Alep-Est : "250 000 personnes vivent sans eau, sans électricité, sans médecin, sans nourriture"
Depuis plusieurs semaines, la zone Est de la ville d'Alep est bombardée par le régime syrien et ses soutiens. Les organisations de secours et soins médicaux appellent à arrêter "un massacre".
Les troupes syriennes ont lancé depuis plusieurs semaines une offensive sur Alep-Est, afin de reprendre la zone aux rebelles, mais 250 000 civils vivent encore dans le secteur. Ils subissent les bombardements du régime et de ses alliés, notamment les troupes russes. Le dernier hôpital d'Alep-Est a fermé le 18 novembre. Oubaida Al Moufti, vice-président de l’Union des Organisations de secours et soins médicaux (UOSSM), a dénoncé mardi 22 novembre sur franceinfo un "massacre" et a rappelé que 250 000 personnes vivent "sans eau, sans électricité, sans médecin, sans nourriture."
franceinfo : Confirmez-vous qu'il n'y a plus aucun hôpital à Alep-Est aujourd'hui ?
Oubaida Al Moufti : Il y a quelques semaines, il y avait pratiquement sept hôpitaux qui fonctionnaient de manière complète ou partielle. Entre le 7 novembre et le 19 novembre, des bombardements extrêmement intensifs ont ciblé en priorité les hôpitaux, les écoles, et les civils, ce qui a entraîné, jour après jour, l'endommagement des hôpitaux, et le dernier hôpital a cessé ses services le vendredi soir à 21h, heure locale, après une heure de bombardements intensifs, donc, effectivement, il y avait une volonté de cibler les hôpitaux, les personnels médicaux, ce que l'on regrette infiniment.
Des ONG telles que la vôtre n'arrivent plus à accéder à cette zone ?
Notre dernier convoi envoyé à Alep-Est a été envoyé début septembre, depuis, il n'y a absolument aucun moyen d'entrer dans Alep-Est. Comme vous le savez aussi, il n'y a plus de médicaments, il n'y plus de nourriture, plus d'électricité, et une coupure d'eau après les attaques contre la station d'eau. Donc imaginez, aujourd'hui, 250 000 personnes qui vivent dans des conditions extrêmement difficiles, sans eau, sans électricité, sans médecin, sans médicament, et surtout sans nourriture, donc il faut que l'on fasse quelque chose pour arrêter ces massacres et pouvoir sauver ces personnes.
La communauté internationale semble impuissante. Que réclamez-vous aujourd'hui, dans l'urgence ?
Nous réclamons l'arrêt immédiat des bombardements contre les civils qui vivent dans cette partie-là. Ils ne ciblent en aucun cas les insurgés, les opposants ou les armés. Ce sont des bombardements aveugles. On demande de façon très claire l'ouverture de vrais convois humanitaires pour évacuer les blessés. Je suis convaincu que, quand il y a une vraie volonté de tous les côtés, on peut faire quelque chose. Ça a été tenté, mais pas réalisé, parce que l'ONU a dit qu'il n'y avait pas les garanties nécessaires de la part du régime ou de l'opposition. Aujourd'hui, je demande une vraie volonté. On ne peut pas continuer : dans quelques semaines, on dira : "Malheureusement, il y a 250 000 morts à Alep".
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