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Deux journalistes du "Monde" évoquent sans le démontrer un compte en Suisse de Sarkozy

Dans "French Corruption", à paraître mercredi, Fabrice Lhomme et Gérard Davet se basent notamment sur les propos d'un ancien élu RPR des Hauts-de-Seine. 

Article rédigé par franceinfo
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Nicolas Sarkozy, le 7 octobre 2013, à la sortie d'un déjeuner à la Grande Mosquée de Paris. Le même jour, l'ex-président de la République a bénéficié d'un non-lieu dans l'affaire Bettencourt. (THOMAS SAMSON / AFP)

Alors que Nicolas Sarkozy vient d'obtenir un non-lieu dans l'affaire Bettencourt, deux journalistes du Monde, Fabrice Lhomme et Gérard Davet, évoquent, dans French Corruption, un livre à paraître mercredi 9 octobre, l'existence d'un compte en Suisse de l'ex-président, sans le démontrer.

Les révélations des deux journalistes s'appuient principalement sur le témoignage de Didier Schuller, un ancien élu RPR des Hauts-de-Seine plusieurs fois mis en cause par la justice, comme le révèlent les quelques lignes publiées par Le Monde mardi. Francetv info répond aux questions que posent ces révélations.

Un compte en Suisse pour Nicolas Sarkozy ?

Le livre dévoile plusieurs éléments qui font naître le soupçon d'un éventuel compte en Suisse détenu par l'ancien chef de l'Etat . Didier Schuller affirme, selon les auteurs, que Nicolas Sarkozy lui a confié, en 1994 : "Je connais un type très bien en Suisse'", alors même que Schuller cherchait à "confier son argent en étant à l'abri du fisc".

Selon French Corruption, le même Schuller prête également des propos à Jacques Heyer, un gestionnaire de fortune helvétique, qui se serait vanté plusieurs fois de gérer l'argent de celui qui était alors maire de Neuilly. Didier Schuller enfonce le clou en assurant avoir croisé Nicolas Sarkozy en compagnie de Jacques Heyer lors d'un passage à Genève. Mais il précise qu'en tant qu'avocat, Nicolas Sarkozy se trouvait en compagnie d'un client, le tennisman Henri Leconte.

Quel crédit accorder à ce témoignage ?

Didier Schuller n'a pas une réputation de saint homme. Il a été condamné à plusieurs reprises pour des affaires de financement occulte, et il semble étrange qu'il se mette à parler aux médias alors qu'il a toujours gardé le silence devant les juges. Les auteurs de French Corruption expliquent dans un entretien donné à l'Express qu'ils ont systématiquement vérifié, recoupé les révélations de Schuller quand cela s'avérait possible.

Dans leur enquête, les deux journalistes peuvent s'appuyer sur les déclarations d'un magistrat suisse, d'un policier français ou encore de Marc Francelet, un ancien journaliste qui affirme avoir été témoin d'"une remise de grosses coupures de Nicolas Sarkozy, à l'époque où il était maire de Neuilly, à Jacques Heyer". En revanche, le gestionnaire de fortune ne s'exprime pas dans le livre. 

Reste qu'en l'absence d'éléments probants, les auteurs se refusent à affirmer que ce compte présumé en Suisse existe. Quant à l'avocat de Nicolas Sarkozy, Thierry Herzog, il nie fermement.

Patrick Balkany victime de chantage ?

Les confessions de Didier Schuller ne s'arrêtent pas à Nicolas Sarkozy. Le député des Hauts-de-Seine Patrick Balkany, déjà inquiété par la police, selon Le Point qui évoque des soupçons de compte en Suisse, se retrouve également au cœur du livre de Davet et Lhomme. Le maire de Levallois-Perret serait mouillé, selon les dires de Schuller, dans des financements illégaux de parti politique, notamment pour le compte de Jacques Chirac dans les années 1990.

Didier Schuller livre également une anecdote datant de 2002, où Patrick Balkany se serait retrouvé à devoir sortir la somme de 100 000 euros en espèce pour régler la caution de Schuller. Ce dernier avait envoyé un émissaire à Balkany pour le forcer à régler la note, avec ce message : "Si tu sors pas l'argent dans une heure, il crache tout." Didier Schuller a finalement lâché des choses quelques années plus tard aux deux journalistes.

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