Gare aux métadonnées et aux selfies : les règles de "bonne conduite" de l'Etat islamique sur internet
Pour empêcher ses combattants de se trahir, en divulguant des informations précieuses en ligne, l'organisation terroriste leur a fourni quelques consignes.
Les jihadistes de l'Etat islamique maîtrisent leur communication en ligne ainsi que leur présence sur les réseaux sociaux. Mais cette utilisation constante d'internet ne risque-t-elle pas de les trahir ? Pour empêcher ses combattants de faire des gaffes, l'organisation terroriste leur a fourni quelques consignes, sorte de "manuel de bonne conduite" en ligne, consulté par le Financial Times (en anglais). Le quotidien économique britannique en a rendu compte vendredi 17 octobre.
1Supprimer les métadonnées des documents publiés
En utilisant les réseaux sociaux, les jihadistes rendent involontairement publiques de nombreuses données cachées ou "métadonnées". Ces dernières permettent de définir un contenu en l'identifiant par d'autres données. Par exemple, une photo postée sur internet contient en elle-même des informations comme la date à laquelle elle a été postée ou les coordonnées du lieu où se trouve l'ordinateur qui a permis cette opération.
Parce qu'elles fournissent des informations précieuses aux agences de renseignements, ces données pourraient donc trahir les soldats de l'Etat islamique. Le manuel a ainsi identifié "de nombreuses failles de sécurité ayant servi à l'ennemi, ou exposant l'identité de certains frères, ou permettant d'identifier des lieux utilisés par des combattants". "Nous savons que ce problème ne concerne pas que les photos, mais aussi les documents PDF", explique le document en arabe, avant d'indiquer comment procéder pour ne pas laisser de telles traces.
2 Ne pas divulguer de noms ou de lieux
Plus question de donner des noms de personnes ou des lieux, recommande l'organisation Etat islamique à ses combattants. Ce conseil a été salué par un compte lié au groupe, qui le met en perspective avec les récentes victoires des jihadistes dans une province irakienne, malgré les frappes aériennes américaines.
"Le fait que vous vous soyez abstenus de poster des détails et des informations sur les mouvements de vos frères durant la bataille est la raison pour laquelle Dieu vous a donné la victoire", peut-on lire sur ce compte Twitter, selon le Financial Times. Patrick Skinner, un ancien responsable de la CIA, explique dans le journal que cette discrétion est une question de survie pour les combattants : "Les gens qui font des grands discours sont ceux qui finissent tués."
3 Ne pas poster de photos identifiables
Les documents consultés par le Financial Times préconisent également aux combattants de ne pas publier des photos où des individus peuvent être identifiés.
La consigne est bien appliquée, à en croire le propriétaire d'un cybercafé utilisé par les jihadistes, interrogé par le journal. Le nombre de combattants présents sur les réseaux sociaux comme Twitter aurait fortement diminué. "Quelques-uns sont restés connectés, explique-t-il. Mais plus personne ne poste des selfies à côté de têtes décapitées."
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