Budget de la justice, places de prison, lutte contre la criminalité organisée : les dossiers qui attendent le nouveau garde des Sceaux, Didier Migaud
On se souvient de la fronde à la nomination d'Éric Dupond-Moretti, une "déclaration de guerre", avait jugé l'Union syndicale des magistrats. Changement de ton cette fois, puisque l'USM évoque le "profil intéressant" de Didier Migaud, antithèse de son prédécesseur.
Quand Éric Dupond-Moretti était une figure du monde judiciaire, connue pour son caractère tempétueux, intime des prétoires après des décennies à écumer les cours d'assises comme avocat pénaliste, Didier Migaud, lui, se démarque par son parcours plus lisse, plus politique et bien loin des tribunaux puisqu'on le connaissait plutôt jusqu’ici comme expert des dossiers budgétaires. Ancien président de la commission des Finances de l'Assemblée puis de la Cour des comptes avant de prendre la tête de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique, ses seuls liens avec le monde judiciaire remontent à ses études de droit.
Attendu au tournant sur le volet financier
Il devra pourtant rapidement se pencher sur des dossiers sensibles et pointus, à commencer par la justice des mineurs. Les agents de la protection judiciaire de la jeunesse manifestaient encore, il y a quelques jours, pour dénoncer leur manque cruel de moyens. Et c'est justement sur la question du budget de la Justice que Didier Migaud est attendu au tournant. Éric Dupond-Moretti en avait fait son cheval de bataille et le budget de la Justice avait passé pour la première fois cette année la barre des 10 milliards d'euros. Dès samedi, le bâtonnier de Paris a mis en garde le nouveau ministre : il faut un budget à la hauteur des enjeux.
Surtout que les chantiers laissés par son prédécesseur sont nombreux et onéreux : le recrutement de 1 800 greffiers et 1 500 magistrats notamment, mais aussi de surveillants pénitentiaires, endeuillés par la mort de deux d'entre eux en mai dernier à Incarville. 15 000 places de prisons doivent aussi sortir de terre d'ici 2027 avec, à la clé, le problème jamais résolu de la surpopulation carcérale. Enfin, la création du "Pnaco", le parquet national dédié à la lutte contre la criminalité organisée, avait été annoncé au printemps par l'ancien garde des Sceaux. Reste à savoir si le nouveau ministre choisira ou pas de tenir ce cap. Sur ce point le syndicat de la magistrature se dit inquiet de la nomination d'un homme qui "a prôné l'austérité budgétaires des services publics".
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