Donald Trump inculpé : ce qu'il faut retenir de la comparution de l'ancien président pour complot contre les institutions américaines

Le milliardaire, grand favori de la droite pour l'élection de 2024, a comparu jeudi devant un tribunal fédéral de Washington, situé non loin du Capitole, que ses partisans avaient envahi le 6 janvier 2021. L'ex-président américain a plaidé non coupable.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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L'ancien président américain Donald Trump arrive à l'aéroport Ronald-Reagan, en Virginie, pour comparaître devant un tribunal fédéral à Washington (Etats-Unis), le 3 août 2023. (TASOS KATOPODIS / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP)

Il s'est défendu contre une accusation fracassante et d'une gravité inédite. L'ex-président des Etats-Unis Donald Trump a comparu, jeudi 3 août, devant une juge d'un tribunal fédéral de Washington, pour avoir orchestré un complot contre les institutions américaines après sa défaite à l'élection de 2020. C'est la troisième fois depuis mars que le grand favori du Parti républicain pour la présidentielle de 2024 est inculpé au pénal. Mais il est cette fois accusé d'avoir mis en danger le fondement même de la démocratie américaine en cherchant à faire dérailler le processus électoral. Franceinfo fait le récit de cette audience.

Il était très attendu par des partisans et des opposants

Juste avant la venue de l'ancien président américain, candidat à la présidentielle de 2024, une certaine effervescence règne au tribunal fédéral de Washington, à proximité du Capitole, le siège du Congrès, pris d'assaut par des centaines de ses partisans chauffés à blanc pour y empêcher la certification de la victoire de Joe Biden le 6 janvier 2021. Comme le constate le journaliste de franceinfo sur place, des manifestants anti et pro Donald Trump ont fait le déplacement. L'un d'eux agite un immense drapeau "Trump 2024" devant l'entrée de l'édifice, placé sous haute sécurité. "Je suis avec mon drapeau et je passe du bon temps. Parce que ce que font les démocrates contre lui, en fait, ça les détruit. Tout ce qui arrive aujourd'hui sera positif d'une façon ou d'une autre", déclare l'un de ses partisans. "S'il ne va pas en prison, ce sera un simulacre de justice", s'exclame, en face, l'un de ses opposants.

Des partisans et des opposants de Donald Trump manifestent, le 3 août 2023, à Washington (Etats-Unis), près du tribunal fédéral où il comparaît. (ALLISON BAILEY / NURPHOTO / AFP)

En plus de la centaine de journalistes accrédités pour suivre le procès dans l'enceinte du tribunal, ils sont des dizaines, voire des centaines, de reporters à être installés dehors sous le ciel gris de Washington. Regroupées derrière les barrières métalliques déployées tout autour du tribunal, les équipes de télévision font le pied de grue pour raconter cette tempête judiciaire inédite.

A son arrivée, Donald Trump ne prend pas la parole. Mais à l'issue de l'audience, devant la presse, sous un grand parapluie noir, il se désigne comme un "opposant politique" en ce "jour très triste" pour les Etats-Unis. Comme à son arrivée, il quitte le tribunal avec son cortège d'imposantes voitures noires, suivies en direct sur les télévisions américaines, pour aller reprendre l'avion à l'aéroport Ronald-Reagan, au sud de la capitale fédérale.

Il a plaidé "non coupable"

Donald Trump apparaît entouré de ses avocats, peu avant 16 heures (heure de Washington), avec son éternelle cravate rouge. Dans la salle est présent Jack Smith, sa bête noire. Ce procureur spécial à la barbe finement taillée est chargé des enquêtes fédérales visant le milliardaire républicain. Cinq mètres et une table de bois les séparent. Pendant les longues minutes où les deux parties attendent que la juge arrive, Jack Smith regarde Donald Trump avec insistance. L'ancien président en campagne, lui, semble l'éviter, parle avec ses avocats, remue ses mains comme pour faire passer le temps.

Puis, la juge fédérale arrive. Moxila Upadhyaya détaille les charges et les peines maximales de prison encourues par Donald Trump. L'acte d'accusation de 45 pages, qui fait notamment état d'un "projet criminel", reproche à l'ex-président des Etats-Unis d'avoir sapé les fondements de la démocratie américaine en tentant de subvertir le processus de comptabilisation des suffrages de plus de 150 millions d'Américains. Des inculpations inédites et d'autant plus graves qu'il était alors le président en exercice. Lorsque Donald Trump se lève, la juge lui demande comment il compte répondre à ces charges qui le visent. "Non coupable", répond-il à l'ensemble des accusations. Puis, il va se rasseoir.

Il a demandé plus "de temps" pour sa défense

L'audience, procédurale, n'a pas duré plus d'une demi-heure. C'était assez pour permettre à la défense de fourbir ses arguments. Ainsi, les avocats de Donald Trump se sont élevés contre la demande de procès rapide formulée mardi par Jack Smith. Car, assurent-ils, un "procès sans délai" ne laisserait pas assez de marge pour préparer la défense du ténor républicain. "Il nous faut du temps" pour étudier de grandes quantités de données, plaide l'un d'entre eux, John Lauro. "Je peux assurer à tout le monde qu'il y aura un processus et un procès équitable", répond la juge Moxila Upadhyaya.

Une prochaine audience, qui doit déterminer la date du procès, a été fixée au 28 août. Cette fois, elle se tiendra sous l'autorité de la juge fédérale Tanya Chutkan. La magistrate est connue pour avoir prononcé des peines sévères à l'encontre de certains participants à l'assaut du Capitole. "Les présidents ne sont pas des rois", avait-elle déclaré, en novembre 2021, pour rejeter une demande de Donald Trump de bloquer la divulgation d'informations sur ses agissements lors de l'assaut mené dix mois plus tôt. Une phrase inscrite sur une pancarte brandie par un manifestant aux abords du tribunal, jeudi.

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