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François Fillon de moins en moins intransigeant face au Front national

Intransigeant face au parti de Marine Le Pen en 2011, François Fillon a peu à peu infléchi son discours. Jusqu'à rejeter le "front républicain", autrement dit le fait de barrer le passage au Front national.

Article rédigé par franceinfo
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Le député UMP de Paris, François Fillon, lors d'un meeting à Nice (Alpes-Maritimes), le 13 septembre 2013. (JEAN CHRISTOPHE MAGNENET / AFP)

Ce n'était pas une maladresse ou du second degré. François Fillon a confirmé, vendredi 13 septembre, son rejet du "front républicain". Lors d'un meeting à Nice (Alpes-Maritimes), l'ancien Premier ministre a renvoyé dos à dos le Front national et le Parti socialiste en matière de "sectarisme". "Oui, le combat contre le sectarisme passe aussi par le Parti socialiste qui, notamment, doit s'interroger sur ses relations avec l'extrême gauche avant de donner des leçons de républicanisme aux autres", a-t-il déclaré.

A l'UMP, les réactions sont contrastées. Certains, comme Henri Guaino, Luc Chatel ou Jean-Pierre Raffarin, sont inquiets. D'autres, comme Nadine Morano ou Thierry Mariani, apprécient. Mais de façon plus générale, c'est toute la droite qui s'agite : de l'UDI, qui se dit investie d'une mission, au Front national qui ironise. Avec cette nouvelle sortie, François Fillon entérine l'infléchissement de sa position vis-à-vis du FN. Récit d'un changement de discours.

Mars 2011 : "Aucune voix ne doit se porter sur l'extrême droite"

Le premier tour des élections cantonales, le 21 mars 2011, enregistre une forte poussée du Front national, qui obtient sa qualification pour le second tour dans près de 400 cantons. Au total, 294 duels opposent le FN au PS. Devant de tels résultats, l'UMP de Jean-François Copé prône la stratégie du "ni-ni" : ni alliance avec le Front national, ni front républicain.

Mais François Fillon décide de prendre le contrepied de cette ligne. "Je le redis, aucune voix de la droite et du centre ne doit se porter sur l'extrême droite", déclare-t-il devant le bureau national de l'UMP au lendemain du premier tour. "La où il y a un duel entre le Parti socialiste et le Front national, nous devons d'abord rappeler nos valeurs et nos valeurs ne sont pas celles du Front national. Nous devons appeler nos électeurs à faire le choix de la responsabilité dans la gestion des affaires locales. Tout cela conduit à voter contre le Front national."

Octobre 2012 : "Je n'ai jamais appelé à voter à gauche"

En pleine campagne interne pour la présidence de l'UMP, François Fillon et Jean-François Copé sont invités à débattre dans l'émission "Des paroles et des actes", sur France 2. Interrogé, l'ancien Premier ministre se range implicitement au "ni-ni".

"Jamais je ne voterai pour le FN et jamais je n'appellerai à voter pour ce parti", explique-t-il. Mais il ajoute : "Je n'ai jamais appelé à voter à gauche parce que je pense que la gauche nous emmène dans le mur sur le plan économique." François Fillon précise toutefois qu'il "ne met pas le PS et le FN sur le même plan".

Mai 2013 : "Une différence d'approche irréconciliable avec Sarkozy"

Dans un documentaire diffusé en mai 2013 sur France 3, François Fillon confie qu'une "différence d'approche irréconciliable" le séparait de Nicolas Sarkozy à propos du Front national. "Nicolas Sarkozy pense que le Front national est à combattre parce qu'il affaiblit la droite et nous fait perdre. Moi, je pense que le FN est à combattre parce qu'il est en dehors des limites du pacte républicain tel que je le considère, et ça c'est une vraie divergence", affirme-t-il.

Mai 2013 : "Aucun mépris pour le Front national"

"Je n'ai aucun mépris ni à l'égard des électeurs du Front national, ni même à l'égard du Front national. Je combats le Front national, c'est différent", affirme François Fillon, le 29 mai sur Radio Classique. Mais il ajoute immédiatement : "Je considère que c'est un parti populiste, démagogue, qui porte des propositions et des idées extrêmement dangereuses pour le pays. C'est un parti qui exclut, qui propose une politique économique absurde, et qui comme tous les partis populistes, s'en remet à des boucs émissaires qui sont les étrangers et l'Europe."

Août 2013 : "Parler avec les électeurs du FN"

Au cours d'une interview dans Paris Match, qui a davantage fait parler pour ses photos que pour son contenu, François Fillon répond à une question sur ses relations avec le centriste Jean-Louis Borloo. Bizarrement, il évoque de lui-même le cas du FN : "Je veux parler avec tous. Avec Jean-Louis Borloo, pour qui j’ai de l’estime et du respect. Avec François Bayrou, pour qui j’ai de l’amitié, même si je ne peux pas comprendre son choix de voter François Hollande à la dernière élection présidentielle. Avec les électeurs du Front national qui, pour beaucoup d’entre eux, sont des patriotes n’aspirant qu’au redressement de notre pays et à l’exemplarité de ses dirigeants."

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