Projet de loi immigration, fin de vie, affaire Gérard Depardieu... Ce qu'il faut retenir de l'interview d'Emmanuel Macron dans "C à vous"

Article rédigé par Thibaud Le Meneec
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 8 min
Le président de la République, Emmanuel Macron, répond aux questions des journalistes de "C à vous" sur France 5 depuis l'Elysée, à Paris, le 20 décembre 2023. (FRANCE 5)
Le chef de l'Etat s'est longuement exprimé mercredi soir dans l'émission de France 5, au lendemain de l'adoption du texte sur l'immigration qui a provoqué de nombreux remous au sein de sa majorité et la démission du ministre de la Santé.

Pour Emmanuel Macron, c'est le jour d'après. Au lendemain de l'adoption du projet de loi immigration au Parlement, le président de la République a longuement pris la parole, mercredi 20 décembre. Dans l'émission "C à vous", sur France 5, qui se déroulait exceptionnellement à l'Elysée, il a esquissé des pistes pour tenter de tourner la page de cette séquence douloureuse pour la majorité, divisée sur un texte durci et validé par Les Républicains et le Rassemblement national. Le parti d'extrême droite, qui "joue sur les peurs", a été particulièrement ciblé durant cet entretien.

Egalement interrogé sur les conflits en Ukraine et au Proche-Orient, le chef de l'Etat a défendu une position de la France "cohérente" et conforme "à nos valeurs et à nos intérêts". Au tiers de son mandat, Emmanuel Macron s'est tourné vers une riche année 2024, qui verra notamment Paris accueillir les Jeux olympiques et paralympiques. Franceinfo revient sur les principaux éléments de cette longue interview.  

Le projet de loi immigration est le "bouclier qu'il nous manquait"

Emmanuel Macron s'est d'abord chargé de faire le service après-vente du projet de loi immigration, adopté au Sénat et l'Assemblée nationale mardi soir, après de longues heures de négociations entre le camp présidentiel et la droite, dans le cadre de la commission mixte paritaire. "C'est le fruit d'un compromis, c'est le bouclier qu'il nous manquait", a-t-il défendu, alors qu'une partie de sa majorité s'est fissurée à l'Assemblée. Le ministre de la Santé, Aurélien Rousseau, venu de la gauche, a même démissionné mercredi. "Que ça heurte certains parlementaires et des ministres, c'est légitime", a-t-il expliqué à propos d'un texte qui relève bien, selon lui, du "en même temps".

Loi immigration : Emmanuel Macron estime que cette loi est « le bouclier qui nous manquait »

 

Sur le fond, à propos du texte issu de la commission mixte paritaire et voté par les deux chambres, Emmanuel Macron a concédé que le compromis trouvé n'est pas satisfaisant en tous points. "Je ne vais pas vous dire que je saute au plafond, a-t-il admis. La caution demandée aux étudiants étrangers, je pense que ce n'est pas une bonne idée." Pour autant, "le texte qui sort reste utile et les dispositions acceptées, même si elles ne plaisent pas, ne justifiaient pas de le rejeter", a-t-il soutenu. 

L'adoption du texte sur l'immigration est "une défaite du Rassemblement national"

Emmanuel Macron s'est employé à attaquer le Rassemblement national et a refusé de concéder "une victoire idéologique" revendiquée mardi par l'extrême droite. "Bien sûr que c'est une défaite du Rassemblement national", a-t-il affirmé. Le parti de Marine Le Pen "joue sur les peurs, mais il apporte des mensonges". "Lutter contre le RN, ce n'est pas refuser de s'attaquer aux problèmes qui le nourrissent. (...) Il y a un problème d'immigration dans le pays (...), mais la France n'est pas dépassée", a-t-il avancé sur le plateau de France 5.

L'école constitue "une partie" du rendez-vous donné en janvier

Début décembre, Emmanuel Macron a demandé aux Français de dégainer leur agenda. Le chef de l'Etat a évoqué un prochain "rendez-vous avec la nation" pour envoyer "un message d'unité", dans des confidences glissées au quotidien Le Monde. Pour l'année 2024, il faut "qu'on aborde de nouveaux défis", a lancé le locataire de l'Elysée mercredi soir. "J'aurai à l'ouvrir avec un nouveau cap qui est dans la continuité." Le contenu de ce rendez-vous reste cependant flou.

"Si je vous donne rendez-vous en janvier, je ne vais pas l'honorer en décembre", a-t-il évacué. Tout juste sait-on que la question de l'école, "mère des batailles", constitue "une partie" de ce rendez-vous pris avec la nation. Le chef de l'Etat a toutefois rappelé qu'il lui restait encore beaucoup de temps avant de quitter ses fonctions. "Je n'ai pas fini le travail. J'ai encore trois ans et demi devant moi. Je ne compte pas m'arrêter là."

Des précisions sur les contours de la future loi sur la fin de vie

Emmanuel Macron a promis de présenter un texte "en février". Le président de la République s'est livré sur la question de la fin de vie, qui a fait l'objet d'une convention citoyenne au début de son second quinquennat. Dans un premier temps, il a insisté sur la nécessité de mieux assurer les soins palliatifs en France : "La première chose qu'on doit faire, c'est parachever le modèle français des soins palliatifs, en continuant à investir, en corrigeant les inégalités qui existent dans nos territoires." Sur le texte à venir, "nous ne prendrons pas une loi qui touche les enfants. Nous ne prendrons pas une loi qui prend les cas psychiatriques. Cette loi traitera nos compatriotes en âge adulte, qui ont leur discernement, qui ont des maladies incurables avec des souffrances réfractaires aux traitements", a détaillé le chef de l'Etat.

