Quelles sont les preuves de l'utilisation d'armes chimiques en Syrie ?
La possibilité d'une intervention armée en Syrie se précise. Et les indices de l'usage de gaz toxiques dans le conflit s'accumulent.
François Hollande veut "punir ceux qui ont gazé des innocents". L'attaque au gaz qui a fait entre 500 et 1 300 morts le 21 août dans la banlieue de Damas, en Syrie, a précipité la réaction internationale. Les responsables diplomatiques de nombreux pays se disent à présent convaincus de l'utilisation d'armes chimiques par le régime de Bachar Al-Assad. Or, dès le 20 août 2012, Barack Obama avait annoncé que ce serait la ligne rouge à ne pas franchir. En attendant les conclusions des experts de l'ONU, plusieurs éléments tendent à confirmer l'usage de gaz toxique contre des civils.
Une conversation entre des responsables syriens
Le magazine en ligne Foreign Policy (en anglais) rapporte, mardi 27 août, que les services secrets américains ont intercepté une conversation entre deux membres du ministère syrien de la Défense. "Un responsable du ministère (…) a eu des conversations téléphoniques paniquées avec le chef de l'unité des armes chimiques, demandant des réponses sur la frappe à l'agent neurotoxique", explique le site.
Les Etats-Unis considèrent cette conversation comme la confirmation irréfutable que le pouvoir syrien utilise bien des armes chimiques contre la population. La chaîne de décision au sein du régime de Bachar Al-Assad est en revanche encore floue.
Une enquête des journalistes du "Monde"
En mai 2013, Le Monde publie une série de preuves de l'usage d'armes chimiques en Syrie. "Il ne s'agit pas de simples gaz lacrymogènes utilisés sur les fronts, mais de produits d'une autre classe, bien plus toxiques." Deux journalistes ont enquêté sur place pendant plusieurs semaines avant de rapporter avec eux des échantillons. Le journal les transmet à un laboratoire, qui confirme la présence de gaz sarin. Le gouvernement français prend acte des résultats de cette enquête. Mais Najat Vallaud-Belkacem, porte-parole du gouvernement, rejette alors la possibilité d'une action unilatérale de la France, et Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères, indique vouloir consulter ses homologues.
Les témoignages de médecins
"L'usage de l'arme chimique est avéré par de nombreux indices", a estimé Oubaida Al-Moufti auprès de francetv info. Le porte-parole de l'Union des organisations syriennes de secours médicaux (UOSSM) est en contact régulier avec ses confrères en Syrie. "D'abord, quand les survivants arrivent et qu'on leur administre de l'atropine, la réponse est quasi immédiate [l'atropine est un antidote aux effets des gaz toxiques]. Cela constitue un signe fort d'un traumatisme d'origine chimique." Ce médecin franco-syrien installé à Paris parle également de "vidéos, qui nous sont envoyées par des gens de toute confiance : nous travaillons depuis deux ans avec eux. Et voir des femmes et des enfants couchés dans les rues ou les maisons sans grand signe apparent de destruction ne laisse guère de doutes", explique-t-il.
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