Emmanuel Macron parle de "décivilisation" : "De la part du chef d'État du pays des Droits de l'homme, ce n'est pas possible", dénonce Sandrine Rousseau
Agression mortelle d'une infirmière de Reims, mort de trois policiers à Roubaix dans une collision avec un véhicule dont le chauffeur avait bu et s’était drogué, attaque du maire de Saint-Brevin qui démissionne... Lors du Conseil des ministres, mercredi 24 mai, Emmanuel Macron est revenu sur les violences au sein de la société, employant notamment le terme de "décivilisation". Le chef de l'Etat a déclaré : "Il faut être intraitable sur le fond". Pour lui, "aucune violence n’est légitime, qu’elle soit verbale ou contre les personnes". Il faut donc "travailler en profondeur pour contrer ce processus de décivilisation". Un terme qui a fait sursauter la classe politique.
Ainsi, si, en 2017, Emmanuel Macron faisait campagne contre les "passions tristes", en 2022 contre le "déclinisme", le mot "décivilisation" en 2023 est pourtant le titre d’un livre paru en 2011 de Renaud Camus, essayiste d’extrême droite, qui a popularisé la théorie du "grand remplacement", repris notamment lors de la campagne présidentielle d’Eric Zemmour.
Pour la gauche, réunie au même moment, mercredi 25 mai à Saint-Brevin-les-Pins (Loire-Atlantique) pour une marche contre l'extrême-droite et en soutien au maire démissionnaire Yannick Morez, l'agacement est palpable. Le leader communiste Fabien Roussel lève les yeux au ciel : "Tout ça contribue à semer le trouble dans les esprits. Ça ne contribue pas à clarifier justement les valeurs qui doivent nous rassembler : les valeurs de la République".
"Il est le principal carburant de l'extrême droite"
Dans le cortège, l'écologiste Sandrine Rousseau ne croit pas à la maladresse, ni au hasard. Selon elle, Emmanuel Macron utilise ce terme en connaissance de cause. "Ça fait partie des ambiguïtés d'Emmanuel Macron, c'est-à-dire qu'il n'arrive pas à dire le mot 'extrême droite', mais, par contre, il arrive à dire les mots de l'extrême droite, les mots des penseurs de la xénophobie, du racisme, du 'grand remplacement' et de tout ce qui est la haine de l'autre. De la part du chef d'État du pays des Droits de l'homme, ce n'est pas possible", a-t-elle dénoncé.
Pour le député insoumis Matthias Tavel, c'est une façon pour le chef de l'Etat de dérouler le "tapis rouge au RN" : "Il réhabilite Maurras, Pétain... Maintenant, il reprend des concepts qui sont liés à la pensée d'extrême droite. Franchement, il est le principal carburant de l'extrême droite et le principal responsable du brouillage des repères, des valeurs, alors qu'il devrait être l'un des principaux gardiens".
Une polémique qui exaspère l’Élysée : "Rien à voir avec le bouquin. Il ne s'en inspire pas", soutient l’un des communiquants du palais. Avant d’ajouter que la décivilisation n’est "pas un concept, mais une réalité". L’Élysée soutient que l’intention du président était "d’interpeller la société sur un climat de violence aux causes multiples, mais dont le politique ne peut être tenu pour seul responsable".
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