Lancer de lames de rasoir, suicide de Penelope annoncé à la télévision, nombre de manifestants… Quatre intox de François Fillon
Dans ses dernières déclarations, le candidat de la droite a répété plusieurs informations erronées. Franceinfo démêle le vrai du faux.
Un nombre de participants à son meeting allègrement gonflé, des rumeurs jamais évoquées par la télévision ou encore un calendrier judiciaire soi-disant orienté... François Fillon est-il devenu un adepte des "fake news", ces fausses informations qui ont circulé massivement pendant la campagne présidentielle américaine ? Le 8 mars encore, il a évoqué un "jeu" sordide, qui faisait selon lui "fureur dans le Vaucluse", mais dont personne ne semble avoir entendu parler. Franceinfo décrypte ses dernières déclarations mensongères ou erronées.
Existait-il un "jeu" consistant à lancer des lames de rasoir sur les filles en jupe ?
Ce qu'il a dit. Dans son discours prononcé le 8 mars, à l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes, François Fillon a raconté : "Je me souviens, lorsque j'étais Premier ministre, avoir un jour reçu une lettre d'une jeune fille qui habitait dans le Vaucluse. Elle m'expliquait que chez les garçons de son entourage, le jeu qui faisait fureur, c'était d'envoyer des lames de rasoir au lance-pierres dans les jambes des filles qui portaient des jupes courtes."
En réalité ? Personne n'a, semble-t-il, eu connaissance de ce phénomène. Ni la Direction départementale de la sécurité publique du Vaucluse, ni le groupement de gendarmerie du département, ni le directeur académique, tous interrogés par Le Dauphiné Libéré, n'ont souvenir de ce "jeu". Le sénateur LR du Vaucluse Alain Milon, soutien de François Fillon, ne sait pas non plus de quoi il s'agit.
Des médias ont-ils évoqué le "suicide" de Penelope Fillon ?
Ce qu'il a dit. "On a annoncé le suicide de ma femme mercredi matin sur des chaînes de télévision", a affirmé François Fillon, invité au journal de 20 heures sur France 2, dimanche 5 mars. Le candidat dénonçait alors la "violence des commentaires" à son encontre.
En réalité ? De nombreuses rumeurs ont circulé sur les réseaux sociaux au sujet de la vie privée du couple Fillon cette semaine, mais aucune chaîne de télévision n’a évoqué un quelconque "suicide" de Penelope Fillon.
Vive la conscience morale&pro des journalistes qui auront annoncé le retrait de FF, le suicide de Pénélope & la démission de P. Stefanini.
— Madeleine de Jessey (@MadeJessey) 1 mars 2017
Mercredi 1er mars, c’est Madeleine de Jessey, la porte-parole de Sens commun, un mouvement proche de la Manif pour tous qui soutient François Fillon, qui a évoqué la rumeur du "suicide" de Penelope Fillon dans un tweet.
Y avait-il "200 000 personnes" au rassemblement du Trocadéro ?
Ce qu'il a dit. Le chiffre a été avancé par François Fillon, dimanche 5 mars, au journal de 20 heures sur France 2. "200 000 Français se sont déplacés de toute la France pour venir m’apporter leur soutien au Trocadéro", a-t-il répété. Et de préciser : "Rien que l’esplanade des Droits de l’homme en contient 80 000 et ça débordait de tous les côtés."
En réalité ? La place du Trocadéro ne peut accueillir qu’entre 30 000 et 40 000 personnes, selon plusieurs sources policières citées par Le Parisien et BFMTV. Notre journaliste Yann Thompson a précisé que la place était bien garnie, mais néanmoins pas tout à fait pleine pendant le discours de François Fillon.
#Fillon "Il faut remplir la place du Trocadéro" : Pierre Danon vise 45 000 participants dimanche #8h30politique pic.twitter.com/ecPIgqSoiO
— franceinfo (@franceinfo) 4 mars 2017
Même dans le camp Fillon, l'organisateur de ce rassemblement, Pierre Danon, contredit le chiffre de 200 000 personnes. Ce dernier annonçait son objectif sur franceinfo, samedi 4 mars : "Il faut remplir la place du Trocadéro, c'est à peu près 45 000 personnes."
François Fillon est-il victime d'un traitement partial de la justice ?
Ce qu'il a dit. Selon François Fillon, on voit "au simple choix de la date du 15 mars, deux jours avant la clôture des parrainages", que cette mise en examen vise à l'"empêcher d'être candidat à la présidentielle".
En réalité ? Cette date est dans les clous de ce que fait la justice habituellement. En effet, un délai de minimum 10 jours (et de 2 mois maximum) doit s'écouler entre la notification de la convocation et celle-ci. Il n'est donc pas anormal que François Fillon ait reçu sa convocation le 1er mars pour un rendez-vous fixé au 15. Difficile d'imaginer, à moins de deux mois de la présidentielle, qu'une date, quelle qu'elle soit, puisse de toute façon lui convenir.
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