Royaume-Uni : "Partygate", scandales sexuels... Ces affaires à répétition qui ébranlent le gouvernement de Boris Johnson
Le Premier ministre britannique et le parti conservateur sont au centre de nombreux scandales depuis son arrivée au pouvoir en 2019. L'enchaînement des affaires ces derniers mois a conduit à la démission de quatre ministres.
La goutte d'eau qui a fait déborder le vase déjà bien rempli. Le Premier ministre britannique Boris Johnson est fragilisé par la démission de quatre ministres, les 5 et 6 juillet, qui ont jeté l'éponge après un nouveau scandale impliquant un proche du dirigeant conservateur. Un coup dur de plus pour le Premier ministre et le parti conservateur, régulièrement ciblés par des affaires. Franceinfo fait le point sur les principaux dossiers qui embarrassent la majorité.
Une rénovation de l'appartement du Premier ministre qui fait débat
En 2020, Boris Johnson et sa compagne décident de faire rénover leur appartement de fonction. Ils disposent de 30 000 livres de fonds publics dédiés, mais les travaux vont finalement coûter au moins 112 000 livres selon le Guardian*. Au-delà du prix, c'est sur l'origine des fonds qu'a porté la controverse. Les travaux ont d'abord été payés par le Bureau du Cabinet, un organe du gouvernement dédié à ce type de dépense, mais le parti conservateur a reçu 52 000 livres d'un membre du parti siégeant à la chambre des Lords pour payer les factures, relate la BBC*.
Ce don a valu à Boris Johnson des accusations de corruption : des SMS montrent qu'il aurait en échange promis au parlementaire de considérer des plans pour une "grande exposition" (sans plus de précisions sur la nature de cet événement). Le Premier ministre assure avoir depuis remboursé toutes les dépenses, mais le parti a écopé d'une amende de 17 000 livres pour ne pas avoir déclaré la donation correctement. Boris Johnson a également dû s'excuser pour ne pas avoir fourni au conseiller en déontologie du gouvernement, qui menait une enquête, des SMS cruciaux au sujet de l'affaire.
Des fêtes clandestines en pleine crise sanitaire
Le "Partygate". C'est un scandale qui suit le Premier ministre depuis novembre 2021. Boris Johnson et des membres de son gouvernement sont accusés d'avoir organisé plus d'une dizaine de fêtes clandestines entre mai 2020 et avril 2021, alors que les confinements mis en place face à la crise du Covid-19 imposaient aux Britanniques de réduire leurs contacts.
Le Premier ministre a d'abord affirmé que "les règles sanitaires avaient été suivies en permanence". Mais les conclusions d'une enquête administrative publiées en mai affirment que "beaucoup de ces événements n'auraient pas dû être autorisés", et la police a infligé une amende à Boris Johnson, du jamais-vu pour un Premier ministre en exercice.
De nouvelles fêtes ont encore été révélées récemment : le média britannique ITV News a publié en mai des photos d'un pot de départ en novembre 2020, lors du second confinement. Ces nouveaux éléments et les conclusions de l'enquête ont ravivé l'indignation des députés, qui ont soumis le Premier ministre à un vote de confiance. Seuls 59% des élus conservateurs ont soutenu leur chef de parti, un score suffisant pour échapper à la dissolution mais encore plus faible que celui qui avait poussé sa prédécesseure Margaret Thatcher à démissionner en 1990.
Des scandales sexuels impliquant plusieurs députés conservateurs
Des députés conservateurs ont été impliqués dans des scandales sexuels tout au long du mandat de Boris Johnson. L'un a été suspendu temporairement en mai 2021 pour comportements inappropriés. Un autre a été suspendu en avril 2022 après une série d'accusations comprenant harcèlement sexuel et consommation de cocaïne, rapporte le Guardian*. Un troisième, dont l'identité n'a pas été révélée, a été arrêté pour des soupçons de viol puis libéré sous caution mi-mai.
Deux autres membres du Parlement ont démissionné : l'un en avril, après avoir admis qu'il avait regardé de la pornographie à l'intérieur de la Chambre des Communes, l'autre après avoir été condamné en mai à 18 mois de prison pour l'agression sexuelle d'un adolescent de 15 ans. Ces départs ont provoqué des législatives partielles et des lourdes défaites pour les conservateurs, suivies du départ du président du parti, Oliver Dowden.
Un membre du gouvernement accusé d'aggressions sexuelles
Le dernier scandale en date concerne Chris Pincher, le "whip" en chef adjoint.Ce membre du gouvernement, chargé de convaincre les députés de respecter la ligne gouvernementale, a été accusé par plusieurs médias britanniques d'agressions sexuelles sur deux hommes, devant des témoins dans un club privé du centre de Londres, le 29 juin. Selon selon Sky News*, une des deux victimes serait un député. La police londonienne a déclaré n'avoir reçu aucun signalement d'agression, mais les médias affirment que des plaintes ont été déposées auprès du parti.
L'élu de 52 ans, nommé à ce poste par Boris Johnson en février, a remis sa lettre de démission au Premier ministre au lendemain des accusations. Il y reconnaît avoir "beaucoup trop bu" et présente des excuses pour s'être "couvert de honte, [lui] et d'autres personnes".
Boris Johnson a accepté sa démission, mais ce scandale l'a éclaboussé : quand des accusations plus anciennes visant Chris Pincher ont réémergé dans la foulée de cette affaire, Downing Street a d'abord nié en avoir été informé avant de le nommer. Mais la version du gouvernement a été discréditée par un ancien haut fonctionnaire qui affirme que Boris Johnson avait été mis au courant "en personne", explique la BBC*.
Face à ces déclarations, le gouvernement a dû revenir sur sa version : il a admis que le Premier ministre avait été informé de ces accusations, mais qu'il les avait "oubliées". Boris Johnson a expliqué, mardi 5 juin, que "c'était une erreur" de nommer Chris Pincher et s'est dit "désolé pour ceux qui ont été affectés", rapporte Metro*. Mais ce scandale, et cet énième changement de version du chef de gouvernement, étaient de trop pour les quatre ministres qui ont remis leur démission les 5 et 6 juin. L'un des démissionnaires, le secrétaire d'Etat chargé de l'Enfance et de la Famille, a expliqué qu'il n'avait "pas le choix" de prendre cette décision après avoir répété "de bonne foi" dans les médias des éléments fournis par les services du Premier ministre "qui se sont avérés inexacts".
* Tous les liens suivis d'un astérisque mènent vers des liens en anglais.
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