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Vidéo Contribuable ordinaire pour le fisc, clandestine pour la préfecture… La situation compliquée et "injuste" d'une auxiliaire de vie sans papiers

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Contribuable ordinaire pour le fisc, clandestine pour la préfecture… la situation compliquée et "injuste" d'une auxiliaire de vie sans papiers
Contribuable ordinaire pour le fisc, clandestine pour la préfecture… la situation compliquée et "injuste" d'une auxiliaire de vie sans papiers Contribuable ordinaire pour le fisc, clandestine pour la préfecture… la situation compliquée et "injuste" d'une auxiliaire de vie sans papiers (ENVOYÉ SPÉCIAL / FRANCE 2)
Article rédigé par France 2
France Télévisions
Alors qu'elle prend soin de personnes âgées dépendantes, cette auxiliaire de vie qui paie des impôts vit dans la hantise d'être renvoyée dans son pays d'origine, le Cameroun… où est restée sa fille, qu'elle n'a pas vue depuis dix ans.

"Je ne me sens pas coupable. Au contraire, je suis très fière de moi, de tout ce que j’apporte auprès des personnes âgées, vulnérables et handicapées. Je ne veux pas prendre la place de quelqu’un ; je veux ma place à moi." Cette auxiliaire de vie que nous appellerons Ornella vient du Cameroun. Sans titre de séjour, il est en théorie illégal de l'embaucher, mais elle a signé un CDI il y a trois ans sous son vrai nom. Chaque jour, elle prend soin d’une dizaine de personnes dépendantes, dont une dame de 97 ans. Dans ce secteur des services à la personne, où 25 000 postes sont à pourvoir, les femmes sans papiers sont très nombreuses.

Pour accomplir de 9 heures à 19 heures, six jours sur sept, ces tâches éprouvantes, Ornella gagne 1 700 euros net par mois. Depuis la banlieue parisienne où elle vit avec son conjoint, elle téléphone chaque soir à leur fille de 11 ans. Elle n’a pas voulu prendre le risque de lui faire traverser la Méditerranée quand elle était encore bébé, alors Shaïna est restée au Cameroun chez ses grands-parents. "Un très gros sacrifice", soupire sa maman qui, sans papiers français, ne peut faire l'aller-retour pour lui rendre visite. "Je ne l’ai pas vue depuis 2014. En janvier, ça va faire dix ans."

Un casse-tête administratif

Si son conjoint a pu obtenir un titre de séjour, pour Ornella, constituer un dossier relève du casse-tête administratif. Elle doit réunir contrat de travail, fiches de paie, formulaire d’embauche rempli par son employeur, et prouver sa présence en France depuis au moins trois ans. Elle paie des cotisations et même des impôts, mais n'a droit ni à la CMU ni à la carte Vitale.

"L’Etat ne voit pas toute la contribution que j’apporte pour la vie sociale, pour la France… et je trouve que c’est un peu injuste."

Ornella, auxiliaire de vie sans papiers

à "Envoyé spécial"

Considérée par l’administration fiscale comme une contribuable ordinaire, Ornella reste clandestine aux yeux de la préfecture, qui considère que sa place est au Cameroun auprès de son enfant, et lui a délivré une OQTF (obligation de quitter le territoire français). Pour l’instant, après trois refus, son dossier de régularisation est bloqué, et elle vit dans la hantise d'un contrôle de police.

Une main-d'œuvre indispensable

La France compterait aujourd'hui entre 400 000 et 1 million de travailleurs sans papiers comme Ornella. Ils sont employés dans les services à la personne, dans l’arrière-cuisine des restaurants, dans la filière agricole, sur les chantiers du bâtiment, chez les artisans... Beaucoup d'employeurs ne pourraient aujourd'hui pas se passer de cette main-d'œuvre.

    Extrait de "Sans-papiers mais pas sans travail", un reportage à voir dans "Envoyé spécial" le 7 décembre 2023.

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