Affaire Benalla : "La majorité s'enferre dans le déni et dans la tentative d'obstruction"
Selon Danièle Obono, députée La France insoumise de Paris, l'exécutif et les élus La République en marche veulent empêcher les parlementaires de mener à bien leur devoir d'enquête et de contrôle.
Danièle Obono, députée La France insoumise de Paris et membre de la commission des Lois, a déclaré samedi 21 juillet sur franceinfo que "la majorité s'enferre dans le déni et dans la tentative d'obstruction", à propos de l'affaire Benalla. Cette commission a finalement décidé d'auditionner publiquement le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, lundi 23 juillet à 10 heures. Ce dossier paralyse depuis jeudi les débats à l'Assemblée nationale, qui planche actuellement sur la révision de la Constitution.
franceinfo : Comment s'est déroulée la session de la commission samedi matin ?
Danièle Obono : Dans une situation aussi grave, on aurait aimé voir plus d'humilité de la part des députés LREM et surtout un peu plus de rectitude dans l'organisation des débats. Lors de la réunion de cette commission d'enquête, les élus de la majorité ont, semble-t-il, enfin reçu des consignes. Pendant 48 heures, ils étaient tétanisés, ils n'avaient plus d'ordres, plus de direction. Désormais, les consignes sont de tout faire pour éviter que cette commission d'enquête ne travaille avec les moyens et la latitude qu'il faut.
Avez-vous obtenu satisfaction, avec l’audition publique de Gérard Collomb et du préfet de police de Paris, Michel Delpuech ?
Nous avions demandé à recevoir monsieur Collomb aujourd'hui, ce samedi matin à 9h30. La majorité a fait capoter la réunion d'hier soir, où ces propositions ont été faites, en refusant également la publicité des débats. Nous avons dû siéger ce matin pour qu'ils acceptent enfin que les débats aient lieu, comme il est coutume, de manière publique. Sur ces questions, tous les groupes d'opposition ont dû arracher le minimum respect de l'Assemblée nationale et des parlementaires de la part de la majorité. Dans cette histoire, comme disent les Américains à propos du Watergate, "it's not the crime, it's the cover up" : ce ne sont pas tant les faits, même s'ils sont graves, mais la manière dont on essaie de camoufler la vérité. Là, on voit une majorité, de l'exécutif à la majorité parlementaire, qui s'enferre dans le déni et dans la tentative d'obstruction, qui veut empêcher les parlementaires de faire leur devoir, qui est de contrôler l'action du gouvernement sur un sujet particulièrement grave.
Pourquoi vous êtes-vous abstenue ce matin sur la question de la publicité des débats ?
Nous désapprouvons la manière dont la majorité a tenté de saboter cette commission. Hier soir, le bureau de la commission des Lois, où ont été acceptés tous les représentants des groupes parlementaires, avait fait un certain nombre de propositions. C'est la majorité qui a claqué la porte de cette commission, en refusant tout net la majorité des débats et les propositions soutenues par tous les autres groupes. La présidente, Yaël Braun-Pivet, a décidé de convoquer la commission des Lois dans son ensemble, ce qui signifie que désormais s'applique la loi de la majorité. Les députés LREM, en majorité, peuvent donc faire entériner ce qu'ils veulent. Ce matin, elle nous a fait la liste de ce qui était acceptable de leur point de vue, en décidant que monsieur Collomb serait convoqué lundi et a levé la séance sans autre forme de procès, en empêchant une partie des députés de parler. Notre abstention marque notre désaccord sur les méthodes utilisées par la majorité, qui veut faire jouer le fait majoritaire pour dicter la loi de cette commission.
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