Avec son entrée au Sénat, le Front national cumule les mandats
Les frontistes Stéphane Ravier et David Rachline sont désormais sénateurs-maires.
Simples élus locaux du Front national au début de l'année 2014, Stéphane Ravier et David Rachline sont devenus maires, en mars, puis sénateurs, en septembre. Ces succès électoraux font d'eux des sénateurs-maires et des "cumulards", une catégorie d'hommes politiques particulièrement critiquée jusqu'ici par le Front national.
Francetv info revient sur la position changeante du FN sur le non-cumul des mandats au fil des victoires électorales.
Avant : "Le cumul en toutes choses est dangereux"
C'était en novembre 2013. A l'Assemblée nationale, la députée Front national Marion Maréchal-Le Pen fustige, d'après une vidéo repérée par Le Scan, ces sénateurs qui ont voté le non-cumul des mandats tout en s'excluant du dispositif. "Je regrette qu'une réforme aussi soutenue par l'opinion soit confrontée à une opposition de caste", dénonce-t-elle. Son collègue, Gilbert Collard, lui emboîte le pas en janvier : "Le cumul en toutes choses est dangereux", estime-t-il. Les deux élus ont voté le 22 janvier pour le non-cumul d'un mandat parlementaire avec une fonction exécutive locale.
Ce vote est la suite logique des positions défendues par le Front national ces dernières années. Dès avril 2012, dans une intervention sur RMC repérée par une journaliste de Mediapart, le vice-président, Florian Philippot, déclare : "Nous ne voulons pas d’un cumul entre une position de parlementaire et un exécutif local." En décembre, la présidente, Marine Le Pen, propose même un référendum pour imposer cette mesure aux parlementaires, rappelle L'Express.fr.
Après : "C'est normal que nous mettions en avant nos élus brillants"
Quelques succès électoraux plus tard, la position du FN a changé. Stéphane Ravier est sénateur des Bouches-du-Rhône, et maire du 7e secteur de Marseille. Même s'il va quitter son mandat de conseiller régional, David Rachline est maire de Fréjus et sénateur du Var. Une entorse au programme du parti qu'assume parfaitement le Front national. "C'est normal que nous mettions en avant nos élus brillants ayant fait preuve de réussite", justifie Steeve Briois, secrétaire général du parti, maire d'Hénin-Beaumont et député européen.
Sur Europe 1, Marine Le Pen ne voit pas non plus le problème. "Nous avons clairement dit que nous étions contre le cumul des mandats, mais nous appliquerons le non-cumul quand les autres se l'appliqueront eux aussi", a-t-elle lancé. De fait, ce cumul est légal jusqu'en 2017, date d'entrée en vigueur de la loi votée notamment par les deux députés FN.
En pratique, certains parlementaires, de droite comme de gauche, s'appliquent déjà ce non-cumul. Mais le Front national, qui manque cruellement de cadres, n'a pas les moyens humains d'anticiper la loi. "Nous sommes confrontés à des mouvements politiques qui sont beaucoup plus puissants que nous" en termes de subventions et de "leviers de décision", justifie Marine Le Pen. "Nous en sommes aux prémices du développement du Front. La prochaine fois, nous aurons la possibilité d'avoir de nouveaux cadres. C'est un gros chantier en interne, c'est la priorité : le recrutement de cadres", abonde Steeve Briois.
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