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Infographie Vous ne comprenez rien à l'affaire Benalla ? On vous résume l'identité et les rôles de chacun en une image

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Alexandre Benalla est au centre d'une affaire ubuesque qui implique la classe politique jusqu'au plus haut sommet de l'Etat et des hauts gradés au sein des forces de l'ordre. (FRANCEINFO)

De l'Élysée au ministère de l'Intérieur en passant par la préfecture de police de Paris, difficile de s'y retrouver dans la foule de protagonistes auditionnés à l'Assemblée et au Sénat ou mis en cause dans l'affaire Benalla.

Depuis qu'elle a été révélée par Le Monde, mercredi 18 juillet, l'affaire Benalla éclabousse la classe politique jusqu'au plus haut sommet de l'État, mais aussi des hauts gradés au sein des forces de l'ordre. Outre le comportement violent d'Alexandre Benalla, proche du président de la République, place de la Contrescarpe, à Paris), lors d'une manifestation pour le 1er-Mai, c'est le fonctionnement ubuesque des institutions qui est pointé du doigt.

Qui a autorisé Alexandre Benalla à être là ? Comment un citoyen peut-il se retrouver avec un brassard de police, un casque et une radio ? Qui était au courant de l'existence de la vidéo ? Qui a averti le chef de l'État ? En attendant les réponses à ces questions, franceinfo vous présente les rôles et les fonctions des différents protagonistes.

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Gérard Collomb Stéphane Fratacci Jean-Marie Girier Emmanuel Macron Patrick Strzoda Alexis Kohler Vincent Caure Laurent Simonin Michel Delpuech Philippe Mizerski Alain Gibelin Maxence Creusat Jean-Yves Hunault Christophe Castaner Vincent Crase

Gérard Collomb, ministre de l'Intérieur

Son rôle dans l'affaire. Responsable des forces de police, Gérard Collomb a été informé par son directeur de cabinet des violences d'Alexandre Benalla le 2 mai. Le "premier flic de France" a également précisé qu'avant de le prévenir, ses collaborateurs s'étaient "déjà entretenus avec le préfet de police et en ont informé le président de la République". Il n'est pas allé plus loin et a attendu les révélations du Monde pour saisir l'IGPN.

Sa réaction. Gérard Collomb estime n'avoir rien à se reprocher. S'il n'a pas réagi au début, c'est parce qu'il considérait "que les faits signalés étaient pris en compte au niveau adapté". Il a aussi précisé lors de son audition devant la commission d'enquête parlementaire qu'il n'avait pas été averti de la présence d'Alexandre Benalla sur le terrain en amont et qu'il ne le connaissait pas personnellement.

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Stéphane Fratacci, directeur de cabinet de Gérard Collomb

Son rôle dans l'affaire. Selon Gérard Collomb, c'est Stéphane Fratacci qui l'a informé de l'existence de la vidéo mettant en cause Alexandre Benalla dès le 2 mai. "J'ai été informé de ces vidéos l'après-midi [du 2 mai, donc] par mon cabinet qui m'a signalé en avoir référé au cabinet du président", a expliqué le ministre de l'Intérieur face à la commission d'enquête parlementaire. Ancien préfet du Grand-Est, il aurait donc géré directement avec le cabinet d'Emmanuel Macron.

Sa réaction. Entendu mercredi 25 juillet par la commission d'enquête parlementaire, il est resté très évasif. S'il a reconnu ne pas "connaître personnellement" Alexandre Benalla, il a multiplié les éléments de langage lors de son audition : "Je n'ai pas eu ces informations", "je n'ai pas d'explications", remarque France 3 Bourgogne-Franche-Comté.

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Jean-Marie Girier, chef de cabinet de Gérard Collomb

Son rôle dans l'affaire. Collaborateur de Gérard Collomb depuis 2012, Jean-Marie Girier est l'homme qui a validé l'embauche d'Alexandre Benalla au sein du parti En marche ! Selon le ministre de l'Intérieur, il est le premier membre de son cabinet à être informé de la vidéo d'Alexandre Benalla.

Sa réaction. Jean-Marie Girier ne s'est pas exprimé publiquement sur cette affaire.

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Emmanuel Macron, président de la République

Son rôle dans l'affaire. Alexandre Benalla veille sur lui depuis la campagne présidentielle et l'a suivi à l'Élysée. En déplacement en Australie au moment des faits, il a été informé le 2 mai par son directeur de cabinet. "Si les faits sont avérés, il faut prendre des sanctions", aurait-il indiqué. L'opposition lui reproche aujourd'hui d'avoir été trop clément et d'avoir attendu que l'affaire ne soit révélée pour licencier son garde du corps.

