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"Nous aussi on veut être payés à rien foutre" : à Compiègne, les anti-Fillon l'accueillent avec un concert de casseroles

Empêtré dans les affaires, François Fillon doit faire face à des rassemblements hostiles à chacun de ses déplacements publics. Son meeting à Compiègne (Oise), mercredi, n'a pas dérogé à la règle.

Article rédigé par Robin Prudent
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Des militants anti-Fillon bloquent l'accès au meeting du candidat à Margny-lès-Compiègne (Oise), le 15 février 2017. (MAXPPP)

Les détracteurs de François Fillon ne le lâchent pas. Que ce soit dans l'Essonne, dans la Vienne ou à La Réunion, impossible désormais pour l'ancien Premier ministre de faire un pas sans être suivi. Près de Compiègne (Oise), mercredi 15 février, l'accueil est encore loin d'être chaleureux. "Nous aussi, on veut être payés à rien foutre", scandent ses adversaires, quelques dizaines de militants de gauche et de syndicalistes. Ils sont venus perturber l'accès des sympathisants de droite au meeting de leur champion, toujours empêtré dans les révélations sur les activités d'assistants parlementaires de sa femme et de ses enfants.

Au son de casseroles et de slogans "Fillon en prison", syndicalistes de la CGT et militants proches de Jean-Luc Mélenchon ont formé un barrage filtrant devant le parking de la salle où était programmé le discours du candidat à la présidentielle. Encadrés par les policiers, les militants de droite ont tout de même pu accéder au rassemblement, mais au compte-gouttes. De quoi retarder de 30 bonnes minutes le meeting de François Fillon, le seul prévu cette semaine après l'annulation de celui de Limoges.

Une affiche de François Fillon avec des autocollants de militants CGT à Compiègne (Oise). (ROBIN PRUDENT / FRANCEINFO)

"Ces gens-là veulent de la transparence, mais ne se l'appliquent pas"

Le coup était bien préparé. Dès lundi 13 février, la section CGT de Compiègne avait lancé un appel sur sa page Facebook. "Venez nombreux, citoyens, salariés, demandeurs d'emploi, lycéens, étudiants, retraités, etc.", pouvait-on notamment lire dans leur message. Dehors, Didier, agent logistique de 58 ans, proche du NPA voulait "marquer le coup". Lui qui avait voté pour Jacques Chirac en 2002, poussé par ses proches, déposera un bulletin blanc au second tour de l'élection présidentielle si François Fillon, Marine Le Pen ou Emmanuel Macron sont présents. "Ces gens veulent de la transparence, mais ne se l'appliquent pas eux-mêmes, dénonce-t-il. Qu'est-ce que l'on va dire à nos enfants ?" A côté de lui, un professeur des collèges tient une pancarte dénonçant les opaques activités de conseil de François Fillon auprès des banques et assurances Axa.

Nous, on nous promet du sang et des larmes, mais lui vit sur une autre planète et réserve un traitement de faveur aux siens. C'est inacceptable.

Un manifestant anti-Fillon

à franceinfo

Un professeur des écoles manifeste devant le meeting de François Fillon à Compiègne (Oise). (ROBIN PRUDENT / FRANCEINFO)

A l'approche de chaque nouvelle voiture, les slogans au mégaphone reprennent, sous le regard parfois moqueur, voire apeuré, des sympathisants de droite. "La police aurait pu être un peu plus ferme, lance une militante les Républicains, la soixantaine. Là, ils bloquaient complètement la route. J'ai eu peur d'être agressée." Un peu plus loin, une fois passées les grilles du parking, Juliette, 21 ans, venue comme observatrice du meeting, plaide pour "la liberté d'expression" des opposants politiques. "Mais il y a tout de même des limites, j'ai vu un rétroviseur abîmé", ajoute-t-elle. Pas de quoi décourager les pro-Fillon : si quelques supporters ont fait demi-tour face à l'ampleur du bouchon provoqué par le barrage, long de plusieurs kilomètres, la salle du meeting se remplit sûrement.

"On veut nous faire taire", martèle Fillon

Tous les militants de François Fillon ont pu rentrer dans le meeting malgré le filtrage de militants CGT. (ROBIN PRUDENT / FRANCEINFO)

Selon les organisateurs, 2 000 personnes sont bien présentes lorsque François Fillon finit par monter sur scène, à 20h30. L'accueil mouvementé a visiblement boosté les militants, pour certains survoltés, malgré une moyenne d'âge assez élevée. "Maintenant, c'est François Fillon, le reste, je m'en fiche", lance Danielle, ancienne fonctionnaire à la retraite. "On veut nous faire taire, leur a lancé leur champion, bien décidé à maintenir, coûte que coûte, sa candidatureMerci d’être inflexibles devant les attaques, déterminés à assumer la seule bataille qui vaille : celle du redressement de la France."

Reste que ces comités d'accueils hostiles semblent bien décidés à se greffer à tous les prochains déplacements publics de François Fillon. Pas de quoi rassurer les élus locaux, dont certains sont toujours réticents à l'idée d'accueillir un candidat chahuté sur leurs terres.

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