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Vidéos Élections européennes : vous avez interpellé les candidats sur les réseaux sociaux, voici leurs réponses

Franceinfo a invité les principaux candidats aux élections européennes. Ils répondent aux questions que les internautes leur ont soumises. 

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 12 min
Les 14 têtes de liste invitées jeudi 23 mai 2019 à la Maison de la radio dans le cadre des élections européennes. (FRANCEINFO)

À trois jours du vote pour les élections européennes, franceinfo a convié 14 candidats à la Maison de la radio à Paris, jeudi 23 mai. Après une interview de quinze minutes menée par des journalistes de franceinfo et Les Echos et un membre d'un think tank européen, chaque candidat a répondu à une question posée par des internautes, via le hashtag #VotreEurope sur les réseaux sociaux. Découvrez leur réponse au fur et à mesure de la matinée.

>> Retrouvez la matinée avec les principaux principaux candidats

Manon Aubry, La France insoumise

Qu'est-ce que les eurodéputés La France insoumise feront de leur salaire ?

Manon Aubry : Nous allons en reverser une partie au mouvement La France insoumise, comme le font tous les élus de La France insoumise pour faire vivre le mouvement politique. Moi, à titre personnel, je vais aussi reverser une partie de mon salaire au mouvement associatif dont je suis issue [Oxfam]. Je sais à quel point les associations jouent un rôle important de contre-pouvoir citoyen dans des institutions européennes qui sont parasitées par les lobbies.

Jordan Bardella, Rassemblement national

Vous contestez la logique globale de la construction européenne et pourtant vous voulez y rester ?

Jordan Bardella : Il n’y a pas de raison qu’il n’y ait pas d’alternance au sein de la construction européenne. Demain, un commissaire européen nommé par Matteo Salvini, Sebastian Kurz ou Viktor Orbán n’aura pas la même politique qu’un commissaire européen nommé par Matteo Renzi. L’Union européenne est aujourd’hui ce qu’il y a de pire en matière de construction politique. Il faut la changer et aujourd’hui, on a des alliés pour le faire, ce qui n’était pas le cas en 2014 lorsque nous sommes arrivés en tête. Sont arrivés partout en Europe des partis souverainistes, du bon sens, qui veulent rendre aux nations leur liberté. C’est vrai en Italie, en Autriche, en Estonie.

Raphaël Glucksmann, Place publique-Parti socialiste

Pourquoi avoir mis sur votre liste un candidat ayant défendu jusqu'au bout le projet d'aéroport climaticide de Notre-Dame-des-Landes ?

Raphaël Glucksmann : Parce que sur notre liste, il y a des gens qui viennent d’horizons très divers. Il y a deux prix Goldman, l’équivalent du prix Nobel d’écologie (Claire Nouvian et Bruno Van Peteghem) et il y a des socialistes. Et ils avaient une tradition productiviste. En s’alliant avec nous, ils font leur révolution mentale. Ils se convertissent à l’écologie. Si on veut mener à bien cette transformation écologique, si on veut mobiliser une majorité autour de cette transformation écologique, il va bien falloir prendre des gens avec nous qui ne sont pas écolo depuis toujours, qui n’étaient pas sur le Larzac il y a 40 ans. Sinon on va rentrer entre gens "purs", mais seuls. Il faut impérativement, si on prend au sérieux le péril devant nous, qu’on prenne toutes les forces qui se rallient à un projet de transformation écologique extrêmement ambitieux, quel que soit le lieu d’où elles viennent. Ce qu’il faut, c’est savoir où on va.

François Asselineau, Union populaire républicaine

Quelles seraient les conséquences à court terme d'une sortie de l'euro, et quelles habitudes de consommation seraient remises en question ?

