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Derrière le nouvel homme fort du Soudan, Mohamed Hamdan Daglo, l'Arabie Saoudite ?

Selon le numéro deux du Conseil militaire de transition au pouvoir au Soudan, les soldats soudanais forment la première force de la coalition pro-saoudienne dans la guerre au Yémen. Un appui de poids pour Riyad, qui entend bien jouer son jeu au Soudan.

Article rédigé par Pierre Magnan
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2 min
Mohamed Hamdan Daglo, vice-président du Conseil militaire de transition (TMC), homme fort du nouveau pouvoir au Soudan lors d'une intervention, le 22 juin 2019, près de Khartoum. (YASUYOSHI CHIBA / AFP)

Près de 30 000 soldats soudanais combattent aux côtés de la coalition saoudienne au Yémen, a déclaré le chef adjoint du conseil militaire au pouvoir au Soudan. Dans un discours prononcé à Abri, dans la banlieue de la capitale Khartoum, Mohamed Hamdane Daglo, vice-président du Conseil militaire de transition (TMC), homme fort du nouveau pouvoir, a déclaré que les forces soudanaises étaient la plus importante des forces de la coalition dirigée par l'Arabie Saoudite et les Emirats arabes unis au Yémen, a rapporté l’agence turque Anadolu

Mohamed Hamdan Daglo, dit "Hemetti",  le "leader de facto du pays" , selon le Financial Times, réaffirmait ainsi les liens qui unissent le pouvoir militaire soudanais avec l’Arabie Saoudite et les Emirats qui mènent une guerre sanglante au Yémen. D'ailleurs, au lendemain de la destitution d'Omar el-Béchir, le 11 avril 2019, il avait notamment "décidé de maintenir sa participation à la coalition emmenée par l’Arabie Saoudite et les Emirats arabes unis au Yémen", rappelle Jeune Afrique.

"Parmi ses clients, Mohammed ben Salmane, prince héritier de l’Arabie Saoudite"

Le chef des RSF (Forces de soutien rapide), "une unité paramilitaire formée à partir des vestiges des redoutables milices à cheval Janjawid au Darfour" s’est ainsi rendu en Arabie Saoudite. Il a construit une véritable relation avec l'Arabie en s’occupant, sous le règne d'Omar el-Béchir, le président déchu, du déploiement des forces soudanaises au Yémen dans la coalition dirigée par Riyad. "En retour, le général Hamdan a gagné d'importants nouveaux amis, dont le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, en plus d'une rémunération généreuse pour ses troupes. Les salaires saoudiens ont contribué à redorer le blason du général Hamdan dans son Darfour natal, où certains habitants des communautés qu’il avait terrorisées ont constaté des avantages lors de son accession au pouvoir", écrit le Financial Times.

Le général au passé sulfureux (il est accusé de massacres au Darfour) a réussi son ascension. Selon le New York Times, "la guerre a enrichi le général Hamdan, qui possède des intérêts dans les mines d’or, la construction et même une société de location de limousines. Parmi ses clients, Mohammed ben Salmane, prince héritier de l’Arabie Saoudite."

C'est ce même homme qui a mené la sanglante repression le 3 juin contre les manifestants à Khartoum. Le responsable des RSF "conserve un soutien régional, voire international. Ses forces sont appuyées à la fois par l’Arabie Saoudite et les Emirats arabes unis, qui souhaitent les voir continuer à participer à la guerre catastrophique du Yémen", rapporte Al Jazeera

Dans ce conflit yéménite qui concrétise toutes les divisions du Proche-Orient, le Soudan, frontalier de l'Egypte, est devenu un élément important que l'Arabie n'entend pas perdre. Tout comme le président Sissi au Caire, allié de l'Arabie. Dans un article du 15 juin, Le Monde prête à Mohamed Hamdan Daglo "Hemetti" l’intention d’envoyer certains de ses ex-miliciens en Libye… aux côtés des forces du maréchal Haftar, grand allié du maréchal Sissi… et donc de l’Arabie Saoudite.

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