour Jean-Claude Mailly, "c'est une erreur d'avoir recours aux ordonnances" : "Je pense, poursuit-il, que sur un dossier comme celui-là, ils pourraient prendre le temps d’une véritable concertation."

Face à la volonté d'Emmanuel Macron de vouloir réformer le statut des cheminots, Jean-Claude Mailly interroge : "Est-ce que c’est le statut qui est à l’origine des 46 milliards de déficits de la SNCF ? Je ne pense pas. Il y a quand même eu un sous-investissement chronique depuis des années à la SNCF. Tout le monde le dit."

Le secrétaire général de FO estime que le statut n'est pas "le premier problème". Le réseau secondaire est également pointé du doigt par le gouvernement. "Il y a déjà des départements et des régions qui sont enclavés est-ce qu'on doit poursuivre l'enclavement ou essayer de désenclaver ? À un moment, les régions s'inquiètent également et c'est tout à fait logique." Le bus pourrait être une solution, mais "il y a aussi des lignes secondaires qui n'ont pas été entretenues". Selon lui, faute d'investissements suffisants sur le réseau secondaire, il y aura, prédit-il, "de plus en plus d'accidents et de plus en plus de pépins". "Quand on veut tuer son chien, conclut-il sur ce point, on l'accuse d'avoir la rage."

Jean-Claude Mailly insiste sur le fait que c'est le "sous-investissement" qui est responsable de beaucoup de problèmes. Jean-Claude Mailly met en garde contre "une logique complètement concurrentielle", où "on ne ferait rouler que les trains qui sont rentables et après, les gens se démerdent."

"Ne pas confondre vitesse et précipitations"

Plutôt partisan d'Emmanuel Macron, plusieurs mois après son élection, Jean-Claude Mailly met en garde : "Quand on pense qu'on peut tout faire, c'est là qu'on fait des conneries". "Il ne faut pas confondre vitesse et précipitation. Quand on est trop sûr de soi, c'est là qu'on fait une bêtise."

"Trop mettre de choses sur la table en même temps ce n'est pas forcément une bonne chose." Pour Jean-Claude Mailly, "oui, il y a un côté Jupiter du personnage. Vous savez, l'Élysée ça finit par isoler. C'est valable pour lui comme pour tout le monde."

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