Sa réaction. "Ce qui s'est passé le 1er-Mai pour moi a été une trahison", a réagi le président, une semaine après le début de l'affaire. Emmanuel Macron a ensuite endossé la responsabilité des faits"S'ils cherchent un responsable, le seul responsable, c'est moi et moi seul" – et tenté de minimiser l'affaire, qualifiée de "tempête dans un verre d'eau".

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Patrick Strzoda, directeur de cabinet de l'Élysée

Son rôle dans l'affaire. Il a autorisé, sur le principe, Alexandre Benalla à assister aux opérations de maintien de l'ordre du 1er-Mai. Il est informé de l'existence de la vidéo dès le lendemain des faits. Il prévient alors le chef de l'État, convoque son chargé de mission et le sanctionne. Le 3 mai, dans un courrier à Alexandre Benalla, il formalise sa mise à pied pour 15 jours, du 4 au 19 mai, avec suspension de salaire. "Je vous invite (...) à faire preuve, à l'avenir, d'un comportement exemplaire", lui écrit-il. "À défaut, je mettrai fin définitivement à votre collaboration au sein des services de la présidence de la République."

Sa réaction. Patrick Strzoda a été auditionné par la commission d'enquête le 24 juillet. Il est revenu sur la suspension de 15 jours "sans traitement" et a assuré qu'il pensait que la préfecture de police de Paris était au courant de la présence d'Alexandre Benalla dans son dispositif. Il explique ne pas avoir prévenu la justice car il estimait ne pas posséder "assez d'éléments" et car "cette interpellation n'a pas donné lieu à dépôt de plainte ou ITT". Il a décidé de la sanction contre Alexandre Benalla "seul, en son âme et conscience", dit-il.

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Alexis Kohler, secrétaire général de l'Élysée

Son rôle dans l'affaire. Bras droit d'Emmanuel Macron, Alexis Kohler aurait informé le président de la République de l'existence de la vidéo, selon Le Monde. C'est par son biais que le président a été prévenu des différentes étapes de la sanction contre Alexandre Benalla.

Sa réaction. Auditionné par le Sénat jeudi 26 juillet, Alexis Kohler a assuré qu'Alexandre Benalla "n'a jamais été en charge de la sécurité du président", estimé que la saisie du procureur de la République n'était pas justifiée et reconnu qu'aujourd'hui, "la sanction peut paraître insuffisante".

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Vincent Caure, conseiller en charge des réseaux sociaux à l'Élysée

Son rôle dans l'affaire. D'après Gérard Collomb, c'est lui qui a repéré en premier la vidéo d'Alexandre Benalla sur les réseaux sociaux. Selon Le Parisien, il la montre tout de suite à son supérieur hiérarchique, Patrick Strzoda.

Sa réaction. À ce jour, il ne s'est pas encore exprimé publiquement sur l'affaire.

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Michel Delpuech, préfet de police de Paris

Son rôle dans l'affaire. Responsable des forces de l'ordre qui interviennent lors des manifestations du 1er-Mai, il a croisé Alexandre Benalla à la préfecture de police, le soir même, après son intervention place de la Contrescarpe. Le 2 mai au matin, son chef de cabinet lui révèle l'existence d'une vidéo "relatant des violences policières". Le nom de Benalla n'est pas encore mentionné. C'est Laurent Hottiaux, conseiller "intérieur et justice" du président, qui lui apprend, par téléphone, l'existence d'une "affaire Benalla". Michel Delpuech est aussi celui qui a accordé le permis de port d'arme à Alexandre Benalla le 13 octobre 2017.

Sa réaction. Le préfet de police a été auditionné le 23 juillet par la commission d'enquête. Il raconte avoir découvert, "avec surprise",  la présence d'Alexandre Benalla dans la salle de commandement de la préfecture. Lors de son audition, il a aussi assuré ne pas avoir autorisé la présence d'Alexandre Benalla et de Vincent Crase, le 1er-Mai. "Je n'ai jamais, je dis jamais, été sollicité par qui que ce soit en ce sens", affirme-t-il, précisant que si cela avait été le cas, il ne s'y serait pas opposé.

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Alain Gibelin, directeur de l'ordre public à la préfecture de police de Paris

Son rôle dans l'affaire. À la préfecture de police, Alain Gibelin est chargé des opérations de maintien de l'ordre, un poste très exposé. Devant la commission d'enquête parlementaire, il a assuré qu'il n'était pas au courant de la présence d'Alexandre Benalla à la manifestation du 1er-Mai. Mais la version est contestée par ce dernier dans son interview au Monde (article payant) : "On a déjeuné quelques jours avant. (...) À la fin, il m'a demandé si je venais toujours le 1er mai et si j'avais reçu l'équipement que je devais recevoir." Alain Gibelin a également créé la confusion en affirmant avoir croisé le chargé de mission de l'Élysée alors qu'il était censé être suspendu, avant de se rétracter.

