: Vidéos Trois moments clés du procès de l'ex-médecin de l'équipe américaine de gymnastique pour abus sexuels
A l'issue d'une semaine d'un procès hors normes, Larry Nassar a été condamné, mercredi à Lansing (Etats-Unis) à la prison à perpétuité. Il a agressé sexuellement près de 160 jeunes femmes, dont beaucoup étaient mineures au moment des faits.
"A ta mort, tu iras en enfer", "J'ai l'impression d'avoir perdu toute joie de vivre", "Tu m'as manipulée (...) pour ton seul plaisir sexuel tordu". Une centaine de jeunes gymnastes, dont certaines figures les plus célèbres de la discipline, se sont succédé à la barre dans un procès hors du commun, à Lansing (Michigan, Etats-Unis) du 17 au 24 janvier.
Au total, le tribunal a reçu près de 160 témoignages de victimes, dont certaines ont révélé avec émotion, lors des audiences, leur calvaire et la difficulté pour se reconstruire. Dans le sillage de l'affaire Weinstein, elles ont raconté les agissements d'un prédateur sexuel caché, pendant près de vingt ans, derrière l'image d'un ostéopathe bienveillant avec les athlètes. Un moment de catharsis collective, diffusé en direct à la télévision américaine. Larry Nassar a été condamné, mercredi 24 janvier, à une peine allant de 40 à 175 années de prison pour sept chefs d'inculpation. Agé de 55 ans, il passera le restant de sa vie en prison. Franceinfo revient sur les trois moments poignants de ce procès historique.
"Tu n'es rien" : la colère d'Aly Raisman, triple championne olympique
Parmi les athlètes qui ont témoigné à la barre, Aly Raisman, triple championne olympique et capitaine d’équipe en 2012 et 2016, a livré un témoignage bouleversant durant le procès. Cette star de la gymnastique américaine a confronté son agresseur, les yeux dans les yeux. "Désormais, nous, ces femmes que tu as abusées sans relâche pendant longtemps, sommes une force et tu n'es rien", a déclaré la jeune femme de 23 ans, se qualifiant de "survivante".
Le discours poignant d'Aly Raisman, triple championne olympique, à l'homme qui l'a agressée sexuellement... pic.twitter.com/SyFES9UnYU
— Brut sport (@brutsport) 23 janvier 2018
"Depuis que nous sommes enfant, on nous apprend à faire confiance au docteur. Tu es tellement tordu. Je n’arrive même pas à saisir l’ampleur de la colère que je ressens quand je pense à toi", a poursuivi la gymnaste d'un ton ferme, des larmes aux yeux. Aly Raisman a également réclamé une enquête indépendante pour comprendre comment l’ancien médecin de l’équipe américaine a pu sévir pendant tant d’années, en toute impunité.
Olympic Gold Medalist Aly Raisman tells former USA Gymnastics team doctor Larry Nassar “the tables have turned”: “We, this group of women you so heartlessly abused...are now a force, and you are nothing.” https://t.co/ZZo071TO2M pic.twitter.com/YdL2mrEBqY
— ABC News Politics (@ABCPolitics) 19 janvier 2018
Les coéquipières d'Aly Raisman ont toutes révélé avoir été des victimes de Larry Nassar. Le 15 janvier, Simone Biles, quadruple championne olympique de gymnastique, a ainsi affirmé avoir été abusée sexuellement par le médecin. "Je n'ai plus peur de raconter mon histoire", a-t-elle déclaré dans un communiqué publié sur Twitter.
"La dernière enfant dont vous abuserez" : le témoignage de la plus jeune victime
L'une des interventions les plus remarquées a été celle d'Emma Ann Miller. La jeune femme, qui avait commencé à consulter Larry Nassar à l'âge de 10 ans, est la plus jeune victime à témoigner. Son aplomb et son courage ont été largement salués par les médias américains. Pendant près de vingt minutes, retenant ses larmes, l'adolescente de 15 ans a affronté son agresseur. Sa dernière séance avec le médecin remontait à août 2016. "Je suis sans doute la dernière fille dont vous abuserez", a-t-elle lancé à Larry Nassar.
Elle a également dénoncé l'attitude de l'université du Michigan (MSU), où des coachs entraînaient les athlètes américaines et où Larry Nassar exerçait comme ostéopathe. Elle a ainsi affirmé que l'établissement scolaire continuait de lui facturer des consultations qu'elle avait eues avec son agresseur. Plusieurs figures de cette institution avaient reçu des plaintes concernant l'attitude de l'ostéopathe, mais n'ont pas réagi. "Vous m'entendez, la MSU ? J'ai 15 ans et vous ne me faites pas peur, je n'aurai jamais peur de vous."
Accompagnée de sa mère, la jeune femme a fait part de sa colère à l'accusé : "Larry Nassar, je te déteste. Mais ne t'excite pas trop vite. Tu ne vas sûrement plus jamais parler avec une femme. A part celles qui portent un pistolet, un taser et une matraque." La jeune femme parle également de "ses sœurs", référence à l'expression "sœurs survivantes" utilisée par la juge Rosemarie Aquilina pour qualifier les plaignantes.
"Je viens de signer votre arrêt de mort" : la réaction implacable de la juge
Outre les plaignantes, la juge fut l'une des figures de ce procès. Pendant une semaine, Rosemarie Aquilina a été intraitable avec Larry Nassar, insistant pour qu'il entende chacune de ses accusatrices. "Vous trouverez peut-être ça difficile d'être ici, à écouter. Mais rien n'est aussi dur que ce que vos victimes ont enduré durant des milliers d'heures entre vos mains", a-t-elle tancé. Intransigeante, elle a même été jusqu'à jeter la lettre d'excuses où l'ex-médecin demandait à ne plus entendre ces témoignages. Son geste a immédiatement été salué par de nombreux internautes, notamment des femmes.
This is a gif of Judge Rosemarie Aquilina tossing a bullshit letter Larry Nassar wrote about how “hard” it is for him to hear his victims testify. The level of badassary within this woman is untouchable. <3 pic.twitter.com/akCEz7PvTo
— Greg Hahn (@greg_hahn) 25 janvier 2018
Au moment de l'annonce de la condamnation, Rosemarie Aquilina lui a soutenu calmement : "Je viens de signer votre arrêt de mort." Avant de poursuivre : "Vous ne méritez pas de sortir un jour de prison (...) Je sens que vous ne comprenez pas que vous êtes un danger. Je suis une juge qui croit en la vie et en la réhabilitation quand c'est possible (...) Je ne pense pas que cela soit possible pour vous." Larry Nassar a été condamné à une peine allant de 40 à 175 années de prison. Une sentence qui s'ajoute à une condamnation à 60 ans de réclusion pour pédopornographie.
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