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La petite phrase de Fillon agite la droite, de l'UDI au FN

Lors d'un déplacement dans les Alpes-Maritimes, vendredi, il a déclaré ne plus "vouloir entendre parler" de "ni-ni". Une position approuvée par les militants, mais qui l'isole politiquement.

Article rédigé par franceinfo avec Reuters
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François Fillon lors d'un meeting à Nice (Alpes-Maritimes), le 13 septembre 2013. (JEAN CHRISTOPHE MAGNENET / AFP)

La nouvelle stratégie de François Fillon continue de faire des vagues à droite, samedi 14 septembre. L'ancien Premier ministre de Nicolas Sarkozy a renvoyé dos à dos PS et FN en matière de sectarisme, revendiquant sa "liberté". Lors d'un déplacement dans les Alpes-Maritimes, vendredi, il a déclaré ne plus "vouloir entendre parler" de "ni-ni", faisant référence à la ligne officielle de l'UMP (ni vote républicain ni vote FN en cas de second tour), tout en assurant qu'aucune alliance n'était possible avec la formation d'extrême-droite. Un positionnement salué par une majorité des sympathisants de l'UMP, mais accueilli plus que tièdement par la droite et le centre-droit. La preuve :

L'UDI se dit investi d'une mission 

Au centre, le député UDI Hervé Morin a évoqué un "vrai séisme pour la politique française". "La majorité, il va la construire avec qui ? Avec le Front national", a-t-il dit lors de l'université de rentrée de l'UDI à Poitiers. Pour l'ancien ministre de la Défense, ce repositionnement de François Fillon "prouve que la décomposition de l'UMP n'est pas encore terminée", a dit, appelant ni plus ni moins les leaders de l'UMP à ramener François Fillon "à la raison". 

Pour le parti, les propos de François Fillon sur le Front National ne font que justifier encore plus un rassemblement du centre entre Jean-Louis Borloo et François Bayrou. Le président de l'UDI, Jean-Louis Borloo, a estimé que l'UMP avec comme "prétention d'incarner la droite et le centre est morte cette semaine. (...) Le parti unique n'est plus celui de la droite et du centre".

Transfuge de l'UMP, Chantal Jouano, qui s'était franchement exprimée sur le FN, a rappelé que c'était "l'un des facteurs de son départ"." Quant à l'ancienne secrétaire d'Etat, Valérie Létard, le rapprochement des centristes avec le MoDem de François Bayrou, est "d'autant plus important après les propos de monsieur Fillon". Des propos qui l'ont "sidérée".

Devant le millier de militants UDI venus près du Futuroscope, le député de la Marne Yves Jégo a mis en garde : "Mes amis croyez moi le danger est là sous nos yeux. Oui, c'est nous seuls qui désormais devons garder la frontière (...) une frontière de dignité et d'honneur pour réaffirmer haut et fort qu'il vaut mieux perdre une élection que de perdre son âme". Mais quid d'un allié, d'un partenaire, l'UMP, qui changerait de doctrine vis-à-vis du FN? "A l'échelon local, toute liste UMP qui s'acoquinera avec le FN, nous en sortirons immédiatement", a-t-il assuré. 

L'UMP isole Fillon

L'ancien ministre Benoist Apparu avait d'abord cru à "une bêtise", une bourde comme "ça nous arrive à tous". Mais la réitération de ses propos par François Fillon vendredi, a prouvé qu'il s'agissait bel et bien d'un nouveau parti pris stratégique et réfléchi de la part de l'ancien Premier ministre. De quoi inquiéter Jean-Pierre Raffarin, qui a déclenché samedi l'"Alerte rouge" sur Twitter. "C'est notre pacte fondateur qui est en cause", s'est inquiété le sénateur UMP. 

Au sein de sa famille politique, si personne ne questionne "la raison" de François Fillon, certains ont fait part de leur incompréhension face à ces déclarations en rupture avec la ligne de l'UMP. Mardi, "'l’affaire Fillon', a été abondamment commentée lors du comité politique hebdomadaire de l’UMP, selon un des participants", a écrit Europe 1. A cette occasion, le président du parti, Jean-François Copé, a déclaré ne pas "avoir très bien compris" la sortie de son ex rival et a rappelé la ligne officielle : "ni FN, NI PS". 

Dans la semaine Alain Juppé et Nathalie Kosciusko-Morizet, ont quant à eux souligné qu'ils ne mettaient pas le FN et le PS "sur le même plan", selon les termes du maire de Bordeaux. "Jamais je ne voterai pour un candidat du FN", a tranché l'ancien ministre Bruno Le Maire, invité de RTL mercredi. Et de regretter "un mauvais débat pour ma famille politique", parce qu'il "remet systématiquement le FN au centre du jeu".

Le FN ironise 

Voilà qui a l'art d'amuser Marine Le Pen. S'exprimant sur i<TELE avant le début de l'université d'été de son parti à Marseille, la présidente du Front national a ironisé sur les déclarations de François Fillon. "Je l'ai entendu pendant de nombreuses années tenir un discours radicalement différent. Il fait de la course automobile, on appelle ça un tête à queue", a-t-elle dit.

"Il est dans une tactique interne de combat avec monsieur. Copé, ça m'intéresse assez peu. Objectivement, les électeurs de l'UMP comme ceux du PS en ont soupé de consignes de vote données par leurs élites", a-t-elle poursuivi.

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