"Indemnité classe moyenne", "chèque énergie", plan "France 2030"... L'opposition dénonce un "quoi qu'il en coûte électoral", à six mois de la présidentielle
L'indemnité "classe moyenne" de 100 euros pour répondre à l'envolée des prix de l'énergie peut être vue comme un coup de pouce pour lutter contre l'inflation. Mais pour l'opposition, elle est surtout vue comme une nouvelle preuve qu'Emmanuel Macron sort le carnet de chèque, à quelques mois de l'élection présidentielle.
Depuis la rentrée de septembre, les déplacements et les annonces du chef de l'Etat s'enchainent. Et on pourrait ajouter, les chèques aussi. La liste des mesures annoncées par Emmanuel Macron est longue et non exhaustive : 1,5 milliard d'euros dans le cadre du plan "Marseille en grand" début septembre. Le 10 septembre, 600 millions aux agriculteurs pour créer une assurance récoltes. Quatre jours plus tard, 500 millions aux policiers dans le cadre du Beauvau de la sécurité, somme qui s'ajoute au 900 millions déjà annoncés par Jean Castex fin juillet, soit 1,5 milliard au total. Il y a aussi les 400 millions aux personnes âgées annoncés fin septembre et 300 millions aux travailleurs indépendants. Le 12 octobre, c'est le plan "France 2030", soit 30 milliards d'euros d'investissement dans les technologies d'avenir. Il faut donc ajouter à tout cela l'indeminité "classe moyenne" du 21 octobre qui va coûter à l'État 3,8 milliards d'euros, sans oublier le "chèque énergie" de 100 euros du mois dernier qui coûtera, lui, 580 millions.
Tout n'est pas à mettre au même niveau, puisque se mélangent des mesures ponctuelles et d'autres qui vont se lisser sur plusieurs années mais de l'aveu même du rapporteur général du Budget à l'Assemblée, le député LREM Laurent Saint-Martin, les dépenses devraient atteindre "autour de 16 ou 17 milliards d'euros" en cette rentrée.
"C’est le ‘quoi qu’il en coûte, je veux être réélu !’"
De là à railler Emmanuel Macron en président du carnet de chèques, il n'y a qu'un pas que franchissent de nombreux opposants politiques. "C’est le ‘quoi qu’il en coûte, je veux être réélu !’", moque Marine Le Pen dans un tweet. Même ton du côté de Damien Abad, chef de file des députés LR à l'Assemblée qui reproche au président d'utiliser "le chéquier de la France à des fins électorales. Le 'quoi qu'il en coûte' sanitaire, oui ! Mais là on est passé à un 'quoi qu'il en coûte' électoral." L'ancien président socialiste François Hollande, dénonce, lui, une politique sectorielle :"Aujourd'hui il distribue l'argent de tous en fonction des intérêts catégoriels". Le chef de la France insoumise Jean-Luc Mélenchon, lui, s'en amuse. Dimanche dernier dans un meeting, il fait passer Emmanuel Macron pour une girouette : "Le candidat vous gorge d'annonces dont vous ne vous souvenez pas. Et d'ailleurs, ne perdez pas votre temps puisque de toutes façons, il ne les fera pas."
Rien que du grand classique en période pré-électorale. Mais la critique fait un peu plus mal quand elle vient de votre ancien Premier ministre. "Aujourd’hui, la France s’endette pour boucler ses fins de mois, nous finançons notre mode de vie sur le dos de nos enfants", déclare Édouard Philippe dans une interview. L'ancien chef du gouvernement qui fait cette critique à demi-mot sur les nombreuses annonces du chef de l'État depuis la rentrée : "Attachons-nous moins à la quantité qu’à la qualité de ces dépenses !" Pas sûr qu'il soit entendu à quelques mois de l'élection présidentielle et d'une très probable déclaration de candidature à un second mandat pour Emmanuel Macron.
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