Etats-Unis : que risque Donald Trump après l'intrusion de ses partisans dans le Capitole ?
Mercredi, avant l'envahissement du Capitole, il s'est adressé à des milliers de partisans à Washington en les appelant à "ne jamais concéder la défaite". Un discours qui pourrait être interprété comme un appel à l'insurrection.
Des images hallucinantes dans une démocratie. A Washington, des centaines de partisans de Donald Trump ont envahi, mercredi 6 janvier, le Capitole, juste après un discours enflammé de l'actuel président des Etats-Unis. "Nous n'abandonnerons jamais. Nous ne concéderons jamais" la défaite, a-t-il lancé à ses supporters. "Nous ne reprendrons jamais notre pays en étant faibles. (…) Vous devez être forts. Je sais que tout le monde ici marchera bientôt vers le Capitole, pour pacifiquement, patriotiquement faire entrer vos voix."
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Quelques minutes plus tard, les trumpistes ont fait irruption dans le siège du Parlement américain alors que le Congrès était en train de valider la victoire à la présidentielle du démocrate Joe Biden, qui entrera en fonction le 20 janvier 2021. Que risque Donald Trump pour ses propos ayant pu être interprétés comme un appel à la force ? Probablement pas grand-chose. Explications.
Etre poursuivi en justice : quasi-impossible, il bénéficie de l'immunité présidentielle
Dans le cadre de son mandat, Donald Trump bénéficie de l'immunité présidentielle. "Il ne peut pas être poursuivi puisqu'il est toujours en fonction, déclare à franceinfo Lauric Henneton, spécialiste des Etats-Unis, maître de conférences à l'université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines et auteur de l'ouvrage Le rêve américain à l'épreuve de Donald Trump (éd. Vendémiaire, 2020). En plus, estime-t-il, il ne risque plus rien puisqu'il a admis la fin de son mandat."
Donald Trump a en effet reconnu tôt jeudi, après la certification par le Congrès de l'élection de Joe Biden à la Maison Blanche, que sa présidence touchait à sa fin. Il a promis une "transition ordonnée". "Même si je suis en complet désaccord avec le résultat de l'élection, et les faits me soutiennent, il y aura une transition ordonnée le 20 janvier", a assuré le président américain dans un communiqué.
Etre démis de ses fonctions pour raisons de santé : peu vraisemblable
L'assaut du Capitole par les trumpistes a néanmoins choqué jusqu'au sein même du Parti républicain. Même si Donald Trump n'a plus que treize jours pour exercer ses fonctions avant l'investiture de Joe Biden le 20 janvier, les dirigeants du parti se demandent "s'il ne convient pas d’invoquer le 25e amendement de la Constitution américaine, qui démet le président de ses fonctions pour le remplacer par le vice-président, Mike Pence", rapporte le correspondant de France Télévisions à Washington, Loïc de la Mornais. Selon Le Parisien, certains élus se demandent s'ils ne pourraient pas mettre en avant la santé mentale, selon eux défaillante, du chef de l'Etat.
Pour Lauric Henneton, il est peu vraisemblable que ce 25e amendement puisse servir. "Que prévoit le 25e amendement ? Quand un président est considéré comme inapte par exemple pour raisons de santé, le pouvoir est transféré au vice-président. Cette mesure peut d'ailleurs être temporaire. Quand George W. Bush [président des Etats-Unis de 2001 à 2009], par exemple, a subi une opération, son pouvoir a été transféré temporairement au vice-président. Mais ici, c’est du jamais-vu. Il ne s’agit pas de raisons médicales classiques." Quant au motif psychiatrique, non seulement il n'est pas mentionné par la Constitution américaine, mais il est difficilement recevable sans examiner Donald Trump. Ce qui nécessiterait son accord, peu probable à moins de deux semaines de la fin de ses fonctions.
Etre destitué : difficile, et le délai est trop court
Toujours au sein du parti Républicain, d’autres discussions ont lieu pour savoir s’il ne faut pas relancer à nouveau un procès en destitution, alors qu'en février dernier, Donald Trump avait été acquitté au terme d'un procès qui avait duré quinze jours. Une éventualité que Lauric Henneton juge peu probable. "Il n'y a ni le temps, ni l'opportunité de mettre en place une procédure de destitution alors que Joe Biden sera en fonction dans treize jours", explique-t-il.
Et même si le délai était suffisant, la volonté politique serait-elle au rendez-vous au Sénat ? L'universitaire rappelle que cette destitution, pour être effective au terme de la procédure dite "d'impeachment", requiert "le vote aux deux tiers" du Sénat américain. Or, si des élus républicains, à commencer par le vice-président, Mike Pence, ont spectaculairement désavoué le président Trump dans son refus de reconnaître la victoire de Joe Biden, d'autres ne sont pas sur la même longueur d'onde.
"Les sénateurs qui comptent se représenter, ou qui ont des vues sur la présidentielle américaine, comme Ted Cruz ou Josh Hawley, ne veulent pas insulter l’avenir et les 74 millions d’électeurs de Donald Trump. Ils ne voudront pas être considérés comme 'traîtres à la cause' et refuseront de s’aliéner les irréductibles", détaille Lauric Henneton.
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