Cet article date de plus de sept ans.

Présidentielle : dix choses que vous ignorez peut-être sur Emmanuel Macron

Le candidat d'En Marche ! a été élu, dimanche 7 mai, à l'Elysée. Franceinfo vous raconte quelques anecdotes sur son parcours.

Article rédigé par Camille Adaoust
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 10 min
Emmanuel Macron se rend à une conférence à l'université de Lille (Nord), le 14 mars 2017. (FRANCK CRUSIAUX / REA)

Il a réussi son pari. Simple collaborateur de François Hollande en 2012, Emmanuel Macron a été élu, dimanche 7 mai, président de la République, avec 65,8% des suffrages selon une estimation Ipsos/Sopra Steria pour France Télévisions et Radio France*. Mais connaissez-vous vraiment le nouveau locataire de l'Elysée ? Avant d'être élu à la tête du pays, Emmanuel Macron a multiplié les carrières, d'écrivain à banquier, de ministre de l'Economie à philosophe, en passant (presque) par l'enseignement et l'entrepreneuriat.

>> Second tour de la présidentielle : suivez notre direct

>> Présidentielle : suivez les réactions après le second tour

Franceinfo vous met dans la confidence et vous raconte dix anecdotes sur Emmanuel Macron. 

1Ses parents se sont opposés à sa relation avec Brigitte

Si on connaît l’histoire du "coup de foudre" entre Emmanuel Macron, alors lycéen, et Brigitte Auzière, professeure de théâtre à Amiens et mère de famille, leur histoire n’a pas toujours été rose. "Quand ils ont appris cette relation, les parents d’Emmanuel Macron n’ont pas sauté de joie, c’est certain, raconte à franceinfo Anne Fulda, auteure du livre Emmanuel Macron, un jeune homme si parfait (Plon). Ils ont même tenté de la freiner." Dans son livre, la journaliste du Figaro raconte un épisode en particulier : "A l’époque, les parents d’Emmanuel décident de rencontrer Brigitte et de lui demander de ne plus voir leurs fils jusqu’à sa majorité", écrit-elle. "Je ne peux pas vous le promettre", leur répond alors Brigitte Auzière, "en larmes". "Vous ne vous rendez pas compte ! Vous avez déjà votre vie, lui il n’aura pas d’enfants", lui lance ensuite la mère d’Emmanuel Macron, Françoise.

"En partie pour les éloigner l'un de l'autre", selon Anne Fulda, Emmanuel Macron est alors envoyé à Paris pour faire ses études. "Ça a été un déchirement. On n’a pas rompu le fil", relate à Paris Match Brigitte Macron.

2Plus jeune, il se voyait écrivain

S’il est aujourd’hui en tête dans la course à l’Elysée, Emmanuel Macron avait d'autres ambitions quand il était jeune. Dans un entretien à L'Obs en février, le leader d’En marche ! affirme qu’il avait pour "unique vocation" de devenir écrivain. Ses camarades de promotion, en classe préparatoire littéraire à Henri-IV (Paris), n'imaginaient pas leur ami, ici cinquième en partant de la droite au 2e rang de la photo de classe, se lancer dans la politique.

Emmanuel Macron (au 2e rang en partant du bas, au centre) pose pour sa photo de classe, en classe préparatoire au lycée Henri IV (Paris) en 1995. (FRANCE 2)

"Il avait un profil très littéraire, il donnait l’impression qu’il allait faire une carrière d’écrivain, se souvient Jean-Baptiste de Froment, ancien camarade de classe et aujourd’hui élu du 9e arrondissement de Paris. Il s’intéressait beaucoup à la poésie, au théâtre." Tous deux parlaient d'ailleurs du roman "ambitieux" qu’Emmanuel Macron écrivait : "L’histoire se passait en Amérique du Sud, c’était épique. Le roman faisait déjà une centaine de pages, l’univers y était construit."

Dans la classe, certains voulaient devenir économistes, d’autres visaient une carrière de politique ou technocrate. Lui, pas du tout.

Jean-Baptiste de Froment

à franceinfo

En revanche, Emmanuel Macron n'excelle pas dans les matières plus scientifiques. "L’économie ne l’intéressait pas et il était très mauvais en maths", se rappelle Jean-Baptiste Froment. Il devra finalement s'y intéresser dans le cadre de sa carrière. Un changement qu'Anne Fulda explique par son échec, en fin de classe préparatoire, au concours de l'Ecole normale supérieure. "Il s’est dirigé vers autre chose après ça", explique-t-elle.

3Il a fait partie d'une promo "frondeuse" à l'ENA

Et si Emmanuel Macron faisait, lui aussi, partie des frondeurs ? A son entrée dans la prestigieuse Ecole nationale d’administration (ENA), il intègre la promotion Léopold Sédar Senghor, une "cuvée d’exception", note Le Monde. Dans ses rangs : Gaspard Gantzer, chef du pôle communication de l’Elysée sous François Hollande, Boris Vallaud, mari de Najat Vallaud-Belkacem et secrétaire général adjoint de l'Elysée, ou encore Marguerite Bérard, ancienne conseillère à la présidence sous Nicolas Sarkozy.

