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Pourquoi les propos de Valls sur les Roms ont semé la zizanie au gouvernement

La charge de la ministre du Logement, Cécile Duflot, contre le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, relance ce jeudi la polémique. 

Article rédigé par franceinfo
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Manuel Valls (à gauche) et Cécile Duflot (à droite), le 20 février 2013 à Paris. (FRANCOIS GUILLOT / AFP)

"Les Roms ont vocation à revenir en Roumanie ou en Bulgarie." Les propos de Manuel Valls sur les Roms n'en finissent plus de diviser le gouvernement. Après le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, c'est la ministre du Logement, Cécile Duflot, qui a tapé du poing sur la table, jeudi 26 septembre, aux journées parlementaires de son parti, Europe Ecologie-Les Verts.

Pour Cécile Duflot, le ministre de l'Intérieur est allé "au-delà de ce qui met en danger le pacte républicain". "Quand on est au gouvernement, quand on a vécu le 21 avril [2002] , on n'a pas le droit de reproduire les mêmes erreurs", a-t-elle déclaré.

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Francetv info vous explique pourquoi le gouvernement s'écharpe sur ce dossier.

Parce qu'ils n'en ont pas discuté entre eux

Thème de campagne de la droite et du Front national pour les élections municipales et européennes de l'année prochaine, la question des campements illégaux de Roms, qui posent des problèmes dans de nombreuses communes, n'a jamais été débattue au gouvernement.

Selon un ministre, cité par un journaliste du Monde, cette absence de débat serait à l'origine la cacophonie ambiante.

Après les déclarations de Valls, la porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem, a bien tenté d'expliquer que les propos de son collègue respectaient la position d'"humanité et de fermeté" du président. Mais elle n'a pas convaincu tous ses collègues... D'autant plus que, selon Europe 1, le président de la République serait sur la même ligne intransigeante que son ministre.

Pour calmer le jeu, le Premier ministre a rappelé qu'il existait une circulaire sur le sujet, signée en août 2012 par l'ensemble des membres du gouvernement. "Je l'ai relu ce matin, il y a tout dedans, y compris la fermeté, y compris le respect du droit mais aussi tout le travail d'intégration, tout le travail d'accompagnement social", a-t-il ajouté.

Parce que la position de Valls est jugée proche de celle de Nicolas Sarkozy

Pour Cécile Duflot, la position de Manuel Valls, partisan du démantèlement des camps illégaux et de la reconduite aux frontières des populations Roms, est trop proche de celle de Nicolas Sarkozy. Ce dernier avait en effet appelé, dans son discours de Grenoble en 2010, à démanteler les campements illégaux. "On n'a pas été élus pour faire la même politique que les précédents", a déclaré mercredi la ministre écologiste au président, selon Libération.

"Quand tous nous avons dit que le discours de Grenoble est un scandale absolu, nous ne pouvons pas tenter de, ou envisager, ou laisser penser que nous pourrons utiliser les mêmes méthodes", a-t-elle ajouté, jeudi. Elle n'est pas la seule à critiquer la sortie de Manuel Valls. Mardi, Arnaud Montebourg jugeait que les propos de son collègue de l'Intérieur étaient "excessifs" et méritaient d'être "corrigés".

Parce que Bruxelles met la pression

Sur ce dossier, le gouvernement doit en outre composer avec la position de Bruxelles. Les Roms étant des citoyens européens, la Commission européenne a son mot à dire sur la manière dont ils sont traités sur le sol français.

"La libre circulation comme la liberté de résider dans un autre pays sont des droits fondamentaux (…) Si ces principes inscrits dans les Traités ne sont pas respectés, la Commission utilisera tous les moyens à sa disposition" pour sanctionner ces violations, a averti le porte-parole de la Commission, Olivier Bailly.

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