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Quand Emmanuel Macron recase ses fidèles version "spoil system" à la française

Deux nominations pour Christophe Castaner, une pour Jean Castex, d’autres pour Emmanuelle Wargon ou encore Brigitte Bourguignon… Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’Emmanuel Macron veille à la reconversion de ses anciens ministres.

Article rédigé par Neila Latrous
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Emmanuel Macron assiste à l'arrivée du chancelier allemand Olaf Scholz pour un déjeuner à l'Elysée, le 26 octobre 2022. (LUDOVIC MARIN / AFP)

Reconversion, pour ne pas dire recasage… L’expression est assumée hors micro jusque dans la majorité. Deux nominations ont été annoncées cette semaine pour Christophe Castaner, l’une bénévole, au conseil de surveillance du port de Marseille et puis cette fonction exécutive, rémunérée, à la tête du conseil d’administration du tunnel du Mont-Blanc. Quand on épluche les Journaux Officiels et les comptes rendus de Conseil des ministres, un constat s’impose : ces recasages sont nombreux.

Jean Castex, l’ancien Premier ministre, a été nommé en août président de l’Agence de financement des infrastructures de transport, l’Afit. Il n’y est pas resté longtemps puisque deux mois plus tard, lui était proposée la présidence de la RATP, la régie de transport de Paris. Dans les nominations récentes aussi, celle du directeur de cabinet de Brigitte Macron, Pierre-Olivier Costa, à la tête du Mucem à Marseille, le musée des civilisations de l'Europe et de la Méditerranée et avant, celle d’Emmanuelle Wargon, ancienne ministre du Logement pour diriger la Commission de régulation de l'énergie. D’autres sont passées plus inaperçues, comme celle de l’ex-ministre de la Santé, Brigitte Bourguignon à l’inspection générale des Affaires sociales.

Pas très nouveau monde

Inutile de dresser la liste exhaustive de ces anciens responsables, ministres ou députés, qui ont pu bénéficier d’un coup de pouce de l’Élysée. Dès le début de ce second quinquennat, la présidence faisait savoir "que la consigne a été passée explicitement et très personnellement par Emmanuel Macron" pour que "chaque personne qui a œuvré ces cinq dernières années à ses côtés ne se retrouve pas seule".  

Pas très nouveau monde en effet mais c'est une pratique qui, pour le coup, traverse les quinquennats. Et d’ailleurs, à la présidence du conseil d'administration du Tunnel du Mont-Blanc, Christophe Castaner succède à un autre ancien ministre, le socialiste Thierry Repentin qui y avait été nommé par François Hollande dans les tous derniers jours de son quinquennat.

La pratique n’est pas nouvelle, et elle est d’une certaine façon théorisée par Emmanuel Macron. Dès sa campagne de 2017, lorsqu’il évoque son ambition d’un "spoil system" [système des dépouilles, principe selon lequel on substitue des fidèles à ceux qui sont en place] à la française, d’une administration en quelque sorte à la main du nouveau dirigeant. Il assume de nommer des proches aux postes clés de l’État, préfets, directeurs d’administrations et d’autorités dites indépendantes, d’entreprises publiques par conséquent aussi, pour ne pas être entravé dans ses réformes. Une volonté qui parfois se retrouve contrariée par des levées de bouclier comme en 2017 pour la nomination de l’écrivain Philippe Besson comme consul de France à Los Angeles ou plus récemment, de l’ancienne ministre Amélie de Montchalin comme ambassadrice à Rome.

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