François Asselineau : La sortie de l’euro se traduirait par l’arrivée du franc nouveau, qui se déprécierait, selon des économistes sérieux, de l’ordre de 10 à 15%. Cela pèserait sur les importations, mais ça dynamiserait de façon formidable les exportations. Cela va tout à fait dans le sens de ce que nous souhaitons et de ce que souhaitent les Français, c’est-à-dire revenir à des productions locales, notamment en matière d’agriculture, lutter contre la dégradation de l’environnement. Parce qu’acheter tous les produits à 15 000 kilomètres contribue à la dégradation de l’environnement planétaire. L’euro finira par exploser parce que toutes les monnaies plurinationales ont fini par exploser.

Yannick Jadot, Europe Écologie-les Verts

Pensez-vous que l’écologie est compatible avec le capitalisme ?

Yannick Jadot : Le système capitaliste est totalement incompatible avec l’écologie. Je veux que mes paysans bio vendent leurs productions sur un marché, dans une économie régulée, pas dans un sovkhoze. J’ai dans ma liste un patron d’entreprise des énergies renouvelables. Il embauche des gens issus de l’École polytechnique comme des gens en insertion. Il ne prend que des productions françaises, ça marche bien, il paie ses impôts, il participe de la solidarité nationale. Cette économie-là, au service de la société, au service du climat, elle ma va très très bien. En revanche, le capitalisme financier de la guerre de tous contre tous, qui explose les océans, le climat, la biodiversité, il faut clairement rompre avec.

Florian Philippot, Les Patriotes

Vous êtes un eurodéputé sortant, comment justifiez-vous de n'avoir participé à aucune commission durant tout votre mandat ?

Florian Philippot : Non, je n’ai pas participé à aucune commission, il parle de la commission pétition où j’étais. Je m’étais rendu compte qu’elle était très farfelue donc j’ai travaillé plutôt avec Mireille d'Ornano, eurodéputée avec moi, sur l’environnement. Par ailleurs, j’ai organisé mon mandat, il n’y a pas que les commissions, pas que celle-ci, dieu merci, il y a plein d’autres choses. On a fait voter l’interdiction de l’épandage des pesticides près des lieux sensibles comme les écoles ou les maternités. C’est vrai que si j’avais eu le temps, j’aurais pu aller, et faire comme d’autres, mais ce n’est pas mon éthique, signer, empocher les 320 euros, faire monter ses statistiques et partir. Il y a eu beaucoup d’enquêtes journalistiques qui suivaient les eurodéputés dans les couloirs, ils signaient en commissions, ils avaient 320 euros dans la poche, ils s’en allaient et leurs statistiques à la fin n’étaient pas mal. Cela n’a pas été mon choix. J’ai beaucoup de responsabilités mais j’ai organisé mon mandat différemment, en tous cas je n’ai pas chômé au Parlement européen et j’en ai fait également un mandat très politique pour porter des idées de fond.

Nicolas Dupont-Aignan, Debout la France

Soutenez-vous le projet d'instauration d'une monnaie commune européenne à la place de la monnaie unique l’euro ?

Nicolas Dupont-Aignan : Je pense que l’euro ne marche pas. Je pense que les Français ne veulent pas sortir de l’euro, qu’il ne faut pas déstabiliser. Donc j’ai proposé, dans cette campagne, une nouveauté, c’est que l’on mette la Banque centrale européenne sous l’autorité des gouvernements nationaux. Et que chaque pays, à raison de sa part dans le poids de l’euro, puisse monétiser cette technique. C’est-à-dire, financer à taux zéro les objets de son choix. Plutôt que de financer les banques et la spéculation au niveau de Bruxelles et Francfort, je voudrais qu’on utilise les prêts à taux zéro pour aider nos PME (ce que fait la Banque centrale du Japon), à se moderniser, pour aider la transition énergétique, pour aider la recherche scientifique. Notamment les grands projets européens que je veux voir naître, à trois ou quatre pays, par exemple la lutte contre le cancer, cette maladie qui décime toutes les familles d’Europe. Est-ce que vous ne croyez pas que ce serait plus intelligent que quelques pays d’Europe mettent en place un programme de lutte contre le cancer pour le vaincre, plutôt que de multiplier les normes sur la taille des tomates, des courgettes ? C’est insensé ce qu’il se passe. C’est du bon sens, je veux simplement réorienter l’Europe là où on n’est pas capable d’agir seul. En revanche, quand la France est capable d’agir seule, qu’on la laisse gouverner par elle-même.

