Réforme de la santé : "Comment peut-on espérer régler un problème qui ne l'a pas été pendant des années ?"
Hélène Derrien, la présidente de la Coordination nationale hôpitaux et maternités de proximité, est sceptique quant au plan hôpital qui doit être présenté par le gouvernement à la rentrée.
"Comment peut-on espérer, avec une réforme, régler un problème qui ne l'a pas été pendant des années ?" a réagi mardi 21 août sur franceinfo Hélène Derrien, présidente de la Coordination nationale hôpitaux et maternités de proximité, aux propos d'Agnès Buzyn. La ministre de la santé a notamment affirmé sur franceinfo qu'il "n'y aurait aucune fermeture d'un hôpital de proximité".
franceinfo : Quelles sont vos craintes ?
Hélène Derrien : Compte tenu de l'historique de ces dernières années, je pense que ça va être difficile d'arriver à être rassurant (...) Comment est-ce qu'on peut arriver à régler les choses quand on a laissé les situations se détériorer pour aboutir aujourd'hui à une situation catastrophique, avec le manque de médecins, des fermetures de services d'urgence, de maternités. Comment est-ce qu'on peut espérer, avec une réforme, régler un problème qui n'a pas été réglé pendant des années ? Cela paraît très compliqué. On va certainement prendre des mesures pour peut-être pallier quelques difficultés, mais cela ne changera rien sur le fond.
La ministre assure qu'il n'y aura pas de fermeture d'hôpitaux de proximité. Qu'en pensez-vous ?
C'est ce que dit la ministre. Quand elle dit qu'on ne va pas fermer d'hôpitaux de proximité, non bien sûr. Aujourd'hui, on ne peut pas dire qu'on a fermé des hôpitaux, on a fermé des maternités, ça on en est sûr. Plus d'un tiers des maternités en France. Par contre, on a fermé des services et on réorganise. Quand on parle d'hôpitaux de proximité, c'est une question de définition. On a sorti un rapport qui propose de multiplier et maintenir les hôpitaux de proximité. Mais avec quoi dedans ? Dans le rapport du Haut conseil, ce qui est appelé hôpitaux de proximité c'est un hôpital qui s'occupera du suivi de certaines maladies chroniques et donc beaucoup de médecine, du suivi de certaines grossesses. Il n'y aura pas de services d'urgence, pas de blocs, un pôle technique réduit au maximum.
La réorganisation entre les soins hospitaliers et les soins de ville vous semble-t-elle pertinente ?
L'idée d'un rapprochement et d'une meilleure liaison entre l'hôpital et la ville et le développement des activités dites de premier recours peut paraître intéressante. Sauf qu'on le fait aujourd'hui dans un contexte où il n'y a pas de médecins. Non seulement il n'y a pas de médecins, mais en plus on ne fait rien pour que les choses changent. On a certes augmenté un petit peu le numerus clausus, on ne touche surtout pas à la liberté d'installation, donc il y a un moment où il faudrait vraiment prendre des mesures radicales. Mais les gouvernements successifs se sont refusé à les prendre. Donc s'appuyer sur la médecine de ville, sur le premier recours, à un moment où ce secteur est particulièrement en crise, cela fait quand même un tout petit peu peur.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.