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Marie-Noëlle Lienemann (PS) : "Nous refusons la marche forcée vers la réduction des déficits"

La sénatrice de Paris a signé la lettre réclamant un "contrat de majorité" à Manuel Valls. Elle explique à francetv info ce que quelque 90 élus socialistes attendent du Premier ministre.

Article rédigé par Camille Caldini - Propos recueillis par
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Marie-Noëlle Lienemann, sénatrice socialiste de Paris, au congrès de Toulouse, le 27 octobre 2012. (LIONEL BONAVENTURE / AFP)

Manuel Valls est attendu au tournant, et pas que par l'opposition. Alors que le Premier ministre doit prononcer, mardi 8 avril, son discours de politique générale, des parlementaires issus de l'aile gauche du Parti socialiste ont menacé, dans une lettre qui lui est adressée, de refuser la confiance en l'absence d'un "contrat de majorité", synonyme d'inflexion de sa politique.

>Discours de Manuel Valls, premier ministre

Manuel Valls a rencontré leurs représentants, dimanche 6 avril, pour tenter de désamorcer la fronde. Marie-Noëlle Lienemann, sénatrice de Paris et signataire du texte, explique à francetv info ce que ces élus socialistes attendent du Premier ministre.

Qu'attendez-vous de la déclaration de politique générale de Manuel Valls ?

Nous attendons surtout un signe en direction du Parlement. Que le Premier ministre dise clairement que le pacte de responsabilité sera voté, dans son intégralité, en dehors du vote de confiance. Manuel Valls doit aussi nous assurer qu'il n'aura pas recours à l'article 49.3 de la Constitution [l'article 49 alinéa 3 qui permet de faire adopter un texte sans vote en engageant la responsabilité du gouvernement devant l'Assemblée].

Et concernant le cap politique fixé par François Hollande ?

Nous attendons aussi un changement d'orientation concernant les choix européens et la réaffirmation forte des engagements de François Hollande en faveur de la croissance, car nous refusons de nous laisser enfermer dans la marche forcée vers la réduction des déficits, au rythme imposé par Bruxelles. D'ailleurs, nous ne croyons pas aux 50 milliards d'euros d'économies promis d'ici 2017. Il faut étaler le dispositif, d'autant plus si le gouvernement veut faire un vrai geste en faveur du pouvoir d'achat, pas seulement symbolique [une mesure est prévue dans le volet "solidarité" du pacte de responsabilité]

Avant son discours, Manuel Valls a rencontré quelques-uns des signataires de la lettre. A-t-il entendu vos requêtes ?

Je n'ai pas assisté à cette réunion, mais il s'agit pour le moment d'un début de contact. Un contact plutôt favorable en ce qui concerne la nécessité de rendre ses droits au Parlement, sans engagement précis. Bruno Le Roux [président du groupe PS à l'Assemblée, non signataire de la lettre] assure préparer une "charte de la majorité", mais nous n'avons encore vu aucun document. Concernant le pacte de responsabilité, en revanche, les échanges sont plutôt bouchés : le gouvernement ne fera pas marche arrière. Sur la solidarité, c'est encore flou.

Une fois la confiance votée, de quels moyens disposerez-vous pour peser ?

Environ 90 députés socialistes ont signé le texte. Il n'est pas question de voter la défiance, mais il y aura sûrement des abstentionnistes. C'est ce dont nous discutons, en ce moment, avant la déclaration de Manuel Valls. Quoi qu'il en soit, ces dizaines de voix pèseront à l'avenir dans les débats sur la fiscalité et les budgets. Nous sommes assez nombreux pour mettre en danger le gouvernement. Il ne pourra pas faire voter le pacte de responsabilité sans nous.

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