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Budget, réforme des retraites, plan pauvreté... Ces dossiers chauds qui attendent le gouvernement pour la rentrée

Emmanuel Macron préside, mercredi, le premier Conseil des ministres de sa deuxième année de mandat.

Article rédigé par franceinfo avec AFP - Hugo Cailloux
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6 min
Le président français Emmanuel Macron dirige le dernier Conseil des ministres avant les vacances estivales, le 3 août 2018, à l'Elysée, à Paris. (MICHEL EULER / AFP)

Le gouvernement fait sa rentrée politique, mercredi 22 août à l'Elysée, avec un Conseil des ministres prévu pour donner le coup d'envoi de nombreuses réformes politiquement délicates. Plan pauvreté, plan santé, réforme des retraites et de l'assurance-chômage... De retour de deux semaines de vacances, les ministres et le président plancheront sur les grands chantiers politiques annoncés avant la trêve estivale. Autant de dossiers délicats pour l'exécutif, qui doit composer avec les suites de l'affaire Benalla et une croissance décevante.

"Ne croyez pas que je vais lâcher quoi que ce soit", disait Emmanuel Macron cet été. Pour faire face à l'orage qui s'annonce, le président opte pour une stratégie déjà utilisée lors de sa première année de mandat : multiplier les réformes, pour ne laisser aucun espace à l'opposition. "Nous n'allons pas ralentir", prévient Gilles Le Gendre, député et porte-parole du groupe LREM à l'Assemblée, sur franceinfo. Voici les principaux dossiers de la rentrée.

Le budget, avec une croissance plus faible que prévu

La croissance, qui s'annonce légèrement moins élevée que prévu en 2019, à 1,8% au lieu de 2%, est une épine dans le pied du gouvernement. Car dans le même temps, le président maintient sa promesse faite à la Commission européenne de contenir le déficit budgétaire à 2,3% du PIB, selon Le Monde. Moins de recettes d'un côté, des projets coûteux à financer de l'autre : l'équation s'annonce difficile à tenir. "Ces centaines de millions, il faut les trouver en faisant des coupes budgétaires", prévient l'économiste Christian Stoffaës, professeur associé à l'université Paris 2 Panthéon Assas, interrogé par France 3.

Quels seront les secteurs visés ? Mercredi après-midi, le président recevra le Premier ministre Edouard Philippe pour lui exposer ses derniers arbitrages. Seront également présents le ministre de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire, celui de l'Action et des Comptes publics Gérald Darmanin, ainsi que les ministres de la Santé et du Travail, Agnès Buzyn et Muriel Pénicaud. Des coupes franches dans les crédits accordés aux emplois aidés et aux aides au logements sont attendues.

Selon Le Parisien, aucune annonce ne devrait être faite publiquement à la sortie de cette réunion. Mais des économistes s'inquiètent des possibles conséquences de cette baisse des dépenses sur la reprise de l'économie française. "Il me semble qu'il est nécessaire de laisser filer le déficit pour limiter le risque sur la croissance parce que l'enjeu est là, estime auprès de franceinfo Philippe Waechter, chef économiste chez Ostrum Asset Management. La vraie question, c'est 'est-ce qu'on a un objectif sur l'activité ou l'emploi ou un objectif plutôt comptable' ?" 

La réforme des retraites

L'exécutif reprendra en septembre ses consultations avec les partenaires sociaux sur la réforme des retraites. Un dossier explosif qui a donné des sueurs froides aux précédents gouvernements, qui ont dû faire face à d'importants mouvements sociaux. De son côté, Emmanuel Macron ne souhaite pas toucher à l'âge légal de départ à la retraite, fixé à 62 ans pour la majorité des salariés. Il veut plutôt opter pour un régime "universel" en uniformisant les 42 régimes différents existants.

"Je pense qu'il y aura des mobilisations pour maintenir notre régime actuel et défendre notre modèle social", a prévenu le secrétaire général de Force ouvrière, Pascal Pavageau, mardi sur Europe 1.

Le plan pauvreté

Emmanuel Macron l'a promis lors de son discours devant le Parlement réuni en Congrès, en juillet dernier : le plan pauvreté sera présenté "en septembre" et mis en œuvre "en 2019". C'est "une vraie priorité", insiste sur franceinfo Agnès Buzyn, ministre de la Santé. 

Nous allons travailler sur les jeunes, leur permettre une égalité des chances réelle et travailler sur l'insertion professionnelle.