Cette promotion prestigieuse s'est distinguée en 2004. Alors qu’ils viennent de passer leur examen de fin d’études, les étudiants entament une "fronde", décrit à franceinfo Marc Endeweld, auteur du livre L'Ambigu Monsieur Macron (Flammarion Enquête). Il y qualifie notamment cette promotion de "l’une des plus turbulentes de toute l’histoire de la prestigieuse ENA".

"Il y a eu des problèmes lors de l’organisation des épreuves. Un sujet avait déjà été abordé par un groupe, relate Julien Aubert, membre de la promotion et aujourd’hui député du Vaucluse. On a déposé un recours auprès du Conseil d’Etat pour faire annuler le classement de sortie. Notre major de promotion a aussi remis à l’administration un rapport sur les dysfonctionnements de l’école, à la fin de notre scolarité", continue-t-il. La "révolte" porte ses fruits, puisque le classement de la promotion 2004 est finalement annulé par le Conseil d'Etat, comme l'explique Le Monde

Emmanuel Macron, bien qu'ayant pris part à cette lutte, ne figure pas parmi les plus engagés. "Je crois me souvenir qu’il a signé le texte, mais il était plutôt à côté de la mobilisation. Il était d’accord sur le fond mais il suivait plutôt la foule", se souvient son ancien camarade de promotion.

4Il a conclu un deal "exceptionnel" chez Rothschild 

Ce passage de sa vie est largement commenté (et critiqué). A partir de 2008, Emmanuel Macron travaille quelques années dans la finance, chez Rothschild & Co. Il s’y fait remarquer grâce à un "gros deal". En avril 2012, il pilote le rachat, par Nestlé, des laits infantiles Pfizer. Une transaction "de plus de neuf milliards d'euros, qui a fait de lui un millionnaire", souligne Le Monde.

Un banquier de son jeune âge a rarement la possibilité de ramener de nouveaux comptes. S’il était resté à la banque, il aurait pris du galon après ça.

Marc Endeweld

à franceinfo

Ses biographes soulignent tous un épisode "exceptionnel". Alors comment Emmanuel Macron s’y est-il pris ? "Il a rencontré Peter Brabeck, le PDG de Nestlé, quand il était à la commission Attali", explique Marc Endeweld. "Il a réussi à construire une relation quasi filiale avec Brabeck alors que le personnage n’est vraiment pas commode", admire un banquier dans Libération. "Il séduirait une porte de prison", ajoute l'un de ses anciens collègues de chez Rothschild dans Le Figaro. 

5Il a été courtisé par la droite

Entre ce passage dans la finance et son entrée à l’Elysée en 2012, Emmanuel Macron a vu se présenter quelques opportunités en politique. Dans un article publié après sa nomination au ministère de l’Economie, Le Monde indique qu’il a été "approché par l’équipe de Nicolas Sarkozy en 2007". "Par l’intermédiaire de Jean-Pierre Jouyet, Emmanuel Macron connaissait Antoine Gosset-Grainville, un proche de François Fillon. Après 2007, on aurait donc présenté Emmanuel Macron à l’ancien Premier ministre sous Sarkozy pour qu’il intègre son cabinet", détaille Marc Endeweld.

Par la suite, c’est l’entourage d'un poids lourd de la gauche qui tente de le recruter. "Entre 2010 et 2011, Dominique Strauss-Kahn est le candidat favori de la gauche. Mais Emmanuel Macron refuse et décide de rester auprès de François Hollande", explique le même auteur. Pour lui, il s’agit d’un épisode "intéressant", révélateur de la "réversibilité des réseaux d’Emmanuel Macron".

6Il a très mal vécu la mort de sa grand-mère

Emmanuel Macron parle peu de ses parents, n’évoque pas beaucoup son frère et sa sœur, mais fait toujours référence à la même personne : "Manette", sa grand-mère. La relation entre cette dernière, Germaine Noguès, et Emmanuel Macron, était très forte. "Ils avaient une relation inédite, d’une force extrême. C’est une femme qui a été sa principale interlocutrice, son émancipatrice", raconte Anne Fulda. "Il passait ses vacances avec sa grand-mère", confie à franceinfo Sylvie Andréjacq, sa cousine éloignée.

En avril 2013, la santé de "Manette" se détériore. Sa mère l’appelle en urgence. "Il était à l’Elysée, il a tout de suite foncé dans une voiture pour la rejoindre, relate Anne Fulda. Elle est morte dans ses bras." La journaliste ajoute que, lors de l’enterrement, Emmanuel Macron prononce un "discours assez bouleversant". "Le soir du premier tour de l’élection, il a eu une pensée pour ceux qui ne sont plus. C’était probablement en pensant à elle", avance-t-elle. 