Macron fin de vie

Le projet de loi sera ensuite transmis au Conseil d'Etat, avant d'arriver en Conseil des ministres "courant mars-avril", avant de poursuivre "son chemin parlementaire". Sans urgence, là non plus : "J'assume de prendre le temps. Si on fait mal, soit on le fait mal, soit on fracture le pays."

La cérémonie de Hanoukka à l'Elysée n'était "pas une infraction" à la laïcité

L'Elysée a accueilli le 7 décembre une célébration du début de la fête juive de Hanoukka en présence du chef de l'Etat, ce qui a suscité la polémique. "J'ai allumé la bougie du souvenir [de la Shoah], qui n'a aucun caractère religieux. Le grand rabbin de France a lui allumé une bougie religieuse." Emmanuel Macron s'est défendu d'avoir porté atteinte à la séparation des religions et de l'Etat. "Est-ce que j'y ai participé ? Non. Est-ce que c'était le but de cette rencontre ? Non. Si j'avais ici tenu une réunion religieuse, vous auriez raison de me dire : 'Vous n'êtes pas réglo avec la laïcité'. Ce n'est pas une infraction aux règles de la laïcité", a-t-il affirmé. 

La position de la France au Proche-Orient "est cohérente"

Deux mois et demi après l'attaque terroriste du 7 octobre perpétrée par le Hamas en Israël, la position de la France sur le conflit au Proche-Orient a été maintes fois critiquée. Mais pour le chef de l'Etat, elle est "cohérente". "La position de la France ne fait pas plaisir aux camps simplificateurs. (...) Je crois qu'elle est juste, qu'elle correspond à nos valeurs et à nos intérêts." Cette position repose sur trois piliers, selon lui : un pilier sécuritaire, un pilier humanitaire et un pilier politique, qui passe par l'encouragement de la solution à deux Etats. Pour le chef de l'Etat, la solution n'est pas de "tout raser à Gaza".

Macron sur les vies civiles palestiniennes

Il s'est aussi défendu de ne pas avoir participé à la marche contre l'antisémitisme, mi-novembre. A l'époque, son absence avait été pointée du doigt, notamment au sein de la communauté juive. "Si j'avais été là, les gens m'auraient dit : 'C'est ça son travail ?'", a-t-il balayé.

"On n'abandonnera pas l'Ukraine"

Le soutien des Occidentaux apporté à l'Ukraine est-il en train de faiblir, près de deux ans après le début de cette guerre aux portes de l'Europe ? Il y a, d'un côté, le spectre d'un retour de Donald Trump à la Maison Blanche, fin 2024. De l'autre, "on sent que des pays européens commencent à douter" sur l'aide apportée à Kiev, a relevé Emmanuel Macron.

Macron sur l'Ukraine

Pour le président de la République, "dans les mois qui viennent, nous aurons des choix à faire" dans ce conflit. "Nous devons réussir à ce que la Russie ne l'emporte pas, ce qui veut dire continuer le soutien, renforcer la protection de Kiev et des points névralgiques", a détaillé Emmanuel Macron. Avec cet objectif : mettre l'Ukraine "dans la situation de négocier la paix dans les meilleures conditions". "On n'abandonnera pas l'Ukraine", a-t-il assuré.

La France a "évidemment des plans B" pour la cérémonie d'ouverture des JO de Paris

En raison de la menace terroriste, plusieurs responsables politiques ont appelé à remiser une fastueuse cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Paris 2024, sur la Seine. "On prépare pied à pied, en passant beaucoup de temps, avec beaucoup de professionnalisme. Tout est fait pour que ça soit prêt", a assuré Emmanuel Macron. "C'est un événement qui se fera dans les meilleurs standards de sécurité."

Macron sur les JO et la cérémonie d'ouverture

Mais dans le même temps, les plans pourraient changer "si on considère qu'il y a un niveau de risque qui fait que le niveau de menace potentielle serait de nature à revoir le schéma initial. (...) Il y a évidemment des plans B, des plans C", a-t-il souligné, sans se résoudre à "partir dans des scénarios impossibles". Et de conclure sur ce sujet : "On prévoit tous les scénarios et on s'adaptera à tous les scénarios."

Affaire Depardieu : la Légion d'honneur est un ordre "qui n'est pas là pour faire la morale"

Faut-il, oui ou non, retirer la Légion d'honneur à Gérard Depardieu, à la suite de la diffusion de l'émission "Complément d'enquête" sur la star française du cinéma ? La ministre de la Culture, Rima Abdul Malak, a annoncé le 16 décembre le lancement d'une procédure qui pourrait déchoir l'acteur de ce titre. Gérard Depardieu, mis en examen pour viols, a dans la foulée déclaré qu'il la mettait "à disposition". Mercredi soir, de manière claire, le chef de l'Etat s'est prononcé sur cette question. La Légion d'honneur est "un ordre qui n'est pas là pour faire la morale, a-t-il martelé.

Emmanuel Macron réagit à l'affaire Depardieu

Et d'ajouter au sujet de l'acteur : "Je suis un grand admirateur de Gérard Depardieu. (...) Il y a une chose dans laquelle vous ne me verrez jamais, ce sont les chasses à l'homme. Je déteste ça".

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