: Vidéo Verdict dans l'affaire George Floyd : "C'est le procès d'un homme et non pas d'un système", estime la chercheuse Marie-Cécile Naves
Reconnu coupable du "meurtre" de George Floyd, l'ancien policier Derek Chauvin qui comparaissait libre a été emmené menotté pour être incarcéré. Il encourt 12 ans et demi de prison pour l'accusation la plus grave. C'est "extrêmement rare" aux États-Unis, souligne Marie-Cécile Naves.
"C'est vraiment le procès d'un homme et non pas d'un système", analyse Marie-Cécile Naves, directrice de recherches à l'Institut des relations internationales et stratégiques (Iris), spécialiste des États-Unis, mercredi 21 avril sur franceinfo. Le policier Derek Chauvin a été reconnu coupable du meurtre de George Floyd mardi soir. L’homicide de cet homme noir l’an dernier à Minneapolis était devenu le symbole des brutalités policières sur les minorités aux États-Unis et avait généré des manifestations dans le monde entier, y compris en France. "C'est extrêmement rare que les policiers qui sont soupçonnés de violences, de meurtre contre des citoyens, soient poursuivis. Et condamnés, c'est encore plus rare", souligne la chercheuse.
franceinfo : Le président des États-Unis Joe Biden a décroché son téléphone pour appeler la famille de la victime après la décision de justice. C’est extrêmement rare. Est-ce le signe d’un verdict historique ?
Marie-Cécile Naves : C'est extrêmement rare que les policiers qui sont soupçonnés de violences, de meurtre contre des citoyens, soient poursuivis. Et condamnés, c'est encore plus rare. C'est un verdict à l'unanimité, sinon il n'y aurait pas eu de verdict.
"L'Amérique n'est pas divisée entre les noirs et les blancs. Ce n’est pas du tout ce qui se passe aux États-Unis. C'est vraiment une division politique entre les démocrates et les républicains."
Marie-Cécile Navesà franceinfo
Et on a vu que le procès découle d'une immense mobilisation qui a eu dans le pays depuis le printemps 2020 jusqu'à la présidentielle, où on a vu, pas seulement des noirs dans les manifestations, mais beaucoup de blancs de toutes les générations dans les quartiers chics. Donc, ce sont vraiment des manifestations, des mobilisations contre les discriminations et les violences raciales, racistes, qui traversent toute la société et qui ne sont pas uniquement du côté des minorités.
Dans ce contexte, Joe Biden aura-t-il du mal à ramener les républicains dans son sillage ?
Depuis qu'il est arrivé à la Maison Blanche, il s'efforce d'être dans une démarche la plus bipartisane possible, de faire voter les grands plans de relance, le prochain plan sur les infrastructures, en essayant de rassembler au maximum les républicains. Ce n'est pas facile, d'autant que du côté des républicains, il y a un certain nombre de lois qui sont votées, dont la première en Géorgie il y a quelques semaines, visant à restreindre considérablement l'accès au vote des minorités et en particulier des noirs, en interdisant le "early voting", le vote par anticipation, notamment le dimanche qui précède le jour de l'élection, parce qu'on sait que les noirs, en sortant de l'office religieux, se rendent ensemble au bureau de vote.
"On n'est pas du tout, du côté républicain, dans une volonté d'apaisement. Au contraire, on est plutôt dans une volonté de restreindre la démocratie."
Marie-Cécile Navesà franceinfo
On voit bien que toutes ces représentations racistes issues de l'esclavage et de la ségrégation sont encore très présentes. Mais ce qu'il faut dire quand même, c'est que le verdict contre Derek Chauvin n'est pas le procès d'un système, c'est vraiment le procès d'un homme.
L'adversaire pour 2024, déjà déclaré, de Joe Biden, c'est son prédécesseur Donald Trump, qui engrange déjà des millions de dollars pour sa campagne et qui joue, lui aussi, sur la division et jette de l'huile sur le feu...
Bien sûr, l'Amérique est très divisée depuis plusieurs décennies mais on sort d'une présidence Trump qui a soufflé sur les braises de tous les clivages sociaux, genrés, raciaux qui n'a cessé de donner des gages à l'extrême droite, au Ku Klux Klan, et l’aboutissement, c'est la tentative d’insurrection le 6 janvier dernier au Capitole. A contrario, Joe Biden est vraiment dans un discours d'apaisement, de rassemblement, et d'ailleurs, il essaie dans les grandes lois, notamment dans le grand plan de relance qui vient d'être adopté, de cibler les inégalités, les discriminations raciales dans les questions économiques, dans l'accès à la santé, peut-être très bientôt dans la question de la réduction de la dette étudiante.
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