"Faire croire que le statut des cheminots est à l'origine de la dette de la SNCF, c'est un mensonge", dénonce Marine Le Pen
Invitée sur franceinfo vendredi 23 mars, la présidente du FN a notamment ironisé sur la présentation qui était parfois faite des avantages du statut de cheminot pour en justifier la suppression pour les nouveaux entrants à la SNCF, l'un des principaux points de la réforme à venir de la compagnie ferroviaire.
"Le statut des cheminots n'est pas la raison de la dette de la SNCF", a assuré vendredi matin sur franceinfo Marine Le Pen, pour autant pas hostile sur le fond à ce que l'on puisse "remettre à plat" ce statut et d'autres régimes spéciaux. Pour la présidente du Front national, "faire croire que c'est le statut des cheminots qui est à l'origine de la dette de la SNCF, c'est un mensonge". Affirmant ne pas avoir de problème avec le fait de "remettre à plat un certain nombre d'avantages", comme ceux que procurerait le statut de cheminot, Marine Le Pen a posé plusieurs fois la question : "Est-ce que c'est vraiment le problème de la SNCF ?", avant d'y répondre par la négative.
"Le statut des cheminots n'est pas la raison de la dette de la SNCF", a dit la présidente du FN. "On peut y toucher, il n'y a pas de tabou. Bien sûr qu'on peut en discuter", a-t-elle ensuite ajouté, "mais faire croire que c'est le statut des cheminots qui est à l'origine de la dette de la SNCF, ça, c'est un mensonge". La présidente du FN a ensuite ironisé sur la présentation qui était faite - notamment par des élus de la majorité - des avantages du statut de cheminot pour en justifier la suppression pour les nouveaux entrants à la SNCF, l'un des principaux points de la réforme à venir de la compagnie ferroviaire. "On me présente ce statut des cheminots comme quelque chose d'extraordinairement agréable, mais je ne connais pas beaucoup de responsables politiques qui critiquent le statut des cheminots et qui suggèrent à leurs enfants de devenir cheminot. Donc c'est que ça doit être pas si agréable que ça de devenir cheminot", a tancé Marine Le Pen.
Plus tôt dans l'entretien, Marine Le Pen avait estimé que la réforme de la SNCF voulue par le gouvernement était un moyen de préparer une "privatisation". "L'ouverture à la concurrence, on sait bien quelle conséquence cela va avoir, évidemment on va fermer les petites lignes non rentables, parce qu'on va se concentrer sur les lignes rentables." "Dans la ruralité, poursuit-elle, on ferme les hôpitaux, les maternités, les gares, on ferme les écoles. On crée la désertification de notre pays. C'est une très grande régression dont Emmanuel Macron va être responsable car il va accélérer ce processus."
Un "certain nombre" de juges "impartiaux"
Interrogée sur point, la présidente du Front National a par ailleurs mis en doute l'"impartialité" d'un "certain nombre de juges" en France, en visant explicitement le juge Serge Tournaire, qui a mis en examen Nicolas Sarkozy mercredi soir dans l'affaire du financement libyen supposé de sa campagne en 2007.
"J'aurais souhaité que les magistrats chargés de cette instruction soient des magistrats sur lesquels ne puissent peser des soupçons", a dit Marine Le Pen en mettant en doute l'impartialité du juge Serge Tournaire. La présidente du FN a notamment rappelé que c'était déjà lui qui avait mis en examen l'ancien président dans l'affaire Bygmalion, "contre l'avis des deux juges avec lesquels il instruisait".
Selon elle, si les faits sont avérés, ce n'est pas seulement une affaire de financement illégal de campagne, mais une "affaire de guerre", de "chef d'État éliminé", de pays "très lourdement et gravement déstabilisé", "d'une des raisons quand même de la submersion migratoire que vit l'Europe" "à la suite de l'effondrement du régime de Kadhafi".
La fille du fondateur du Front national a ensuite étendu sa critique contre le manque supposé d'impartialité à d'autres magistrats. "Un certain nombre de juges sont liés ou très liés au syndicat de la magistrature, un syndicat gauchiste qui appelle à voter contre tel ou tel candidat régulièrement, moi je le sais parce qu'ils ont appelé à voter contre moi et même à me combattre par tous les moyens possibles, ce qui pose quand même un certain nombre de questions", a dit Marine Le Pen.
"En tant qu'avocat", la présidente du Front national considère que contrôle judiciaire imposé à Nicolas Sarkozy après sa mise en examen était injustifié. "On imagine bien que Nicolas Sarkozy ne va pas se précipiter pour aller passer des vacances en Libye ou en Tunisie", explique-t-elle, avant d’ironiser : "Quant à ceux qu'il a l'interdiction de voir, permettez-moi de vous dire que ça fait cinq ans qu'il doit les voir à peu près toutes les semaines". "Venir aujourd'hui lui interdire de les voir, je pense que c'est superfétatoire", a ajouté Marine Le Pen. Défendrait-elle, ainsi, finalement, Nicolas Sarkozy ? La question posée, la présidente du Front national précise qu'il était "tout à fait excessif" de dire qu'elle défendait l’ancien président de la République. Marine Le Pen a affirmé croire à "la force des principes", voulant les mettre en œuvre y compris quand il s’agit d’un "adversaire politique", évoquant la présomption d'innocence.
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