Sa réaction. "Mon honneur est en jeu", a-t-il lancé au cours de sa seconde audition. Il réfute les propos d'Alexandre Benalla et maintient que ce dernier ne lui a jamais indiqué qu'il serait présent le 1er-Mai comme observateur. "En aucun cas, je n'ai invité monsieur Benalla sur cette manifestation", s'est-il défendu.

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Laurent Simonin, chef d'état-major adjoint de la direction de l'ordre public et de la circulation

Son rôle dans l'affaire. Selon Alexandre Benalla et Alain Gibelin, c'est lui qui a invité le chargé de mission de l'Élysée à assister aux opérations de maintien de l'ordre du 1er-Mai. Ce que confirment des SMS que Le Monde (article payant) a pu consulter. Après la révélation de l'affaire, il est soupçonné d'avoir fourni à Alexandre Benalla les images de vidéosurveillance de son intervention musclée. Ces faits lui valent d'être mis en examen pour "complicité de port illégal d'insigne", "détournement d'images issues d'une vidéoprotection" et "violation du secret professionnel".

Sa réaction. Laurent Simonin ne s'est pas exprimé sur le sujet.

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Maxence Creusat, commissaire à la direction de l'ordre public et de la circulation

Son rôle dans l'affaire. Au moment des faits, Maxence Creusat commandait la colonne de CRS qui intervenait place de la Contrescarpe, à Paris. Selon Alain Gibelin, c'est lui qui a transmis la vidéo des événements à Alexandre Benalla. Il a été mis en examen pour "détournement d'images issues d'une vidéoprotection" et "violation du secret professionnel".

Sa réaction. Maxence Creusat n'a pas réagi publiquement. Son avocat l'a fait pour lui sur Twitter : "Mon client n'entend esquiver aucune question, et notamment celle, essentielle pour comprendre ce dossier, de la proximité manifeste aux yeux du jeune commissaire qu'il est, entre la plus haute hiérarchie policière et Monsieur Benalla."

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Jean-Yves Hunault, commandant chargé de la liaison entre la préfecture de police et l'Élysée

Son rôle dans l'affaire. Il est suspecté d'avoir transmis à Alexandre Benalla les images de vidéosurveillance de la place de la Contrescarpe. Selon les propos de l'ancien garde du corps d'Emmanuel Macron, c'est lui également qui lui a remis un sac avec "un casque, un ceinturon en cuir, un masque à gaz, un brassard police et une cotte bleue marquée police et un grade de capitaine dessus".

Sa réaction. Jean-Yves Hunault ne s'est pas exprimé sur le sujet.

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Philippe Mizerski, commissaire à la direction de l'ordre public et de la circulation

Son rôle dans l'affaire. Ce commissaire était présent lors des manifestations du 1er-Mai sur la place de la Contrescarpe, à Paris. Il était chargé d'accompagner Alexandre Benalla au cours de son "observation". On le voit habillé en civil sur les vidéos. Il n'intervient pas lorsque Alexandre Benalla et Vincent Crase s'en prennent aux deux manifestants. D'après les conclusions de l'IGPN, il "ne concevait pas de faire la moindre observation à celui qui était, à ses yeux, un personnage de première importance".

Sa réaction. Il ne s'est pas encore exprimé sur le sujet.

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Christophe Castaner, délégué général de La République en marche

Son rôle dans l'affaire. Il n'a pas un rôle direct mais en tant que chef du parti présidentiel, il est le supérieur hiérarchique de Vincent Crase et pourrait donner des explications sur la présence de cet homme en tant qu'observateur, lors des manifestations du 1er-Mai.

Sa réaction. Sur CNews, Christophe Castaner a expliqué s'être "entretenu" avec son salarié. "Il ne comprend pas son geste. Il a présenté ses excuses mais ça ne suffit pas", a-t-il indiqué. Et pour expliquer la présence d'Alexandre Benalla dans le bus de l'équipe de France lors du défilé sur les Champs-Élysées, il a expliqué qu'il "était en charge de la logistique, notamment des bagages".

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Vincent Crase, salarié de La République en marche

Son rôle dans l'affaire. Ce gendarme réserviste est en charge de la sécurité au sein du parti présidentiel. Le 1er-Mai, il était avec Alexandre Benalla sur la place de la Contrescarpe, à Paris, lui aussi en tant qu'observateur. Sur les vidéos, on le voit participer à l'intervention musclée contre les deux manifestants. Il porte une arme à la ceinture, sans que la préfecture ne lui en ait donné l'autorisation. Il a été mis en examen pour "violences en réunion par personne chargée d'une mission de service public", "immixtion dans l'exercice d'une fonction publique" et "port prohibé" d'une arme à feu.

Sa réaction. Il ne s'est pas encore exprimé publiquement sur l'affaire.

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