Ian Brossat, Parti communiste

Êtes-vous favorable à un smic européen ?

Ian Brossat : Oui, je suis favorable à un smic européen, mais à la seule condition qu’il nous permette de tirer noter smic vers le haut. Je suis favorable à un smic à 60% du salaire moyen dans chaque pays, ce qui ramènerait le smic français à 1 400 euros net. C’est plus que ce que propose Nathalie Loiseau, qui propose un smic en dessous du seuil de pauvreté.

Jean-Christophe Lagarde, Union des démocrates et indépendants

Pourquoi un parti originellement pro-européen, voire fédéraliste, est dans l'opposition à Emmanuel Macron ?

Jean-Christophe Lagarde : Ne mélangez pas l’Europe avec la politique nationale. Je ne suis pas sûr qu’Emmanuel Macron ait eu raison d’augmenter la CSG, d’ailleurs il vient de l’annuler. À l’époque, ce qu’on prenait pour des attaques, et qui n’étaient que des alertes, ont été balayées d’un revers de main, ça nous a valu la crise des "gilets jaunes". Je pense que si Emmanuel Macron apprenait à écouter, la France se porterait mieux. J’espère qu’il le fera, moi je ne suis pas pour la politique du pire. Quant aux élections européennes, si vous voulez vraiment soutenir la politique économique et française de monsieur Macron, vous pouvez voter pour madame Loiseau, même si elle n’a pas de projet, elle est là pour ça. Si vous voulez détruire l’Europe, vous avez une foultitude de listes qui vous permettent de le faire. Mais si vous voulez voter pour l’Europe, sans être prisonnier d’Emmanuel Macron, vous pouvez voter pour la liste des Européens [soutenue par l’UDI] qui vous permet à la fois de contrer les populistes et de ne pas soutenir le président de la République. 

Nathalie Arthaud, Lutte ouvrière

Pensez-vous un jour défendre des machines quand il n’y aura plus aucun travailleur ?

Nathalie Arthaud : Déjà, de toute façon, les machines sont produites par les travailleurs, il y aura toujours besoin de travailleurs, ça c’est sûr. Ce que nous pensons, c’est qu’aujourd’hui, ce grand capital transforme tout en instruments d’oppression. Ils vont utiliser les machines pour licencier des femmes et des hommes, ils vont utiliser les machines pour augmenter les cadences, pour que les travailleurs se transforment quasiment en prolongement de la machine. Mais ces machines, si les travailleurs en prennent le contrôle, ce sera formidable. Parce qu’on pourra effectivement soulager le travail de tous, on pourra diminuer le temps de travail. Les travailleurs qui commanderaient ces machines, ce serait quelque chose de fantastique. Prolétaires, prenez le pouvoir ! Ne laissez pas cette poignée de grands bourgeois dominer ces grands groupes industriels et financiers, prenez les commandes ! Vous faites déjà tout, vous fabriquez tout dans cette société, vous êtes capable de la diriger 1000 fois mieux que ces gens-là.

Benoît Hamon, Génération.s

Pourquoi 500 milliards d'euros par an est, pour vous, le bon chiffre pour la transition écologique ?

Benoît Hamon : On ne l’a pas inventé. Selon le consensus économique et scientifique sur la part du PIB de l’Union européenne qu’il faut mobiliser, c’est 4% pour engager la transition écologique et viser la neutralité carbone en 2050. 4% du PIB, ça suppose 500 milliards d’euros d’investissements par an. Une fois posé ce chiffre, on a imaginé le financement, à traité constant, en proposant que la Banque européenne d’investissement et la Banque centrale européenne, qui poserait des garanties, émettent des obligations vertes. Ce serait un moyen de répondre à tous les projets qui peuvent exister en termes de mobilité, d’isolation des logements, de construction de nouveaux logements, d’énergies renouvelables, de biodiversité, de changement de notre modèle agricole. Mais ce chiffre-là, ce n’est pas un chiffre de coin de table, il correspond au consensus scientifique et économique sur la question de la transition écologique.

