Cet article date de plus de six ans.

Montée des tensions entre l'Iran et Israël : Hassan Rohani "sait que sur le plan militaire, l'Iran ne fait pas le poids"

La situation est très tendue entre l'Iran et Israël suite au retrait des États-Unis de l'accord sur le nucléaire. Des premiers tirs ont été signalés jeudi entre les deux pays mais Ramin Parham, écrivain iranien, affirme que le président Rohani n'a aucun intérêt à encourager cette escalade. 

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Un soldat israélien sur le plateau du Golan où des tirs iraniens ont été enregistrés. (JINI/AYAL MARGOLIN / XINHUA)

La communauté internationale s'inquiète de l'escalade des tensions au Proche-Orient après des tirs de roquettes et de missiles entre l'Iran et Israël, jeudi matin, et bien qu'aucun tir n'a été rapporté ce vendredi matin. Mais, selon Ramin Parham, écrivain et opposant iranien, le président Hassan Rohani n'a pas intérêt à encourager cette escalade, car "il sait que sur le plan militaire, l'Iran ne fait pas le poids".

franceinfo : Va-t-il y avoir une escalade des tensions entre l'Iran et Israël ?

Ramin Parham : Il y a un risque d'escalade rapide, d'ailleurs c'est même étonnant d'une certaine manière de la part d'Israël, qui est né dans la guerre, qui a connu ces 70 dernières années des guerres majeures avec des coalitions militaires majeures, que la riposte ne soit pas venue un peu plus tôt. Il faut se mettre dans la situation : une armée chiite financée par le régime iranien est constituée depuis plus d'une trentaine d'années de l'autre côté de la frontière du nord, de l'autre côté du Golan, et expressément dans le but d'annihiler un pays membre des Nations unies.

Mais l'Iran a-t-il les moyens de mener une guerre contre Israël ?

Je pense qu'il vient de se rendre compte que non. Qu'en une seule opération nocturne, il y 24 heures, la quasi-totalité des infrastructures construites par les Gardiens de la révolution durant plus d'une dizaine d'années ont été détruites. Je pense qu'Hassan Rohani n'a pas intérêt à ce que les choses s'enveniment. Hassan Rohani n'est pas un réformiste, il n'est pas là pour mettre un terme à la révolution islamique et encore moins au régime des ayatollahs, des mollahs, mais c'est un pragmatique, il a évolué au sein des instances sécuritaires et militaires, il a fait toute sa carrière dans les plus hautes instances militaires et du renseignement. Il sait que sur le plan militaire l'Iran ne fait pas le poids. Il sait que ce n'est pas le moment d'aller dépenser des milliards en Syrie, mais il n'a jamais dit la vérité à la population iranienne. Cela fait trois ans que l'accord atomique a été signé. Il n'est jamais venu devant la population iranienne dire "nous ne pouvons pas appliquer des réformes structurelles en Iran parce que la structure même du régime ne permet pas ce type de réformes". C'est impossible.

S'il y a une escalade au Moyen-Orient, est-ce que Donald Trump pourra en être tenu responsable ?

La méthode Trump, le personnage Trump, ce n'est pas ma tasse de thé. Moi, je me sens personnellement beaucoup plus proche d'un Tony Blair ou d'un Emmanuel Macron, que d'un Donald Trump, ou d'un Tea Party, de la synthèse assez abjecte de la religion et de la politique, que ce soit aux États-Unis, en Israël, en Iran. Mais il ne faut pas non plus exagérer sur le rôle de Donald Trump dans cette affaire. Cet accord avait ses défauts, tout le monde le savait, ce n'était pas un très bon accord, ça, même les plus grands experts le disaient. Mais c'était un accord, il était là, il n'y avait pas de quoi en sortir avec tant de bruit et tant de mise en scène. Il ne faut pas non plus oublier la nature profonde de ce régime. C'est-à-dire qu'aucun des prémisses préalables à cet accord n'a été réalisé. Il n'y a pas eu d'investissements massifs en Iran. L'Iran n'est pas un pays modéré, il n'y a pas eu de réforme structurelle en Iran.

Quel rôle peut jouer la France ?

La France a une place absolument unique, à cause de ce que nous avons vécu ensemble. N'oublions jamais que Khomeini était en France, qu'il est arrivé en Iran à bord d'un avion d'Air France. La France est le pays où l'idée peut naître, et être soutenue, que le temps est venu en Iran pour une transition démocratique civilisée et calme vers autre chose qu'un régime des mollahs.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.