7Il a envisagé de devenir prof d'économie

Quand il quitte le poste de secrétaire général adjoint de l’Elysée, début juin 2014, le palais évoque "des projets personnels dans les domaines de l'enseignement et de la recherche". En effet, Emmanuel Macron semble vouloir changer d’orientation professionnelle. "Il avait décidé de créer sa propre société de conseil financier", raconte Serge Weinberg, président du conseil d’administration de Sanofi et proche d’Emmanuel Macron, dans "Envoyé Spécial". La société avait même déjà un nom, d’après Marc Endeweld : Macron Partners.

Mais ce n’est pas la seule opportunité étudiée par Emmanuel Macron. Il envisage également de devenir enseignant d’économie. Il décroche "un poste d’universitaire à Berlin" et un statut de "Senior Research Fellow" à "la prestigieuse London School of Economics", écrit Marc Endeweld dans son livre.

Et pourquoi pas monter, en parallèle, un "fonds d’investissement pour financer des projets innovants, notamment dans le domaine de l’éducation", expose également l’auteur. Autant de carrières stoppées net par le coup de fil de Jean-Pierre Jouyet, secrétaire général de l'Elysée, le 26 août 2014 : "J’ai besoin de toi au gouvernement", rapporte Marc Endeweld.

8Il a préparé En marche ! à Bercy

C’était le "fils prodigue" de François Hollande. Propulsé à vitesse grand V à Bercy par le président de la République, Emmanuel Macron a pourtant décidé, en août 2016, de tourner le dos à son protecteur. "Emmanuel Macron m’a trahi avec méthode", dénonce alors François Hollande au Monde

"Dès l’été 2015, un de ses proches, Henry Hermand, envoie des notes confidentielles à Emmanuel Macron. Il y explique que François Hollande va avoir du mal à s’en sortir et il évoque la déroute que va subir la gauche aux régionales, explique Marc Endeweld. Il l'enjoint à quitter Hollande."

Emmanuel Macron prépare donc sa sortie et la naissance de son mouvement. A quelques semaines du lancement d’En marche !, alors qu’il est encore ministre de l’Economie, Emmanuel Macron reçoit la visite surprise de François Hollande, raconte L’Express. Il a dans son placard le logo de son futur mouvement. "Ce jour là, à Bercy, François Hollande, curieux, ouvre le placard fatal… Heureusement, le logo est à l’envers, face contre le mur", écrit l’hebdomadaire.

9Il a un coach vocal chanteur d'opéra

"Ce que je veux, c'est que vous, partout, vous alliez le faire gagner ! Parce que c'est notre projet ! Vive la République, et vive la France !" Vous vous souvenez peut-être de ce moment où, à Paris, le 10 décembre 2016, Emmanuel Macron a hurlé, maladroitement, à pleins poumons dans son micro. De quoi susciter une vague de détournements sur les réseaux sociaux.

Depuis, le candidat a réglé le problème. Et pour ce faire, il a employé les grands moyens. D’après L'Opinion, il a pris des cours avec Jean-Philippe Lafont, un chanteur d’opéra. Le but de ce baryton-basse ? "Maîtriser une démesure verbale et vocale", explique-t-il à Paris Match.

Les cours commencent par des conseils : bains de vapeur et lavage des sinus pour "entretenir sa voix" ou exercices orthophoniques. Démarre ensuite la partie pratique : travail sur le souffle, lecture d’un texte en essayant de "ralentir, insister sur un mot, réfléchir aux liaisons", détaille Paris Match, ou encore chanter un texte ou le mimer. Selon son professeur, Emmanuel Macron a "réussi à se corriger" et a "gagné en maîtrise".

10Il reprend ses discours des dizaines de fois

Vingt-sept. C’est le nombre de versions du discours qu’Emmanuel Macron a écrites à Lyon, le 4 février, d’après le JDD. "Il a envoyé trois versions totalement différentes à ses proches six heures seulement avant son meeting. A la fin, nous étions perdus", indique un proche à l’hebdomadaire.

Emmanuel Macron, lors de son meeting à Lyon (Rhône), le 5 février 2017. (PASCAL FAYOLLE/SIPA)

Les équipes qui travaillent avec lui le qualifient de "perfectionniste". "C'est un très gros bosseur, un bourreau de travail", expliquait le socialiste Julien Dray à franceinfo quand Emmanuel Macron défendait la loi qui a pris son nom, à Bercy en 2015. Pour d’autres, ce n’est pas tant du perfectionnisme qu’une recherche du contrôle. "Emmanuel Macron veut tout contrôler", pointe Marc Endeweld.

*Estimation Ipsos/Sopra Steria pour France Télévisions, Radio France, Le Point, Le Monde, France 24 et les chaînes parlementaires.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.