Comment Christiane Taubira est montée en puissance
Son passage dans "Des paroles et des actes", jeudi, vient clôturer une saison plus que positive pour la ministre de la Justice.
Christiane Taubira a de quoi faire sa rentrée médiatique avec le sourire. La ministre de la Justice, invitée de France 2 pour "Des paroles et des actes" jeudi 5 septembre, sort en effet d'une séquence estivale où son poids au sein du gouvernement s'est considérablement renforcé.
De ses joutes avec l'opposition au bras de fer l'opposant à Manuel Valls, francetv info vous raconte l'ascension de la ministre de la Justice.
1Le mariage pour tous lui a offert une tribune
Christiane Taubira est sortie de l'hiver épuisée, mais ravie. Le 12 février aux aurores, au terme de 172 heures de débat sur l'ouverture du mariage aux couples homosexuels, elle tombe dans les bras du président de l'Assemblée nationale, avec un nouveau statut. Celui de poids lourd de la majorité, dont la pugnacité sur ce dossier est saluée par son camp, et la combativité reconnue par ses adversaires, comme le relève alors Libération.
La presse, du Figaro aux Inrockuptibles, la propulse au rang d'icône du mariage pour tous. Sa cote de popularité grimpe en flèche : en octobre 2012, 27% des personnes interrogées par l'institut Ipsos indiquent porter un jugement favorable sur l'action de la ministre de la Justice. En mars, ils sont 37%.
2Une "anti"-Manuel Valls
Quelques mois après le débat sur le mariage pour tous, le projet de réforme pénale donne à Christiane Taubira l'occasion de revenir sous les projecteurs. Au cœur de l'été, Le Monde publie une lettre envoyée à l'Elysée par Manuel Valls. Le ministre de l'Intérieur s'y inquiète de plusieurs propositions venues de la place Vendôme, comme la suppression des peines plancher pour les récidivistes ou le refus de construire des prisons supplémentaires. Il demande à François Hollande de trancher.
Etre prise pour cible donne à Taubira l'opportunité d'apparaître comme le pendant de Valls sur l'aile gauche du gouvernement. Lui incarne le répressif, elle l'accompagnement des condamnés pour prévenir la récidive. L'historien Jean Garrigues estime que les deux ministères sont "le yin et le yang" : "D'un côté l'ordre et la fermeté, de l'autre la justice et la liberté."
Manichéenne, cette comparaison a toutefois le mérite d'être fédératrice pour les militants socialistes. Réunis à La Rochelle fin août à l'occasion des universités d'été du PS, ils réservent à la ministre de la Justice un accueil triomphal.
3Prise pour cible par la droite, elle réplique
La réforme pénale a également valu à Christiane Taubira de concentrer les critiques de l'opposition. Au cours du seul mois d'août, l'UMP publie douze communiqués torpillant le projet de la garde des Sceaux. La plupart dénoncent une "impunité institutionnelle", un "laxisme judiciaire" ou encore une "culture de l'excuse" prônée par la ministre.
Taubira ne se laisse pas faire. Le 7 août, elle prend un malin plaisir à retourner les arguments de la droite lorsqu'une erreur datant de l'ère Chirac oblige la justice à libérer des détenus. Elle se dit alors "extrêmement préoccupée par ce laxisme de la droite, (…) qui a pris des risques considérables pour la sécurité des Français et pour la protection des victimes".
Invitée surprise de l'université des écologistes, le 22 août à Marseille, elle défend encore sa réforme, avant même que François Hollande rende son arbitrage. "Nous sortons de dix ans d’endoctrinement, de dix ans d’instrumentalisation des victimes. En un an, nous avons fait davantage pour les victimes que l'ancien gouvernement en cinq ans."
4Adoubée par François Hollande
Lorsque le président de la République se prononce finalement sur la réforme pénale, beaucoup y voient une victoire de Christiane Taubira face à Manuel Valls. François Hollande confirme en effet la création d'une peine de probation, ainsi que la suppression des peines plancher – deux mesures phares portées par Taubira.
Même si, comme le relève Le Point, d'autres éléments importants de la réforme ont été trappés par le chef de l'Etat, la ministre de la Justice donne l'impression d'avoir remporté son bras de fer. Et s'en félicite dans un entretien au Monde. Le député UMP Eric Ciotti juge même qu'"il y a un vainqueur, Taubira, et deux perdants, les victimes de la délinquance et Manuel Valls". Sur la forme, difficile de lui donner tort : cet été, le nom de Christiane Taubira était sur toutes les lèvres.
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