"Loi anti-casseurs", impôt sur la fortune, référendum le 26 mai... Trois sujets qui fâchent au sein de LREM
L'aile gauche du parti présidentiel exprime ses dissensions sur plusieurs sujets chauds.
La frange gauche de La République en marche (LREM) se réveille. Le député du Val d'Oise, Aurélien Taché, dit, dans Le Journal du dimanche daté du 3 février, qu'il ne voterait pas en l'état la "loi anti-casseurs". Sous la pression des "gilets jaunes", un autre député du parti présidentiel, Jean-François Cesarini, a également proposé sur franceinfo de réintroduire l'impôt sur la fortune (ISF), supprimé par l'exécutif en 2017. Enfin, l'idée, qui serait étudiée par le président de la République Emmanuel Macron, de faire coïncider les élections européennes avec un référendum le 26 mai, heurte les europhiles de la majorité. Le point sur ces trois sujets qui fâchent au sein de La République en marche.
La "loi anti-casseurs"
Sur la "loi anti-casseurs", la lézarde est apparue la semaine passée. Une "quinzaine de députés", selon Le Monde, a fait connaître sa désapprobation face à la proposition de loi controversée. Lors de l'examen du texte, le 31 janvier, ils se sont prononcés pour la suppression de l'article 2 permettant aux préfets d'interdire de manifestations les personnes présentant "une menace d'une particulière gravité pour l'ordre public". En vain.
Aussi Aurélien Taché a-t-il franchi un pas supplémentaire dimanche 3 février. Le député LREM du Val-d'Oise a annoncé qu'il s'abstiendrait lors du vote en première lecture, mardi 4 février, à l'Assemblée nationale. Et il n'exclut pas que d'autres élus lui emboîtent le pas. L'élu voit en effet dans cet article une rupture avec les valeurs fondatrices du parti d'Emmanuel Macron.
Ce qui est dans l'ADN de La République en marche, c'est l'idée que le libéralisme politique est nécessaire pour que la démocratie fonctionne bien et pour que les individus puissent se construire.
Aurélien Tachéà franceinfo
"Or avec l'article 2, on s'éloigne de ce principe en permettant que des restrictions aux libertés fondamentales soient décidées par le préfet, et non par un juge indépendant." Et d'ajouter : "Il ne faut pas oublier que ce texte précis a été proposé par à l'origine par Bruno Retailleau [président du groupe Les Républicains au Sénat] et qu'il est éloigné du libéralisme politique, sociétal et démocratique que nous voulons."
L'impôt de solidarité sur la fortune
Sur l'ISF, les "gilets jaunes" commencent à se faire entendre des élus de la majorité. L'un d'eux, le député LREM du Vaucluse Jean-François Cesarini a proposé dimanche 3 février sur franceinfo de réintroduire une forme d'impôt sur la fortune. Objectif : faire payer l'ISF à ceux qui "font dormir" leur "argent".
"La promesse du candidat Macron était de dire : j'enlève l'ISF et vous verrez cet argent va rentrer dans l'économie réelle", a justifié Jean-François Cesarini. "Soyons plus incitatifs que cela. (...) Quand on investit cet argent dans des TPE, dans des PME, dans des start-up, alors vous ne payez pas l'ISF. Si vous faites dormir votre argent alors vous payez l'ISF."
Sa proposition a été signée par une vingtaine de députés de la majorité, alors que le président de la République Emmanuel Macron se refuse à rétablir l'ISF.
Un référendum le jour des européennes
Emmanuel Macron étudie sérieusement, selon Le Journal du dimanche, l'hypothèse d'un référendum qui pourrait avoir lieu le même jour que les élections européennes, le 26 mai prochain. Dans le parti présidentiel, cette éventuelle coïncidence des deux scrutins chagrine les europhiles, à l'instar du député Mathieu Orphelin. Ce proche de Nicolas Hulot craint que les débats portant sur les enjeux européens soient éclipsés par une consultation aux fins hexagonales.
Un référendum (ou une grande consultation citoyenne), sur 4 ou 5 questions clefs sorties du #GrandDebatNational serait une excellente chose. Le faire le jour des élections européennes ne me parait par contre pas du tout opportun. Il faut de la clarté et ne pas tout mélanger.
— Matthieu ORPHELIN (@M_Orphelin) 3 février 2019
Dans Le Journal du dimanche, la ministre des Affaires européennes Nathalie Loiseau souhaite, elle aussi, qu'on parle surtout d'Europe le 26 mai "parce qu'il y a des enjeux majeurs et ces enjeux, il faut en parler".
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