Nathalie Loiseau, La République en marche

Vous engagez-vous à siéger assidûment au Parlement européen pendant cinq ans ?

Nathalie Loiseau : Cette question tombe bien, puisque chacun des colistiers de la liste Renaissance a signé une charte d’engagement individuel, dans laquelle nous nous engageons tous à siéger avec assiduité et pas seulement dans les séances de vote là où les caméras sont branchées, mais dans les commissions du Parlement, là où le travail se fait. Nous nous engageons aussi à revenir régulièrement vers les territoires dont nous sommes issus. Parce que la liste que je porte a ceci de riche, que viennent des hommes et des femmes de partout en France. Revenir sur les territoires, cela veut dire rendre compte de notre action, dire ce que nous faisons, dire ce qu’il se passe en Europe, mais aussi continuer à écouter les attentes, les critiques, les propositions des Français. C’est comme ça que nous avons construit notre projet et c’est comme ça que nous allons travailler dans les cinq années à venir.

François-Xavier Bellamy, Les Républicains

Pour qui avez-vous voté au second tour de l'élection présidentielle ?

François-Xavier Bellamy : Cet internaute ne m’a sans doute pas beaucoup entendu. Je crois que ce qui compte aujourd’hui, c’est de faire sortir la France de ce faux débat qu’on voudrait nous imposer. C’est la raison pour laquelle je ne réponds pas à cette question pour une raison très simple : parce qu’au fond, vous voyez bien que la stratégie qu’on voudrait nous imposer aujourd’hui, c’est celle qui consiste à dire que chacun doit choisir son camp entre monsieur Macron et madame Le Pen. Mais c’est totalement absurde ! J’ai publié un texte dans l’entre-deux-tours en disant de manière très claire que le Front national ne serait jamais notre avenir. Je le pensais hier, je le pense toujours aujourd’hui. Mais c’est précisément parce que le Front national ne sera jamais notre avenir qu’Emmanuel Macron est en train de le faire monter aujourd’hui. Parce que cette stratégie de croisade contre l’extrême droite qui n’a jamais fonctionné et qui n’a jamais servi qu’à une seule chose : c’est faire de l’extrême droite le porteur de toutes les colères qui traversent notre pays sans pouvoir leur donner une traduction réelle, sans pouvoir faire que ces colères se transforment en espoir, en alternative possible. Je crois que cette stratégie condamne les Français à une forme de désespoir politique.

Francis Lalanne, Alliance jaune

Comment peut-on, en pratique, voter pour votre liste ?

Francis Lalanne : Merci pour cette question. J’ai deux choses à dire : la profession de foi n’est pas arrivée dans les boîtes aux lettres, on n’a pas eu les moyens. Mais elle peut être consultée sur internet. C’est l’État qui offre la possibilité aux petites listes de mettre la profession de foi avec le programme sur internet. Si les gens n’ont pas reçu le bulletin de vote, c’est parce qu’on n’a pas eu les moyens de l’envoyer chez les gens. Mais vous trouverez dans tous les bureaux de vote le bulletin, ça nous avons pu le financer. Donc tous ceux qui veulent voter pour l’Alliance jaune pourront le faire dans le bureau de vote, ils trouveront le bulletin, et c’est très facile à trouver. Comme on veut mettre un carton jaune au système, on a un bulletin de vote qui est jaune. Quand on voit la façon dont la personne qui est au pouvoir en ce moment se sert de tous ses pouvoirs confondus entre ses mains, on peut craindre pour l’avenir. Pour l’instant, on a encore les moyens de mettre un bulletin de vote dans un bureau de vote, mais pour combien de temps encore ?

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