#MonEnvoyéSpécial : "Cuir, les forçats de la mode"
Il remplit les boutiques de prêt-à-porter et il coûte de moins en moins cher : le cuir recouvre nos sacs, chaussures et canapés. On connaît moins les dessous de sa production, mêlant travail d’enfants et substances toxiques. Cette enquête au Bangladesh est suivie des réponses de Guilaine Chenu et Françoise Joly à vos questions sur Twitter @Envoye_Special et notre page Facebook.
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Dans le bidonville géant de Hazaribagh, au Bangladesh, des petites mains s’activent, 7 jours sur 7 et jusqu’à 12 heures par jour, pour confectionner les articles de cuir vendus en Europe. L’enquête que vous avez choisie cette semaine, réalisée par Nicolas Daniel, vous fait découvrir le revers du cuir bon marché, devenu l’une des industries les plus toxiques de la planète.
Tristement célèbre pour l’effondrement, le 24 avril 2013, de l’usine textile Rana Plaza, la capitale du Bangladesh, Dacca, abrite également des centaines de tanneries de cuir. Malgré les salaires de misère et les heures supplémentaires, le secteur est dynamique : les exportations de cuir se sont élevées pour la première fois à plus d’un milliard de dollars américains en 2014, d’après les chiffres du ministère bangladais du Commerce. Si de timides “points de consensus” ont été adoptés entre différents pays producteurs de cuir et l’Organisation internationale du travail, en septembre 2014, tanner le cuir peut toujours tuer au Bangladesh.
Aussi pollué que Tchernobyl
Dans les vêtements comme sur les meubles, le cuir s’est démocratisé ces dernières années. Pour proposer des prix toujours plus attractifs, les marques ont délocalisé la production dans des pays comme le Bangladesh, où les normes sociales et environnementales sont minimes. Avec un taux de mortalité multiplié par 300 par rapport à la moyenne nationale, le bidonville d’Hazaribagh paie le prix fort de cette sous-traitance.
En cause : les substances chimiques, notamment le chrome, utilisées dans le tannage des peaux animales. Notre équipe a rencontré des ouvriers dont les pieds et les mains sont rongés par les produits chimiques. Chorob, 12 ans, qui a abandonné l’école pour travailler dans une tannerie, vit ainsi au bord de la rivière Buriganga, considérée comme l’un des dix sites les plus pollués de la planète, au côté de Tchernobyl. À l’autre bout de la chaîne, la santé des consommateurs européens est également menacée.
En fin d’émission, Guilaine Chenu et Françoise Joly répondent aux questions que vous nous avez posées sur les réseaux sociaux à propos de ce reportage. Votez dès maintenant pour l’émission du 14 février et posez-nous des questions sur le reportage que vous avez choisi en utilisant le hashtag #MonEnvoyeSpecial sur Twitter et sur Facebook. Nous avons hâte de vous lire !
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