La journaliste russe Marina Ovsiannikova, opposée à la guerre en Ukraine, a été arrêtée et placée en détention provisoire à Moscou
Elle a été interpellée mercredi pour avoir manifesté devant le Kremlin, le 15 juillet, et qualifié notamment Vladimir Poutine d'"assassin". Elle encourt dix ans de prison pour "diffusion de fausses informations" sur l'armée, dans le cadre d'une procédure pénale.
La journaliste russe Marina Ovsiannikova a été officiellement mise en examen pour "diffusion de fausses informations" sur l'armée, mercredi 10 août, a annoncé son avocat (en russe), Dmitri Zakhvatov. Elle est désormais placée sous le statut d'accusée et passera sa nuit première nuit de détention provisoire au 38, rue Petrovka de Moscou, où elle est actuellement interrogée, précise à franceinfo son conseil. Elle encourt "jusqu'à dix ans de prison", en vertu de l'article 207.3 du Code pénal, introduit après le début de la guerre en Ukraine.
Célèbre pour avoir interrompu le journal d'une chaîne d'Etat russe, Marina Ovsiannikova avait déjà écopé de deux amendes administratives les deux dernières semaines, pour ses prises de position contre l'intervention militaire. Mais l'affaire prend ici un tour plus grave encore, puisqu'il s'agit d'une enquête pénale. Marina Ovsiannikova avait donné une interview à franceinfo le matin-même, dans laquelle elle réaffirmait son opposition à la guerre menée par le Kremlin en Ukraine.
Marina Ovsiannikova a été arrêtée dans la matinée de mercredi à son domicile de Moscou, qui a fait l'objet d'une perquisition par les forces de l'ordre. "A 6 heures du matin, alors que je dormais encore, dix membres du comité d'enquête et la police ont fait irruption chez moi", expliquait-elle sur Telegram. Les enquêteurs lui reprochent une manifestation devant le Kremlin, le 15 juillet, durant laquelle elle avait accusé Vladimir Poutine d'"assassin" et évoqué les enfants morts en Ukraine. "Plus de 350 enfants morts en Ukraine, sont-ce des faux ?", a-t-elle maintenu. "Combien d'enfants doivent encore mourir pour que vous arrêtiez ?"
L'avocat de Marina Ovsyannikova, Dmitri Zakhvatov, avait confirmé par téléphone ces informations à franceinfo. "J'ai demandé aux policiers d'attendre mon arrivée pour la perquisition, ce qui m'a été refusé", expliquait-il. La journaliste avait été transférée dans les bureaux du comité d'enquête à la fin de la perquisition, qui s'est soldée par la confiscation de téléphones et d'un ordinateur.
"Chaque voix contre la guerre est importante"
En Russie, des dizaines de personnes sont déjà poursuivies pénalement pour des accusations de "fausses informations" sur l'armée. Début juillet, l'élu municipal moscovite Alexeï Gorinov a été condamné à sept ans de prison pour des accusations similaires, conformément aux lois entrées en vigueur après le début de la guerre. L'opposant Vladimir Kara-Muza et le conseiller municipal Ilya Iachine sont également détenus en attendant leur procès.
L'ancienne journaliste de "Première Chaîne", en Russie, avait rejoint pendant trois mois le média Die Welt, en Allemagne, avant de revenir à Moscou début juillet. "Chaque voix qui s'élève contre la guerre depuis la Russie est très importante", déclarait justement Marina Ovsiannikova à franceinfo, dans un entretien publié ce mercredi. "Lorsqu'une personne parle contre la guerre à l'intérieur de la Russie, c'est beaucoup plus fort que lorsque vous êtes à l'étranger."
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