Corse : après la levée du statut de "détenu particulièrement surveillé" d'Alain Ferrandi, son fils espère sa libération
Alain Ferrandi a été condamné à la réclusion à perpétuité pour son rôle dans l'assassinat du préfet Erignac. Après la levée de son statut de DPS, son fils Simon Paulu Ferrandi estime que "la justice est passée". Il l'a confié à franceinfo.
"Bien sûr, j’ai souffert, mais comme tous les enfants qui grandissent avec un père en prison" : Simon Paulu Ferrandi avait 4 ans quand son père a été arrêté en 1999. Alain Ferrandi, considéré comme le "chef" du commando qui a assassiné le préfet Erignac à Ajaccio, en 1998. Il a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité, comme Yvan Colonna et Pierre Alessandri. Et après Yvan Colonna, dont le statut de détenu particulièrement signalé (DPS) a été levé après l’agression dont il a été victime, les deux autres membres du commando ont eux aussi vu ce statut levé, vendredi 11 mars, après neuf jours de tensions en Corse.
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Après 22 ans et demi d’éloignement, les familles voient désormais la perspective d’un rapprochement des détenus. Car si Simon Paulu Ferrandi a "souffert", il y a une différence avec d’autres enfants de détenus : le statut de DPS qui éloignait son père dans des prisons du nord de la France – Clairvaux, Lille, Poissy –, imposait des contacts rares et limités et aucune possibilité de permission. Aujourd'hui, après la levée de ce statut, Simon Paulu Ferrandi a pu parler à son père. "Il était content, confie-t-il à franceinfo. Après, on attend la suite. Ils ont levé le statut, c'est une première étape. Nous, on demande une conditionnelle possible depuis quatre ans maintenant, qui a été acceptée par le juge d'application des peines. Evidemment, on pense à la libération, maintenant."
"Le but de la prison en France, c'est la réinsertion"
Alain Ferrandi est éligible à une mesure de semi-liberté au vu de son comportement en prison. Et à l'instar de Pierre Alessandri, autre membre du commando, il peut prétendre à une libération conditionnelle depuis mai 2017. Son éventuel transfert de Poissy vers la prison de Borgo, près de Bastia, désormais possible, pourrait s’accompagner d’une mesure d’aménagement de peine. "Leur parcours carcéral parle pour eux, assure Simon Paulu Ferrandi. Ils n'ont jamais eu de problème en prison, ils se sont toujours comportés de manière exemplaire, ils travaillent. Ils ont effectué leur peine et nous, on attend cette libération."
Durant ses visites en prison Simon Paulu Ferrandi a voulu parler avec son père de l’assassinat du préfet Erignac. Il confirme aujourd'hui les regrets de celui qui était alors l'organisateur du commando. "Il a dit clairement qu'il regrettait. On pense à la douleur de la famille, c'est évident. Aujourd'hui, on n'est pas là pour rejuger ou pour refaire l'historique de ce qui s'est passé. Aujourd'hui, on est là pour dire que la justice est passé. Le but de la prison en France, c'est la réinsertion. Ils peuvent en bénéficier, il n'y a pas de raison qu'ils n'en bénéficient pas."
Tandis que les familles attendent le transfert à Borgo des détenus, le tribunal d'appel va examiner le recours du parquet national antiterroriste (Pnat) sur l'aménagement de peine avec régime de semi-liberté accordé par le tribunal d'application des peines antiterroriste à Alain Ferrandi, qui a aujourd'hui 61 ans.
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