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Crise en Ukraine : le risque de guerre "est beaucoup trop minoré", estime le député Aurélien Taché

Pour le député Aurélien Taché, le risque d'une guerre en Ukraine est "beaucoup trop minoré" et que "nous sommes bien insuffisamment au rendez-vous" pour contrer l'offensive de Vladimir Poutine.

Article rédigé par franceinfo
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Le député Aurélien Taché à l'Assemblée nationale, en septembre 2020. (ARTHUR NICHOLAS ORCHARD / HANS LUCAS VIA AFP)

Le risque de guerre "est beaucoup trop minoré", a estimé lundi 21 février sur franceinfo Aurélien Taché, député non inscrit du Val-d'Oise, coprésident des Nouveaux démocrates, membre du groupe d’amitié France-Ukraine, après la reconnaissance par le président russe Vladimir Poutine des régions séparatistes pro-russes de l'est de l'Ukraine. "Je suis consterné de voir qu'on a laissé Poutine pousser ses pions", s'indigne Aurélien Taché. Il veut montrer aux Ukrainiens "qu'ils ne sont pas seuls". Le député se dit par ailleurs "favorable à ce que le Parlement européen ouvre des négociations pour que l'Ukraine puisse un jour intégrer l'Europe".

franceinfo : Que souhaitez-vous dire aux Ukrainiens après l'allocution de Vladimir Poutine ?

Aurélien Taché : Qu'ils ne sont pas seuls, que beaucoup de Français pensent à eux et sont vraiment très inquiets de la menace qui pèse sur eux. Le discours de Vladimir Poutine ce soir était absolument terrifiant, il n'y a pas d'autre mot, quand il dit qu'il va montrer ce qu'est réellement la décommunisation, quand il dit que l'indépendance de l'Ukraine en 1991 est une erreur qu'il faut corriger. Je pense que nous avons largement sous-estimé la menace. Il était de bon ton ces derniers temps de dire que tout cela était un peu monté, que jamais il n'y aurait d'invasion, que peut-être c'étaient les Américains qui mettaient de l'huile sur le feu. Moi, je suis consterné de voir qu'on a laissé Poutine pousser ses pions. Et aujourd'hui, je pense très fort aux Ukrainiens qui savent qu'ils doivent se préparer à la guerre. J'espère que nous serons, en tant que Français et démocrates, à leurs côtés, que nous ferons respecter les accords de Minsk, que nous prendrons de nouvelles sanctions contre la Russie, que nous livrerons même des armes défensives aux Ukrainiens s'il le faut, car nous ne pouvons pas les abandonner.

Est-ce que l'on se dirige, selon vous, vers une guerre ?

A mon avis, le risque est beaucoup trop minoré. Le discours de Poutine est effrayant et on ne peut pas faire comme si tout cela n'existait pas. Il y a aujourd'hui une manipulation dans les régions de l'Est de la part des Russes qui font croire que les Ukrainiens commettraient un génocide. Il y a une guerre informationnelle très forte qui est menée par Poutine et son régime pour justifier son invasion. Tout ça est évident, cela se passe sous nos yeux. Et pour autant, je trouve que nous sommes bien insuffisamment au rendez-vous.

Quelles peuvent faire les Américains ?

Il faut que les Américains soient présents pour montrer qu'ils ne laisseront pas faire et qu'ils seront aux côtés des Ukrainiens. Évidemment qu'il faut tout faire pour éviter un conflit armé et pour éviter que ça dégénère. Simplement, il ne faut pas renverser la faute. C'est bien Poutine qui instrumentalise, qui menace, qui fait du chantage et qui a des visées militaires. Ce n'est pas ni les Américains, ni les Ukrainiens, ni les Européens. Donc, il y a là quelque chose qui, à mon avis, est en train d'être habilement menée par Poutine, mais qui peut nous conduire au pire.

Quel avenir pour l'Ukraine vis-à-vis de l'UE ?

N'oublions jamais que tout ce qui est dit sur l'Otan n'est jamais qu'un prétexte invoqué par Poutine. Ce qu'il craint par-dessus tout, c'est que l'Ukraine se rapproche de l'Union européenne, que l'Ukraine puisse un jour adhérer à l'Union européenne. Évidemment, cette question n'est pas à l'ordre du jour immédiatement. Mais moi, je serais favorable à ce que le Parlement européen ouvre des négociations pour que, dans un horizon de 10, 20, 30 ans, l'Ukraine puisse un jour intégrer l'Europe. Et c'est ça que Poutine veut éviter par-dessus tout. Si véritablement nous sommes des Européens convaincus, comme le président de la République prétend l'être, il doit véritablement aider les Ukrainiens.

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