Agnès Buzyn

à franceinfo

Dans ce cadre, les aides sociales seront-elles préservées ? Le 13 juin dernier, Emmanuel Macron avait provoqué une polémique en déclarant qu'elles coûtaient un "pognon de dingue" et ne marchaient pas. "Je suis d'accord sur le diagnostic, ça ne marche pas, abonde Angès Buzyn. Quand on est pauvre, on le reste de génération en génération. C'est une spécificité française et nous travaillons là-dessus."

Agnès Buzyn, convoquée à la réunion budgétaire à l'Elysée, assure pour autant qu'il n'y aura "pas de coupes dans les prestations monétaires"."Le plan va apporter des mesures nouvelles, a défendu Agnès Buzyn. Nous travaillons sur une simplification d'accès au droit, ce qu'on appelle techniquement un versement social unique".

Le plan santé

Autre dossier délicat pour la ministre de la Santé : le plan santé, qui doit réformer l'hôpital. Déjà reportée, cette réforme a pour objectif de transformer de manière "globale" le système de santé en France. En février, "cinq grands chantiers" prioritaires ont été identifiés : qualité et pertinence des soins, financement des hôpitaux, formation et qualité de vie au travail des professionnels de santé, virage numérique et organisation territoriale des soins.

Le gouvernement veut faire la chasse aux actes médicaux inutiles, réduire la tarification à l'activité des hôpitaux et mettre à contribution la médecine de ville pour désengorger les établissements de santé. Mais le malaise des soignants est grand. 

"Comment est-ce qu'on peut arriver à régler les choses quand on a laissé les situations se détériorer, pour aboutir aujourd'hui à une situation catastrophique, avec le manque de médecins, des fermetures de services d'urgence, de maternités ?", a interrogé mardi sur franceinfo Hélène Derrien, présidente de la Coordination nationale des hôpitaux et maternités de proximité. Comment est-ce qu'on peut espérer, avec une réforme, régler un problème qui n'a pas été réglé pendant des années ?" La ministre a répondu, assurant qu'il n'y aurait "aucune fermeture d'un hôpital de proximité".

La réforme de l'assurance-chômage

Du côté du monde du travail, le gouvernement veut renégocier les règles de l'assurance-chômage avec les partenaires sociaux, qui gèrent le système. Le gouvernement a prévenu qu'il pourrait procéder par décret si les syndicats n'allaient pas dans son sens, note Le Parisien.

L'exécutif souhaite que les syndicats se penchent à nouveau sur l'indemnisation des demandeurs d'emploi en activité réduite et des chômeurs de longue durée. Les syndicats souhaitent quant à eux la mise en œuvre d'un bonus-malus sur les cotisations patronales, pour pénaliser les entreprises abusant des contrats courts. L'exécutif y est favorable mais le patronat s'y oppose.

La concertation entre syndicats et exécutif pour établir un cadre aux négociations doit débuter dès la fin août. La mise en œuvre des mesures est prévue pour 2019.

La réforme constitutionnelle

C'est une promesse phare d'Emmanuel Macron. La réforme constitutionnelle, débattue à l'Assemblée cet été, a été suspendue avec la révélation de l'affaire Benalla. Elle prévoit notamment d'accélérer la procédure parlementaire, de donner plus d'autonomie aux collectivités territoriales ou de permettre au président de répondre aux parlementaires devant le Congrès, liste Le Figaro.

Le président de l'Assemblée, François de Rugy, s'est dit favorable à une reprise des débats dès "septembre ou octobre", dans un entretien au Parisien. Un agenda risqué, selon Benjamin Morel, enseignant en droit public à la Sorbonne, interrogé par Libération. "Il est probable qu'à la rentrée, l'opposition continue de surfer sur l'affaire Benalla pour bloquer les débats", estime-t-il.

L'agenda parlementaire étant très serré en septembre, le gouvernement devra choisir entre avancer sur l'examen de cette réforme constitutionnelle ou la loi PACTE (Plan d'action pour la croissance et la transformation des entreprises), plusieurs fois repoussée. Ce chantier vise notamment à privatiser plusieurs entreprises publiques, développer l'actionnariat salarié ou alléger la fiscalité sur les primes d'intéressement dans les petites et moyennes entreprises.

La réforme de la fonction publique

Autre réforme attendue au tournant par les syndicats : celle de "l'action publique". Ce chantier doit modifier les rémunérations des agents publics, avec une individualisation accrue des paies, améliorer le dialogue social ainsi que la mobilité des fonctionnaires et augmenter le recours aux contractuels. Le gouvernement souhaite notamment la création d'un "contrat de mission" de six ans maximum pour ces derniers. Les syndicats y voient une "attaque" contre le statut de fonctionnaire.

Les membres du gouvernement se retrouveront en séminaire le 31 août à l'Elysée pour fixer le calendrier précis des réformes.

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