: Reportage Elections de mi-mandat aux Etats-Unis : un scrutin "crucial" pour le droit à l'avortement dans l'Arizona
Depuis que la Cour suprême a révoqué en juin dernier la jurisprudence qui garantissait ce droit, 13 États ont déjà interdit l'IVG. L'Arizona, qui élit son nouveau gouverneur mardi 8 novembre, pourrait être le prochain sur la liste. Reportage à Phoenix auprès des anti et des pro-avortement.
L'image n'a plus rien de surprenant. Comme presque tous les jours, des militantes anti-avortement, chapelet dans les mains, se rassemblent devant cette clinique de Phoenix pratiquant l'interruption volontaire de grossesse depuis 23 ans. Ces femmes tentent d'interpeller les patientes pour les faire changer d'avis. "On aime les bébés, on ne veut pas qu'il soit massacrés", affirme Lynn, 78 ans, pleine d'espoir à l'approche des élections de mi-mandat, "les plus importantes que nous ayons jamais eu", dit-elle.
Mardi 8 novembre, les électeurs américains renouvellent entièrement la chambre des représentants, une partie du Sénat mais aussi 36 mandats de gouverneur comme ici en Arizona, dans le Sud-Ouest des Etats-Unis. "J'espère que Kari Lake, la candidate républicaine sera élue gouverneure, poursuit Lynn. Elle est 'pro-life' (anti-avortement)". La septuagénaire ne souhaite qu'une chose, une interdiction totale de l'avortement.
Des candidats républicains "radicaux"
À l'accueil de la clinique, une jeune femme est contrainte de faire demi-tour. Le planning est déjà complet et il est à peine 8 heures du matin. La file d'attente se forme bien avant l'ouverture. Douze IVG sont pratiquées en moyenne par jour, précise le docteur Gabrielle Goodrick, directrice du centre. Elle a dû suspendre son activité pendant deux semaines au début de l'été. En juin, après la révocation par la Cour suprême de la jurisprudence qui garantissait le droit à l'avortement aux États-Unis, un tribunal de l'Arizona a saisi l'occasion pour faire appliquer une loi d'un autre siècle. "Une loi de 1864 qui interdit l'avortement sauf pour sauver la vie de la patiente", se désespère le docteur Goodrick qui n'en revient toujours pas. Ce texte interdit l'IVG même en cas d'inceste ou de viol et prévoit des peines allant de deux à cinq ans pour toute personne aidant une femme à avorter.
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La bataille judiciaire menée par le Planning familial américain - qui a fait appel de la décision du tribunal local - a figé la situation. Et en attendant que la justice tranche d'ici la fin de l'année, c'est une autre loi qui s'applique. L'avortement est prohibé au delà de 15 semaines de grossesse. Mais alors que les habitants de l'Arizona s'apprêtent à se rendre aux urnes, le Dr Goodrick s'inquiète : "Le droit à l'avortement est l'un des enjeux de ces élections". Elle le reconnaît, les candidats républicains font moins de zèle en ce moment pour demander une interdiction totale parce qu'ils savent qu'une majorité des électeurs n'en veulent pas. "Mais s'ils sont élus, je suis sûre qu'ils feront pression pour avoir une interdiction totale car ces candidats sont radicaux."
"En 30 ans de vie ici, je n'ai jamais connu une élection aussi cruciale qui peut affecter mes patientes, mon équipe et moi directement".
Gabrielle Goodrick, directrice d'un centre IVG de Phoenixà franceinfo
Si l'avortement devient illégal en Arizona, Gabrielle Goodrick n'abandonnera pas ses patientes, elle les mettra en contact avec des cliniques en Californie. Elle le promet, "quoiqu'il se passe, nous ferons face".
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