À Hayange, pas de trêve de Noël dans la guerre du maire Front national contre le Secours populaire
Mardi 20 décembre se tient la traditionnelle fête de Noël du Secours populaire de Hayange (Moselle). Nouvel épisode de la guerre que mène le maire FN contre l'association, l'événement a dû se délocaliser dans une commune voisine.
Pas de lumière, pas de chauffage. Difficile d’y voir clair, le soir, dans le local de distribution du Secours populaire de Hayange, en Moselle. Seul un ronron se fait entendre : celui du groupe électrogène des Restos du cœur voisins, qui chauffe désormais les deux locaux. Fin septembre, le maire Front national, Fabien Engelmann, a coupé l'électricité. Il demande au Secours populaire, qui prend en charge près de 800 personnes, dont 300 enfants de sa commune, de quitter le hangar.
Le Secours populaire est accusé de "politiser son action"
Dernier rebondissement en date : la traditionnelle fête de Noël du Secours populaire de Hayange, qui doit se tenir mardi 20 décembre, aura finalement lieu... à Nilvange, une commune voisine. L'association s'est vu signifier fin novembre que le bâtiment communal qui devait accueillir l'événement n'était finalement plus disponible. Motif de cette guerre des nerfs : aux yeux de la municipalité frontiste, l'association n'est autre qu'une "succursale du Parti communiste".
Depuis, le camion prêté à l'association par la mairie a été repris, tout comme la subvention de la ville. Lundi matin, la police municipale a même voulu retirer l'inscription "Secours populaire" au-dessus de la porte. "Nous ne pouvons plus travailler avec ce comité local", explique à franceinfo le maire Fabien Engelmann, qui accuse la présidente locale de l'association de "politiser son action", de "diffamer et calomnier la majorité municipale dans la presse".
Quand on prend la parole au nom du Secours populaire pour faire de la politique, c'est inacceptable
"On ne fait pas de politique", rétorque Anne Duflot-Allievi, la présidente de la section hayangeoise du Secours populaire. C’est elle qui est visée par Fabien Engelmann. Tout a commencé en 2015 autour d’un goûter pour les enfants organisé par la mairie via le Centre communal d'action sociale (CCAS) : "Sur un flyer, il était inscrit que ce goûter était réservé aux enfants dont les parents touchent les minima sociaux. Ce qui veut dire que les enfants de migrants et de demandeurs d'asile ne pouvaient pas venir... C'est paru dans la presse. M. Engelmann n'a pas supporté que je dénonce ça."
"Plus tard, poursuit Anne Duflot-Allievi, l'association Hayange en résistance, qui s'oppose au maire, avait l'idée d'emmener une centaine de personnes au restaurant. Elle nous a contactés pour avoir un listing de personnes. Aux yeux du maire, comme nous avons travaillé avec cette association, nous sommes forcément des anarcho-communistes."
Les conflits sont récurrents entre le FN et les associations
Dans le bureau de sa mairie, Fabien Engelmann nous montre des photos de militants communistes, faisant une collecte de fonds sous les deux logos. Une preuve de ses accusations, selon lui. Mais à bien y regarder, ces personnes avaient dessiné elles-mêmes le logo du Secours populaire. "C'était un faux logo", acquiesce Marie-Françoise Thull, la présidente du Secours populaire de Moselle.
Début décembre, Marie-Françoise Thull donnait une interview au Républicain Lorrain, dénonçant elle-même des tentatives de récupération politique de l'action de l'association par le Parti communiste. "Qu'il y ait des personnes engagées politiquement dans nos équipes, pourquoi pas, s'explique Marie-Françoise Thull. Mais quand elles sont à l'association, elles font leur travail d'humanitaire. Ce n'est pas un travail politique."
Si donner à manger à des réfugiés, c'est politique, alors oui peut-être ! Mais je vous assure que non, le Secours populaire ne fait pas de politique
Hayange n’est pas le seul point de friction entre le Secours populaire français et le Front national. À Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais), l'association est également accusée d’aider les migrants et menacée d’expulsion. Aux mains du frontiste Steeve Briois depuis 2014, la municipalité a déjà privé de local la Ligue des droits de l’homme, tout comme Cyril Nauth, lui aussi du Front national, l'a fait à Mantes-la-Ville (Yvelines).
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