Bourdes, loi controversée… Ce que l'on retiendra du passage d'Emmanuel Macron au gouvernement
Le ministre de l'Economie a démissionné du gouvernement, mardi 30 août.
C'est la fin d'un suspense qui durait depuis plusieurs mois. Le ministre de l'Economie, Emmanuel Macron, a présenté sa démission du gouvernement, mardi 30 août. Enarque, inspecteur des finances, ancien banquier d'affaires et ex-secrétaire général adjoint de François Hollande à l'Elysée, Emmanuel Macron a été nommé ministre de l'Économie, de l'Industrie et du Numérique en août 2014 en remplacement d'Arnaud Montebourg. Franceinfo liste ce que l'on retiendra de son passage à Bercy.
Les "illettrées" de Gad, le rêve de devenir "milliardaire", le costard : des polémiques à répétition
Les premiers pas d'Emmanuel Macron au ministère de l'Economie sont marqués par plusieurs couacs. Moins d'un mois après sa nomination, il fait scandale, le 17 septembre 2014, avec cette déclaration sur les salariées de l'abattoir breton Gad, selon lui "illettrées" : "Il y a dans cette société une majorité de femmes. Il y en a qui sont, pour beaucoup, illettrées. Pour beaucoup, on leur explique : 'Vous n'avez plus d'avenir à Gad ou aux alentours. Allez travailler à 50 ou 60 km.' Ces gens-là n'ont pas le permis de conduire. On va leur dire quoi ? Il faut payer 1 500 euros et il faut attendre un an ?" Le jour même, interpellé à l'Assemblée, il doit rétropédaler et s'excuser.
En janvier 2015, l'ancien associé de la banque Rothschild proclame dans Les Echos, à propos des start-up : "Il faut des jeunes Français qui aient envie de devenir milliardaires." Ce qui apparaît comme une gaffe, ou du moins une contradiction dans un gouvernement de gauche. Le journaliste du Monde Thomas Wieder le rappelle alors sur Twitter.
Macron : "Les jeunes Français doivent avoir envie de devenir milliardaires." Ministre d'un Hollande qui disait : "Je n'aime pas les riches"
— Thomas Wieder (@ThomasWieder) 6 janvier 2015
En mai 2016, un échange tendu avec des militants CGT opposés à la loi Travail donne lieu à une nouvelle polémique. Après une discussion d'une dizaine de minutes, Emmanuel Macron, visiblement énervé, se défend d'avoir "des leçons à recevoir". "Si vous ne voulez pas que la France soit bloquée, arrêtez de la bloquer", lance alors le ministre à un militant, avant de continuer : "Vous n'allez pas me faire pleurer avec votre tee-shirt, la meilleure façon de se payer un costard, c'est de travailler."
>> Quand Emmanuel Macron gaffe et rétropédale
Autocars, travail du dimanche : la controversée loi Macron
A Bercy, le jeune ministre laisse son nom à une vaste loi fourre-tout "pour la croissance et l'activité". Après des mois de débats, le texte est finalement adopté sans vote, en recourant à l'article 49-3. Parmi les articles les plus contestés : ceux sur le travail du dimanche et les autocars, promus comme moyen de transport moins cher que le train.
Très contesté, notamment par la CGT, le bilan de l'ouverture des grands magasins le dimanche est mitigé, selon L'Express : "Le retour dont nous disposons de la part des commerçants est qu'il n'y a pas d'augmentation significative du chiffre d'affaires, estime Christopher Dembik, économiste de la banque danoise Saxo. Les dépenses de consommation sont apparemment réparties sur une durée plus longue."
Même constat en demi-teinte pour les cars. Côté verre à moitié plein, avec 200 lignes ouvertes, 180 villes desservies et près de quatre millions de voyageurs, les "cars Macron" ont rencontré leur public. Côté verre à moitié vide, les lignes ne sont toujours pas rentables et les tarifs vont augmenter, en raison de la concentration des opérateurs.
Des piques contre son propre camp
Au gouvernement, Emmanuel Macron apparaît comme un électron libre, qui s'affranchit volontiers de la solidarité gouvernementale. En août 2015, lors de l'université d'été du PS à La Rochelle, il s'en prend à "la fausse idée" selon laquelle "la France pourrait aller mieux en travaillant moins", rapportent Les Echos. Manuel Valls le recadre et déclare "clos" le débat sur les 35 heures. En février 2016, il qualifie d'"extrême" la déchéance de nationalité pour les terroristes, une mesure suggérée par le président Hollande. Deux mois plus tard, l'ancien banquier estime que l'impôt de solidarité sur la fortune n'est pas "un impôt optimal".
Il se démarque aussi, à maintes reprises, de Manuel Valls. Le 12 juillet dernier, lors du premier meeting de son mouvement En marche !, Emmanuel Macron s'insurge contre l'idée d'interdire le voile à l'université, défendue par le Premier ministre : "Je ne crois pas qu'il faille inventer de nouveaux textes (...) pour aller chasser le voile à l'université, pour aller traquer ceux qui, lors des sorties scolaires, peuvent avoir des signes religieux."
Le 20 août, il clôt la séquence en apothéose, en lançant, aux côtés du souverainiste Philippe de Villiers, au Puy-du-Fou : "L'honnêteté m'oblige à vous dire que je ne suis pas socialiste. Je suis dans un gouvernement de gauche."
Macron face aux journalistes en Vendée : "Je ne suis pas socialiste"
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