Attentat à Moscou : ce que l'on sait des quatre suspects interpellés par les autorités russes
"Tous les auteurs qui ont commandité ce crime seront immanquablement punis", a prévenu Vladimir Poutine après l'attaque terroriste du Crocus City Hall, une salle de concert située à Krasnogorsk, dans la proche banlieue de Moscou. Dimanche 24 mars, les quatre suspects du massacre ayant provoqué la mort d'au moins 137 personnes ont été interpellés et présentés à la justice. Leurs visages tuméfiés témoignent des traitements qu'ils ont subis. Accusés de "terrorisme", ils encourent la prison à perpétuité.
Ils ont été placés en détention provisoire après avoir comparu devant le tribunal Basmanny de la capitale russe. Leur détention, prévue jusqu'au 22 mai, peut être prolongée dans l'attente de leur procès, mais aucune date à ce jour n'a été fixée. Au total, les autorités russes ont annoncé l'arrestation de onze personnes en lien avec cette attaque. Franceinfo fait le point sur ce que l'on sait des principaux suspects.
Ils seraient de nationalité tadjike
Dans un communiqué cité par l'AFP, le ministère de l'Intérieur russe a affirmé que les quatre suspects étaient "tous des ressortissants étrangers", sans mentionner toutefois leur nationalité. Selon des médias russes, les hommes seraient de nationalité tadjike. Frontalier de l'Afghanistan, le Tadjikistan est un pays d'Asie centrale, ancienne république de l'URSS, où l'Etat islamique est actif via sa branche Etat islamique du Khorasan.
Selon l'agence de presse officielle russe Tass, les suspects s'appellent Dalerdzhon Mirzoyev, Saidakrami Rachabalizodu, Shamsidin Fariduni et Muhammadsobir Fayzov. Selon le média d'investigation russe Mediazona, Dalerdzhon Mirzoyev est de nationalité tadjike. Il a répondu à l'audience à Moscou en tadjik. Il est marié et père de 4 enfants. Il a été enregistré dans la ville de Novossibirsk, en Sibérie occidentale. Il n'a pas de condamnation antérieure. D'après la même source, Saidakrami Rachabalizodu a été présenté par la justice russe comme parlant tadjik, mais comprenant le russe. Il est marié et a un enfant. Il n'a pas de condamnation antérieure.
Shamsidin Fariduni, 25 ans, est un ouvrier sans condamnation antérieure. Il est marié et a un enfant de 8 mois. Il a répondu en russe lors de l'audience. Des vidéos de son interrogatoire ont été diffusées, le montrant agenouillé, déclarant qu'un "assistant de prédicateur" lui avait proposé 5 500 dollars pour tuer des personnes lors d'un concert. Le dernier suspect, Muhammadsobir Fayzov, a 19 ans. Il est célibataire, sans enfant et sans condamnation antérieure. Il a travaillé auparavant dans un salon de coiffure à Ivanovo, une ville située au nord-est de Moscou.
Le ministère tadjik des Affaires étrangères a nié l'implication de ses citoyens dans l'attaque, rapporte la BBC. Le gouvernement tadjik a publié des informations innocentant trois autres citoyens tadjiks présentés par la Russie comme étant impliqués dans l'attaque.
Ils ont été arrêtés près de Briansk
Selon l'agence de presse officielle russe Tass, les quatre suspects ont été arrêtés alors qu'ils tentaient de rejoindre l'Ukraine, où "de l'autre côté de la frontière, une 'fenêtre' leur avait été préparée pour traverser", a affirmé Vladimir Poutine. Le président russe accuse ainsi l'Ukraine d'être derrière l'attentat du Crocus City Hall, mais Kiev réfute toute implication.
Sur Telegram, le député russe Alexander Khinshtein a déclaré que des passeports tadjiks avaient été retrouvés dans la voiture où les assaillants présumés avaient pris la fuite. Il explique que les suspects se sont enfuis à bord d'un véhicule Renault et ont été repérés par la police dans la région de Briansk, à environ 340 km au sud-ouest de Moscou. Selon le parlementaire, un pistolet et un chargeur pour fusil d'assaut ont également été retrouvés dans la voiture.
Ils ont visiblement été battus
Le tribunal Basmanny de Moscou a diffusé des images de la comparution des suspects. Trois d'entre eux sont arrivés à l'audience, menottés et pliés en deux par des policiers. Ils ont visiblement été battus. Leur visage est tuméfié, présentant des traces de coup et de sang. Dalerdzhon Mirzoyev porte vraisemblablement des restes de sac plastique autour de son cou, tandis que Saidakrami Rachabalizodu porte un bandage à l'oreille. Selon Mediazona, son oreille a été coupée par les autorités russes et un enquêteur a tenté de la lui faire manger.
Mediazona décrit l'un des accusés comme étant incapable de se tenir droit sans s'appuyer. Muhammadsobir Fayzov est arrivé très faible dans une chaise roulante, dans une tenue blanche à moitié ouverte, les yeux fermés. Son visage porte également des traces de coups. Des vidéos des suspects torturés et battus pendant leur interrogatoire devant les forces de l'ordre ont également circulé sur les réseaux sociaux russes.
Selon le tribunal, deux des accusés ont plaidé coupable. L'un d'entre eux a "reconnu entièrement sa culpabilité".
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