Face à la colère des agriculteurs, l'inquiétude grandit au sein de l'exécutif

Les agriculteurs français emboîtent le pas à leurs homologues européens et bloquent notamment des routes dans le sud-ouest du pays depuis jeudi. De quoi inquiéter l'exécutif et, en premier lieu, Emmanuel Macron.
Article rédigé par franceinfo
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Emmanuel Macron au dernier Salon de l'Agriculture, le 25 février 2023. (AURELIEN MORISSARD / AFP)

Va-t-on vers un mouvement de colère des agriculteurs en France ? Emmanuel Macron a demandé, vendredi 19 janvier à ce que les préfets aillent à la rencontre des agriculteurs dès ce week-end, alors que la FNSEA, le principal syndicat agricole, étudie la possibilité d'un grand mouvement de protestation dans les prochaines semaines. Vendredi, des agriculteurs ont continué le blocage de l'autoroute A64 entre Toulouse et Tarbes et de la RN 20 en Ariège. Ils dénoncent des normes environnementales jugées trop sévères et surtout des retards de versement de certaines aides de l'État, ou encore la fin programmée de l'exonération du GNR, le gazole non routier.

C'est un signe qui ne trompe pas : Emmanuel Macron, en personne, se mêle du dossier en appelant à la mobilisation générale. Et les préfets sont chargés d'aller prendre le pouls, d'écouter les agriculteurs, tout le week-end, avec une mission : tenter de désamorcer la colère. Elle porte sur des sujets irritants : la transition écologique, le prix du carburant, la fin des pesticides, mais aussi la hausse de 10% des prix de l'électricité ou encore des négociations avec les industriels.

"Tout ça peut faire l'effet d'une cocotte-minute."

Un député de la majorité, qui connaît bien le dossier

à franceinfo

Telle est la crainte en coulisses, que les manifestations dans le Sud-Ouest prennent de l'ampleur et agglomèrent d'autres mobilisations. Comme en Allemagne, où, depuis une dizaine de jours, des tracteurs paralysent les rues. Des images que le gouvernement ne veut surtout pas voir arriver en France.  Dans l'Hexagone, des panneaux ont d'ailleurs déjà été retournés par les agriculteurs à l'entrée de plusieurs villes.

La situation en Allemagne a été évoquée mercredi en conseil des ministres par Stéphane Séjourné. Le nouveau ministre des Affaires étrangères a sonné l'alerte. "Ça bouge fort", grimace un conseiller qui convoque carrément le souvenir de la crise des "bonnets rouges" ou celle des "gilets jaunes".

Le contexte politique déjà très tendu

"Le président a très peur, sa crainte est légitime", souffle un député Les Républicains, qui le décrit "obnubilé" par les élections européennes. "Si on prend une tôle, il sait que c'est la fin de son quinquennat", lâche même un ministre. Le scrutin est prévu le 9 juin prochain, mais la campagne est déjà lancée.

L'agriculture est un sujet européen. Européennes pour lesquelles un duel de joue à distance samedi 20 janvier. Jordan Bardella, le président du Rassemblement national et candidat du parti, sera en Gironde dans l'après-midi pour visiter une exploitation et participer à table ronde avec des agriculteurs, une manière de capitaliser sur leur colère. Au même moment, le Premier ministre Gabriel Attal sera dans le Rhône, avec une volonté affichée de s'adresser au monde rural, il organise un grand débat avec 150 Français.

Dans la ligne de mire de l'exécutif se trouve aussi l'ouverture du Salon de l'agriculture fin février. Mercredi, le gouvernement présentera son projet de loi d'orientation agricole en conseil des ministres. La loi traite de la formation et envisage un renouvellement des générations. Elle est portée par Marc Fesneau, ministre de l'Agriculture, conforté lors du dernier remaniement. "Mais il est abîmé, fatigué, il ne fait pas l'unanimité", souffle un député de la majorité, au risque pour Emmanuel Macron de se retrouver encore une fois, seul, sans paratonnerre et en première ligne. 

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